Le vent du changement qui souffle sur la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) devrait toucher tous ses secteurs. Si certaines innovations sont les résultats de nombreuses critiques faites jusqu’ici à la Fécafoot, d’autres tiennent compte des instructions de la Fédération internationale de football association (Fifa). Il faudrait ranger dans ce tiroir la professionnalisation du football local dont la Fécafoot a décidé d’enclencher le pas.
Celle-ci devrait prendre effet dès la prochaine saison, qui débutera le 27 août 2007, comme arrêté par les membres du comité exécutif, réunis le 6 juin dernier à Yaoundé. Lors de son récent passage au Cameroun, Jean Michel Bénézet de la Fifa avait, en effet, constaté qu’il y a avait un très grand écart entre la D1, à 18 clubs, et la D2, qui compte plus de 200 clubs. Pour inverser la tendance, il avait fait un certain nombre de suggestions dont la création d’une division intermédiaire entre ces deux niveaux de compétition. Elle gardera la dénomination de championnat de deuxième division (D2) mais elle comportera 24 clubs.
A la base, il va y avoir une reconfiguration de la carte footballistique nationale.
Le Cameroun sera ainsi découpé en trois régions, qui posséderont chacune huit équipes. Il est certain qu’il y aura deux régions qui seront constituées de trois provinces chacune, tandis que la troisième en possédera un peu plus, quatre. Les cinq équipes de D1 qui seront reléguées à l’issue de la saison en cours évolueront en D2. A ces derniers, l’on ajoutera les sept clubs qui ne vont pas se qualifier pour le championnat de D1 durant le tournoi Interpoules. L’on prendra par ailleurs les dix malheureux finalistes des barrages provinciaux. Et enfin, les deux derniers clubs seront issus des meilleurs troisièmes des championnats provinciaux ayant le plus grand nombres de clubs affiliés. Un clin d’œil ici aux ligues provinciales du Centre et du Littoral.
Si la Fécafoot réagit aujourd’hui, c’est parce que, comme l’a avoué son responsable de la communication, Abdouramane, « la Fifa nous adonné des instructions « . Pourtant, des réflexions avaient déjà été menées dans ce sens. Et que, depuis longtemps, des critiques sont faites sur la déliquescence des compétitions locales. A l’origine, la mauvaise organisation des compétitions qui a une incidence sur le rendement des footballeurs locaux. Les conséquences sont le déguerpissement des stades, la fuite des talents….
Contrat
Et à propos de ce dernier point, la Fifa a également mis sur pied un contrat type du joueur qu’elle a communiqué à la Fécafoot et aux autres associations sportives africaines de football. C’est ainsi que tout contrat liant un joueur à un club devrait être paraphé par ledit joueur et le dirigeant du club concerné. Une copie de ce contrat devrait être envoyée à la fédération qui le validera et le transmettra à la Fifa, qui l’enregistrera, question de prévenir les conflits.
Les dirigeants de la fédération entendent respecter cette instruction dès la prochaine saison sportive. « Cette mesure a pour avantage de prévenir la fuite sauvage des talents, déclare Andouramane. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle à compter de la saison sportive prochaine toujours, nous allons exiger des cahiers de charges aux dirigeants des clubs de première division. Nous ne serons pas exigeants sur certains points. Mais à partir de la saison 2008-2009, le club qui ne remplira pas ce cahier de charges ne sera pas éligible pour évoluer en D1 « .
La professionnalisation du football camerounais fait partie d’un projet de la Fifa : « Gagner en Afrique et avec l’Afrique ». Il a germé le 15 mai 2004, date à laquelle le comité exécutif de la Fifa a choisi l’Afrique du Sud pour organiser le mondial 2010. Le projet a été lancé le 7 juillet 2006. Il est doté de 70 millions de dollars (environ 35 milliards de Fcfa). D’après la Fifa, « Gagner en Afrique avec l’Afrique » consiste non pas à assister le continent mais à lui donner les outils pour progresser et lui transférer les compétences pour lui permettre de se développer par lui-même. Aussi, ce projet tourne-t-il autour de trois axes : développer le jeu, toucher le monde et bâtir un avenir meilleur.
Il s’agit d’améliorer les conditions du jeu en Afrique en construisant un terrain artificiel par associations (52) d’ici 2010. En aidant les ligues nationales à se développer et en formant les managers exécutifs qui tiendront les rennes des associations africaines dans le futur. Toutes des actions qui visent à permettre à l’Afrique de mieux préparer son premier mondial.
Bertille M. Bikoun