L’équipe nationale de la Jamahiriya arabe libyenne, sans doute la plus faible de sa poule 3 avec le Soudan, ne sera rien de plus qu’un trouble-fête dans les éliminatoires de la Coupe du monde et de la Coupe d’Afrique des nations 2006.
Chaque prétendant à la qualification doit donc s’assurer qu’il fera le plein de points et de buts devant cet adversaire peu compétititif, qui s’illustre davantage par la gesticulation de son homme à tout faire, Esaadi Kaddafi, capitaine-président de fédération-argentier, que par ses performances sportives.
Si le Cameroun, la Côte d’Ivoire et l’Egypte, favoris logiques de la poule, parviennent à se neutraliser dans leurs confrontations directes, il est à prévoir que la différence se fera dans les matches contre les équipes considérées comme les petits poucets de leur poule : le Bénin, le Soudan et la Libye.
La Côte d’Ivoire, premier adversaire de la Libye dans ces éliminatoires, n’a pas manqué son entrée en matière en remportant une précieuse victoire (2-0) le 6 juin dernier à Abidjan. L’Egypte a fait mieux, en allant glaner un 3-0 sur le terrain des Soudanais. Le Cameroun n’a pas décroché de ce peloton de tête, en venant difficilement à bout (2-1) du Bénin à Yaoundé. Mais, comme on le voit, il a juste réalisé le service minimum par rapport à ses concurrents directs à la qualification, qui le relèguent provisoirement à la troisième place, à cause d’une différence de buts négligeable.
Le match de ce vendredi 18 juin à Benghazi revêt donc un enjeu sportif énorme pour les Lions indomptables : ll faut reprendre le dessus au niveau de la différence des buts, d’autant que, Egypte et Côte d’Ivoire vont se rencontrer au cours de cette deuxième journée des éliminatoires couplées Coupe du monde/Coupe d’Afrique des nations. Le Cameroun s’était déjà mesuré à la Libye lors des éliminatoires du Mondial précédent, Corée/Japon 2002. Une double confrontation qui s’est soldée par une double victoire des quadruples champions d’Afrique, 1-0 à Yaoundé et un retentisssant 3-0 en terre libyenne, malgré l’hostilité habituelle du public local. La cuvée 2004 a t-elle les armes pour battre aussi nettement à domicile la sélection libyenne? Au vu des dernières performances des poulains de Winfried Schäfer, il est difficile de répondre par l’affirmative à cette question. Depuis la demi-finale de la Can 2002 remportée devant le Mali (3-0) à Bamako, les Lions indomptables ne savent plus gagner un match avec manière et aisance. Les victoires se font du reste rares, et le niveau de jeu de l’équipe s’est dangereusement atrophié. Et comme l’environnement général autour de la sélection nationale n’est guère à la sérenité (problèmes administratifs pour les joueurs Idrissou et N’diéfi, stage bâclé, mauvaise humeur du coach qui est sans salaire), il ne reste plus qu’à compter sur l’orgueil des joueurs, sur les coups d’éclat éventuels de quelques individualités. Y’en a t-il encore seulement?
Le Cameroun possède dans ses rangs le meilleur joueur africain de la saison 2003, en la personne de Samuel Eto’o Fils. Le surdoué de Nkongmondo, qui donne le tournis à la défense de Real Madrid, son ancien club en Espagne, chaque saison, n’est toujours pas au top de sa forme en sélection. Contre le Bénin, il est celui qui a souffert le plus de l’état calamiteux du terrain, puisque ses incursions en vitesse balle au pied se concluaient généralement par la perte du ballon. Mais, peut-être qu’il n’est plus aussi bien entouré. La puissance de Mboma et la précision de Etame Mayer n’ont pas encore été suffisamment comblées. Le positionnement du capitaine de Majorque, dans une organisation générale floue de l’équipe, est également sujette à réserve. Hervé Tum, qui vient d’hériter de la pointe de l’attaque, cherche encore ses marques; et il faudra voir sa capacité, tout comme celle de Feutchiné, à braver la pression du public libyen. Modeste M’bami, excellent cette saison avec Paris Saint-Germain, doit encore muscler son jeu et prendre plus d’intiatives.
Dans ce groupe Cameroun encore en proie au doute, on a encore manifestement grand besoin de la hargne des grognards comme Rigobert Song et Pierre Wome Nlend, auteurs tous les deux d’un bon match face au Bénin. Mais, deux gros bras seulement ne suffiront pas à maintenir en équilibre la barque de l’équipe du Cameroun. Si l’urgence de la compétition veut qu’il en soit ainsi pour le moment, il faudra profiter de la trève de trois mois après Cameroun-Côte d’Ivoire du 4 juillet prochain, pour essayer de remettre effectivement et définitivement la sélection nationale dans le sens de la marche. Ce qui appelle une autre façon de faire, à tous les niveaux. Sinon, bonjour le naufrage du Titanic.
Emmanuel Gustave Samnick, Mutations