Le Racing de Bafoussam, équipe de D1, reprendra la prochaine saison sportive un peu plus dopé, suite à une décision prise par la Fédération internationale de football association (Fifa) au milieu du mois dernier. Laquelle exige au club paraguayen d’élite, Sero Porteno, de verser pas moins de 270 millions de F Cfa au “ Tout puissant de l’Ouest ” (Tpo), au titre de l’indemnité de formation de Gérémi Sorel Njitap Fotso.
Une véritable bouffée d’oxygène pour un club qui a eu du mal à boucler la dernière saison sportive au Cameroun. Aussi bien par rapport ses finances que sur les stades. A plusieurs reprises, on a vu les joueurs du Racing club de Bafoussam revendiquer les primes de match. Alors que sur le terrain, les résultats n’étaient pas flatteurs. Toutes choses qui ont fait que, à la fin du 44ème championnat de D1, le porte-étendard de la capitale provinciale de l’Ouest a failli se retrouver en deuxième division. Il n’ y a écahppé que grâce aux défaites successives de Caïman de Douala et de Stade de Bandjoun; et aussi par la nouvelle formule de championnat mise sur pied par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot).
Aujourd’hui, avec les bonnes nouvelles qui viennent de la Fifa, tout semble indiquer que le Racing connaîtra de moins en moins de tensions de trésorerie. En réalité, la décision de l’instance dirigeante du football mondial indique une indemnité de 450 000 dollars. Un montant devant être empoché dans les tous prochains jours par le Tpo. Gérémi Sorel Njitap Fotso évolue dans les rangs du Tpo jusqu’en fin 1995, année où il décide de changer un peu d’air, et surtout d’embrasser une carrière professionnelle. Le destin veut qu’il débarque en Amérique du Sud, plus précisément au Paraguay. Son départ n’est pas seulement applaudi par des proches du joueur. Tout de suite, il va susciter des grincements de dents dans les rangs du staff administratif du Tpo, où les gens pensent qu’on les a floués. Puisque Gérémi Njitap est parti sans crier gare. La situation est d’autant plus préoccupante et choquante que le Racing devrait perdre tout espoir quant au recouvrement d’une indemnité de formation. L’équipe de Bafoussam avait recruté,puis formé un jeune homme aux talents indemniables. Selon les dirigeants du Tpo, il ne pouvait donc partir comme cela.
Kouoghap
Un bras de fer s’installe entre le club fanion de la Mifi, Kouoghap de Bafoussam et le nouvel employeur de Njitap. Personne n’entend rien céder. De multiples correspondances entre les différents protagonistes sont fermes. Peu après, les responsables du Racing de Bafoussam découvrent comme une supercherie dans la transaction. Le dernier document que tient Gérémi Njitap fait état de ce qu’il a évolué au sein de Kouoghap, une formation de D2 à l’époque dans la province de l’Ouest, dont le promoteur n’est autre que son père. Or, des témoins affirment que Njitap a eu une licence délivrée par ce club. Tout comme les mêmes sources reconnaissent que joueur de Chelsea n’a jamais enfilé le maillot de Kouoghap. Une véritable machination pour que, Kouoghap, présenté comme étant son dernier club, bénéficie du pactole. Le montage est tellement grossier qu’il ne peut passer inaperçu. A un certain moment, le Racing tentera de rentrer en négociation avec le club paraguayen. Seulement, entre-temps, le joueur objet du litige, part de Sero Porteno où il n’aura passé qu’une saison. Gérémi Njitap, devenu globe-trotter, quitte le Paraguay pour atterrir en Turquie et plus tard en Espagne. Au Real Madrid. Le montant de son transfert est alléchant : environ 4 milliards de F Cfa. Ce qui relance les débats sur l’indemnité de son départ du Racing.
Le Tpo fixe sa quote-part à 10 % du montant total de la transaction. Dans l’affaire, Racing devient un peu plus rigoureux et ne veut pas laisser la porte ouverte à un éventuelle résolution à l’amiable. Puisque le montant du contrat de Gérémi Njitap aiguise les appétits. Pour démontrer à son adversaire que le temps n’est plus à la rigolade, le Tpo engage une offensive irréversible. Il ne s’arrête pas seulement à la saisine de la Fifa. Il constitue neuf avocats de nationalités suisse, française et anglaise pour suivre le dossier. Ces derniers seront entendu pendant plusieurs années. La Fifa a fait l’objet de plusieurs audiences, aucune ne semblait favorable. Le Racing n’y croyait plus jusqu’au moment où la Fifa a fini par se prononcer en sa faveur. Cependant, si la sentence de la Fifa a été bien accueillie par les supporters de l’équipe locale, elle n’arrange pas ses dirigeants. Ces derniers estiment, en effet, que le montant qu’on leur a alloué est dérisoire. Ils en veulent pour preuve les seuls honoraires des avocats qui s’élèvent à plusieurs dizaines de millions de F Cfa. “ Je suis déçu ”, a conclu Samuel Wembé, le président du Conseil d’administration du Racing au cours d’un entretien. Est-ce à dire que l’affaire n’est pas close ?
Michel Ferdinand
INTERVIEW: Samuel Wembé : Nous rentrons dans nos droits.Les précisions du président du Tpo.
Que réclame Racing club aux premiers utilisateurs de Njitap Fotso ?
Nous voulons juste rentrer dans nos droits ! Le joueur est parti de Racing en décembre 1996, et en janvier 1997 il a joué dans le club paraguayen Sero Porteno sans avoir été libéré. Et en 1998, les autorités de Racing ont saisi à l’époque la Fifa sous couvert de la Fécafoot. C’est cette dernière qui a suivi le dossier jusqu’en mai 2002. La Fifa nous a donné raison et le club sud-américain a interjeté appel au niveau du Tribunal arbitral du sport (Tas), qui n’a pas encore notifié la Fécafoot, car le Cameroun a encore eu gain de cause.
Pourquoi la procédure a-t-elle duré si longtemps ?
Ce n’est pas de notre faute. C’est la Fifa qui a mis beaucoup de temps à résoudre le litige. D’ailleurs, elle a été fortement critiquée à propos des lenteurs observées chaque fois qu’il fallait trancher les dossiers litigieux professionnels? C’est d’ailleurs à la suite de toutes ces critiques que la Fifa a créé plusieurs commissions, notamment la Fifpro, qui est désormais chargée de suivre lesdits dossiers.
Qu’est ce que cela va rapporter au club en terme d’argent ?
Comme vous l’avez sans doute appris, on parle de plus de 200 millions de francs cfa, mais je n’y pense pas encore, car la Fécafoot n’a pas encore été notifiée officiellement.
Et le joueur, est-il au courant de toutes ces manoeuvres ?
Dans ce type de situation, nous avons le devoir de protéger le joueur ; c’est un problème qui concerne ses deux anciennes équipes, il n’a rien à y voir ! Surtout que lors des signatures de contrats, il y a deux contrats normalement : un qui lie le futur club au joueur et celui qui lie le futur club à l’ancien club, et c’est ce dernier qui n’a pas été signé et c’est l’objet de nos revendications.
Si l’issue est effectivement heureuse, à quoi serviront ces fonds ?
Nous allons nous atteler à contribuer à l’achèvement des travaux de construction du stade omnisports de Bafoussam. Cette contribution consistera à mettre une clôture et à réparer l’aire de jeu (planter le gazon, placer les buts ?) car le rapport de la mission d’évaluation du coût des travaux pour terminer le stade de Bafoussam s’élève à près de sept milliards de Fcfa !
Propos recueillis Par Louisette R. Thobi