La » Réunification » a suscité des vocations et fait de Bepanda une zone acquise au ballon rond. Véritablement révélé par un but contre l’Autriche en Coupe du monde, le Lion indomptable Njanka Beaka est un produit du quartier Bepanda. Tout le monde là-bas vous le dira avec de la fierté dans le regard. Njanka est le plus beau fleuron de ce que le coin a donné au foot.
Et on peut citer les Betek Jonas (Dynamo, Canon), Essome (Caïman), Mbangue (Léopard), Eyidi (Union, Canon), feu Enyawe (Dynamo, Etoile filante). L’histoire entre le ballon rond et le quartier a commencé avec la construction, il y a plus de trente ans, du stade de la Réunification. Ancien footballeur de renom, Adalbert Mangamba reconnaît que » la présence du stade à Bepanda a forcément été un catalyseur pour l’amour et la pratique du football par-ici « .
L’Union, la Dynamo, le Caïman et le Léopard, pour ne citer que ces clubs-là, ont écrit ici de belles pages de l’histoire du football camerounais. Donnant envie aux petits garçons du coin de s’y mettre. C’est par exemple le cas de Hervé Simeu Kamdem, 14 ans, qui évolue chez les cadets de Africa Star, une académie de foot basée à Bonamoussadi : » Quand j’étais plus petit, je venais regarder les matchs au stade. Des fois avec mon père et d’autres fois seul parce que les petits ne payaient pas l’entrée. Si j’habitais dans un autre quartier, je ne pense pas que j’aurais autant aimé le foot. Je rêvais également d’y jouer moi-même. Plein d’autres de mes amis étaient comme moi et nous étions autour du stade tout le temps. Soit pour voir les matchs, soit pour voir les grandes équipes s’entraîner « .
Entraîneur de Planète, une équipe de la Ligue provinciale du Littoral, Rodolphe Tchamo se veut plus méthodique qui, en dehors de citer les nombreux noms sortis de Bepanda, fait remarquer que Bepanda est actuellement le fief de trois équipes de football, Noweska, New Deïdo et Planète qu’il coache. On a également connu Omnisports F.C, radiée à vie depuis. A cela, il faudrait ajouter une dizaine de centres de formation en football, même si bien d’entre eux ne sont pas officiellement reconnus, observe Louis Valmon Heukwa, photographe sportif né à Bepanda. Toujours sollicité, le stade annexe est complété par d’autres aires de jeu dont le terrain du Camp des officiers, celui de la Cité des ports et celui du Centre d’accueil de Bepanda. Comme il n’y a jamais assez d’espaces pour pratiquer, un planning existe qui permet aux équipes de s’entraîner sur le stade annexe. Mais dès qu’elles s’en vont, le terrain est occupé. Résultat, chaque jour, du matin au soir, on joue au foot à Bepanda. Ça ressemble à une malédiction mais à bien y regarder, c’est une vraie bénédiction.
Stéphane Tchakam