La mise en scène était parfaite. Le décor bien implanté. Un panel d’exposant bien calibré censé apporter une explication à la fois scientifique et administrative de ce que sera la nouvelle méthode de lutte contre le trafic d’ages dans le football camerounais.
« Une nouvelle » méthode de lutte obsolète, un coût exorbitant pour un échec programmé. Deux bémols à la clef qui donnent le ton d’une tentative de distraction des fonds à la fédération camerounaise de football. Les interrogations …
En quoi consiste la radiographie du poignet ?
La radiographie du poignet est un test osseux qui consiste à mesurer la taille de certains os afin de la comparer à une moyenne établie pour les individus d’une même classe d’âge. Les deux méthodes de calcul sur lesquelles cette comparaison repose ont été conçues respectivement en 1935 et 1950, et en prenant comme seule référence des sujets occidentaux.
Quelle fiabilité ?
Outre le doute sur son applicabilité sur des sujets africains, la précision des résultats produits par la radiographie du poignet a été sérieusement mise en cause : nombre de spécialistes de la médecine légale affirment que ce test est « mauvais scientifiquement, surtout entre quinze et dix-huit ans ». Dans un rapport daté de 2007, l’Académie française de médecine estime que « cette méthode ne permet pas de distinction nette entre seize et dix-huit ans », et que « la marge d’erreur communément admise à ces âges est de 18 mois ».
Avec une telle marge d’erreur et de telles réserves la FECAFOOT peut-elle se baser sur cette méthode pour disqualifier des joueurs détenteurs d’actes de naissance délivrés par les autorités compétentes?
Que se passerait-il si des parents contestent devant les tribunaux l’exclusion de leurs enfants des compétitions officielles de football organisées au Cameroun sans tenir compte de leur documents de naissances?
Quelle autre solution scientifique?
IRM (Imagerie par Résonance Magnétique)
La FIFA et la CAF, compte tenu du manque de fiabilité des test basés sur la radiographie du poignet gauche et de l’exposition des joueurs aux radiations, ont décidé de recourir à l’IRM (jugée fiable à 99%), pour effectuer des tests lors de leurs compétitions de jeunes. Malheureusement, les équipements nécessaires et le coût des tests sont hors de prix dans le contexte camerounais.
La FECAFOOT a t-elle un autre moyen moins onéreux et plus fiable pour résoudre définitivement ce problème?
Pour résoudre définitivement ce problème de fraude sur l’âge, la solution la plus fiable ne consisterait-elle pas à enregistrer les jeunes joueurs le plus tôt possible? Ce problème disparaîtrait alors définitivement au bout de 10 à quinze ans au maximum. La FECAFOOT ne gagnerait-elle pas à commencer à le faire dès cette année, au lieu de démarrer précipitamment les compétitions de jeunes sans justement enregistrer les joueurs (licences), comme c’est le cas depuis trois ans?
Une distraction de fonds en vue ?
Ceux qui ont assisté, lundi dernier, à la conférence de presse de l’hôtel Sawa sont unanimes. Le Docteur Tamo semblait mal à l’aise. Après un exposé bourré de termes scientifiques, le responsable de la commission médicale à la Fécafoot fût incapable de prouver l’efficacité de la radiographie du poignet gauche des jeunes joueurs. Une méthode archaïque qui devrait recevoir un financement à hauteur de 60 millions de la fédération camerounaise de football. Un joli pactole qui pourrait servir à l’établissement des licences des jeunes pendant au moins deux ans sur toute l’étendue du territoire.