NKOLMEYANG (Cameroun – Plongé dans la détresse, Nkolmeyang 1, modeste village de quelques centaines d’habitants d’où était originaire le footballeur Marc-Vivien Foé, a « mal au coeur » après la disparition jeudi dernier de son généreux donateur.
« Nous avons mal au coeur, très mal au coeur », dit en larmoyant la vieille Marguerite Mengue, épouse de Marc Foé, le grand père de Marc-Vivien dont la co-épouse, la grand-mère du footballeur, est décédée.
Nkolmeyang 1 est située à une trentaine de kilomètres à l’est de la capitale. Parmi les quelques dizaines de maisons du village, celle du vieux Marc Foé, construite en dur, est la plus imposante: cet homme est le chef de Nkolmeyang 1.
Les prouesses sportives de son petit-fils ont ajouté beaucoup à son prestige. Le vaste salon est empli de meubles d’un certain luxe. Aux murs, un portrait du président Paul Biya et une photo de Marc-Vivien Foé lors du match amical entre les Lions indomptables et l’équipe de France en 2000.
Au milieu de la pièce trône un grand téléviseur. « Nous regardions le match à la télé jeudi lorsque nous avons vécu ce malheur-là », raconte Marguerite Mengue, dans un flot de larmes.
Devant la case voisine, Lambert Nkono, le grand oncle de Marc-Vivien, semble souffrir d’une fièvre persistante. C’est avec peine qu’il détache ses mots, en pointant du doigt une ligne électrique qui alimente ce modeste hameau.
« Voilà l’une des oeuvres de Marc-Vivien en notre faveur: il a fait venir l’électricité ici. Il y avait comme cela six hameaux à électrifier, seuls cinq ont été connectés et le dernier n’a plus que ses yeux pour pleurer » maintenant que le footballeur est décédé, dit le grand oncle.
« Il appartenait au Cameroun »
« Tout le monde loue la générosité de Marc-Vivien, même s’il n’avait pas toujours le temps de venir ici dans son village natal », affirme de son côté Lucien Ngoumou, gardien de prison à la retraite. L’aménagement d’un puit public était une autre de ses réalisations.
Nkolmeyang 1 croyait dur comme fer que Marc-Vivien Foé, décédé à Lyon (France) lors de la demi-finale de la Coupe des confédérations, serait inhumé au village.
Depuis quelques jours, des engins lourds ont entamé l’aménagement des trois kilomètres de terre qui séparent le village de la route bitumée. Ces travaux ont contribué a raffermir la conviction des habitants que leur village pourrait devenir le centre du monde à l’occasion des obsèques de Foé.
L’annonce jeudi par la radio nationale des obsèques officiels à Yaoundé a été précédée mercredi soir d’une visite au village d’une importante délégation officielle conduite par le ministre d’Etat et secrétaire général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara.
Lors de cette visite, les populations ont été informées que l’inhumation aurait lieu non pas au village, mais à Yaoundé, dans l’enceinte du complexe sportif dont le chantier avait été lancé il y a plus d’un an par l’international camerounais.
« Nous avions déjà compris que Marc-Vivien ne nous appartenait plus, qu’il appartenait au Cameroun et au monde entier, comme le prouvent les échos qui nous parviennent », déclare, à la fois flatté et déçu, Lucien Ngoumou.