Indésirable ? Peut être oui ! Initialement prévue en terre camerounaise, la réunion de conciliation convoquée par la Fédération internationale de football association aura finalement lieu à Zurich. La volonté de l’instance faîtière de trouver une issue favorable à la crise postélectorale qui secoue la Fédération camerounaise a visiblement écarté l’Etat du Cameroun.
Une énième lettre de la Fifa. Cette fois, elle est plus dense, plus explicite, plus conciliante et moins complaisante que les précédentes. L’expéditeur y a mis de la concision mais aussi son intention de crier au cessez-le-feu. La correspondance signée le 03 mai dernier de Fatma Samoura, la secrétaire générale de l’instance faîtière du football mondial s’apparente à une convocation sous l’arbre à palabres. Une invitation au rassemblement, au dialogue et pourquoi pas à une paix des braves, tel que le souhaite les acteurs du football camerounais, englués sans le vouloir dans cette guerre de clans qui a éclaté au lendemain de l’élection de Tombi à Roko Sidiki à la tête de la Fécafoot. Investie par ses statuts de l’obligation de promouvoir les relations amicales au sein des ses associations, l’organe que dirige Gianni Infantino veut remettre de l’ordre à Tsinga.
Débloquer la situation
En effet, Abdouraman Hamadou (Etoile Filante), Joseph Antoine Bell (Bandjoun Fc), Nkou Mvondo (Ngaoundéré Fc), Akoe Domingo (Jeunesse Star) et Balog John (Authentic Fc) sont attendus à une réunion de « conciliation » le 8 juin prochain au siège de la Fifa en terre Zurichoise. Ces dirigeants de clubs, membres de la Fécafoot sont convoqués pour prendre part au « dialogue franc et constructif » qui les mettra face des actuels dirigeants de la Fédération camerounaise de football dont ils contestent pour plusieurs raisons, l’élection. Dans la correspondance dont Camfoot a eu copie, la Fifa indique que son action est dictée par le verdict du Tribunal arbitral du sport (Tas) du 27 février 2017 confirmant l’invalidité de l’élection de l’actuel bureau dirigeant de la Fécafoot et le souci d’éviter qu’éclate à tout moment une crise au sein de la famille du football camerounais.
« Il en ressort de l’examen de ce dossier qu’il y a un risque probable de crise qui pourrait éclater à tout moment au sein de la famille du football camerounais. Dans l’intérêt du football camerounais, nous estimons nécessaire de prendre des mesures afin d’anticiper tout risque qui pourrait mettre en danger le bon fonctionnement de l’administration du football camerounais et le football lui-même dans le pays des champions d’Afrique 2017. Afin d’anticiper cette crise qui couve et pour tenter de débloquer la situation et permettre aux intervenants de reprendre une collaboration indispensable, dans le respect de la réglementation applicable et des valeurs du football, un dialogue franc et constructif impliquant la Fécafoot et ses membres et les parties intéressées d’une part, la Fifa d’autre part s’impose », écrit Fatma Samoura.
Absence parlante
Fait rare pour être souligné à la lecture de cet extrait, l’absence du gouvernement, régulièrement impliqué et associé à ce dossier, aujourd’hui écarté des négociations. De toutes les personnes attendues à ce conclave ne figure aucun membre du gouvernement. Pas d’émissaires de la Primature, du ministère des Sports et de l’éducation physique encore moins du cabinet civil de la présidence de la République comme c’est généralement le cas. L’Etat n’est pas visiblement compté. Oublié, ignoré ou volontairement mis à la touche en attendant le moment M ? Trop tôt pour se prononcer.
Pour inédite, cette absence des pouvoirs publics est suffisamment parlante. D’autant plus que c’est la toute première fois que la Fifa va discuter avec les acteurs sans l’habituelle mainmise du sérail. Faut-il en conclure que la position du gouvernement ne vaut plus désormais que pour du beurre ? La lettre de la Fifa tombe alors que le congrès de la Fifa s’ouvre au Bahreïn dès le 10 mai prochain et la série des procès qui démarre le mercredi 17 mai au Tribunal arbitral du sport (Tas) à Lausanne en Suisse. De quoi rajouter du piment dans la sauce !
Christou DOUBENA