Yaoundé – 17/04/02 (Pana): Le soutien affiché de l’ex-vedette du football africain Roger Milla au président sortant de la FIFA, le Suisse Joseph « Sepp » Blatter, au détriment du président de la Confédération africaine de football (CAF), son compatriote Issa Hayatou, continue de susciter des réactions d’indignation dans l’opinion publique camerounaise.
Le même sentiment de déception est exprimé par Arsène Nkonda, journaliste sportif : « Que Milla invite son ami Blatter à Yaoundé pour ses 50 ans en mai prochain, il n’y a rien à dire, mais de là à s’allier ouvertement au Suisse, à la suite de Basile Boli et autre Abedi Pelé, nous laisse sans voix ».
Interrogé il y a trois semaines par une agence de presse internationale, le meilleur footballeur africain du XXè siècle, par ailleurs ambassadeur itinérant nommé par le président Paul Biya, avait invoqué sa vieille amitié avec M. Blatter pour justifier son choix. Cette prise de position a suscité un tollé général aussi bien au bureau de la CAF à Yaoundé qu’au sein de la population, où beaucoup n’hésitent pas à parler de « haute trahison ».
« Une personnalité de la trempe de Roger Milla ne peut pas se permettre ce genre d’écart. C’est un coup de poignard dans le dos. Ce soutien à un homme controversé doit bien cacher des desseins inavoués, et ce au moment où M. Hayatou, digne fils du Cameroun et d’Afrique, a besoin de réunir autour de lui toutes les énergies en vue du vote de fin mai prochain », estime Martin Roger Noah, promoteur d’un centre de formation pour jeunes footballeurs à Yaoundé.
Dans la rue, beaucoup pensent que le choix du « Vieux Lion » pour Sepp Blatter n’est pas désintéressé. Haman Mana, directeur de publication de l’hebdomadaire privé ‘Mutations’, pense, pour sa part, que l’ascension de M. Hayatou n’est pas sans gêner certaines personnes.
« Si, à l’issue du vote du 29 mai prochain, le président de la CAF accédait à la tête de la FIFA, cette position-là lui donnerait une dimension d’une telle importance qu’il n’y a que Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, comme Africain pour pouvoir tenir la comparaison. Mais notre pays a la fâcheuse manie de tirer vers le bas tous ses fils qui essayent, au-delà du Cameroun, d’avoir une stature internationale », affirme-t-il.
Le même sentiment de déception est exprimé par Arsène Nkonda, journaliste sportif : « Que Milla invite son ami Blatter à Yaoundé pour ses 50 ans en mai prochain, il n’y a rien à dire, mais de là à s’allier ouvertement au Suisse, à la suite de Basile Boli et autre Abedi Pelé, nous laisse sans voix ». De son côté, Samuel Makon Wehiong, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, estime que « lorsqu’il s’agit de défendre une cause nationale, il faudrait que cela passe avant nos activités et intérêts personnels ».
« Sauf s’il y a d’autres raisons que j’ignore, je comprends très mal que nous ne puissions pas avoir la fierté d’apporter tout notre soutien à notre valeureux compatriote, engagé dans une cause noble et immense comme la conquête de la présidence de la FIFA », s’indigne M. Makon.
La position officielle du gouvernement camerounais sur la candidature de Issa Hayatou n’est pas encore connue à ce jour. Toutefois, l’actuel chef du département de la Jeunesse et des Sports, Bidoung Mkpatt, révèle que « sous réserve des instructions de la haute hiérarchie, le pouvoir de Yaoundé apportera toute la contribution utile pour la réussite de cette noble ambition ».