Charles Itandje a tranché. Il devrait débuter officiellement sa carrière en équipe de France ce vendredi à Lille face à Malte, pour la 4éme journée des éliminatoires de l’Euro Espoir 2004, qualificatifs pour les Jeux Olympiques d’Athènes . Après mûre réflexion, le gardien titulaire de Lens depuis décembre 2002, aux quatre convocations pour deux sélections amicales, oriente donc définitivement son avenir international en optant pour la France plutôt que le Cameroun.
Né à Bobighy, en Seine-Saint-Denis, de parents camerounais, il avoue avoir pris ses responsabilités il y a très peu de temps.
‹‹ J’ai fait un choix sportif, explique-t-il. Je joue pour moi pas pour les gens. Cela n’a pas été facile du tout. Par exemple en ce moment, ma mère est rentrée au pays. Ce n’est pas évident pour elle. Pour moi, c’était délicat de devoir arbitrer à vingt ans. Je crois que c’est bien de pouvoir se mesurer aux meilleurs. Et c’est en France que je veux le faire. Il y a quelques années, le Cameroun m’avait sollicité. J’évoluais au Red Star et je n‘étais pas une priorité comme cela semble être le cas aujourd’hui. Je le comprend. Mais là il m’a fallu décider. J’ai beaucoup échangé avec mes parents. ″Rigo″(Song) m’a parlé comme un grand frère. J’ai vécu toute ma vie en France. Il y a une certaine réalité du Cameroun que je ne connais pas, que je n’a pas vécue. On a essayé de m’nfluencer mais j’ai fais comme je le sentais.
Forcément sensibilisé par un choix difficile, le ‹‹Grand Charles›› 1,96m) doit son retour chez les bleuets une bonne saison lensoise où sa régularité confirme son aptitude à s’incruster au plus haut niveau. Dans un passé récent, il a vécu de près l’expérience de Lamine Sakho. Son ancien coéquipier lensois, aujourd’hui attaquant de Marseille, avait lui aussi choisi le maillot bleu. Régulièrement chambré au sein du vestiaire sang et or par El-Hadji Diouf, il l’a très mal vécu. Aujourd’hui Sakho s’en mord les doigts d’avoir refusé la sélection du Sénégal, où son père s’était illustré comme attaquant.
‹‹J’ai pris en compte tous les paramètres, avoue Itandje. J’aurais aimé disposer de plus de temps. Je comprend Mezague (qui hésite entre la France et le Cameroun). Je lui ai téléphoné hier. Il a raison de réfléchir, de ne pas se précipiter. Vu son âge, il n’est même pas professionnel. Les gens ne veulent pas toujours comprendre. Il faut connaître les gens avant de les juger. Le maillot, c’est le maillot. Même si j’ai fait un choix qui me regarde, certains pensent que j’ai renié mon pays. C’est dur à supporter. Ma culture est camerounaise. J’ai été élevé dans cette tradition, avec le sens du respect, la bonne humeur et le sérieux dans le travail. Je me sens imprégné de cette culture, surtout quand je me rends au Cameroun deux fois par an. Là-bas, si on avait des structures et de l’argent on serait Champion du monde. Mais je suis né en France. Et le coq, la Marseillaise, c’est également important pour moi. J’appartiens à un pays cosmopolite, forts de mulitples cultures, riche de Blancs, de Noirs, d’Arabes, d’Hindous, etc…››