Cool, les Inter-poules? Le football, depuis longtemps phénomène social dans notre pays, est devenu en quelques années un enjeu économique et politique au Cameroun. Le football, depuis longtemps phénomène social dans notre pays, est devenu en quelques années un enjeu économique et politique au Cameroun. Il n’y a qu’à voir le nombre des prétendus hommes politiques et hommes d’affaires, grands commerçants ou directeurs de sociétés, qui se glissent allègrement, avec la bonhomie d’un jeune prêtre de campagne, dans le milieu du football.
Qui pour reprendre la présidence d’un club de tradition ou du village, qui pour en créer un nouveau de toutes pièces ou fonder un centre de formation. Que cherchent-ils? Que veulent ces gros bonnets autour du banal ballon rond? Certainement pas assouvir une vieille passion pour le jeu de balle. A des rares exceptions, ces bons samaritains recherchent en réalité une notoriété très utile en politique ou quelques gains financiers, puisque le transfert des joueurs est aussi devenu une activité juteuse. Les nouveaux « présidents » n’ont rien de semblable avec les férus de l’âge d’or du championnat camerounais comme Samuel Kouam, Ngassa Happi ou Paul Morand Mbous.
On les verra inévitablement, ces promoteurs de football sur le tard, à Garoua et à Douala, à partir de ce week-end, à la tête ou autour des équipes qualifiées pour le tournoi inter-poules 2003. Ils seront moins nombreux cette année, parce que la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), elle-même embarqué dans le bateau ivre du foot-business, est revenu à de meilleurs sentiments en rétablissant l’équité sportive qui veut que chaque province du Cameroun présente un représentant au tournoi national des champions provinciaux de 2ème division qualificatif pour la 1ère division. 14 l’année dernière, les clubs qui prennent part au tournoi inter-poules 2003 de Garoua et Douala ne seront donc que 10. En ce qui nous concerne, il s’agit d’une louable évolution. Sous prétexte que certaines provinces avaient plus de licenciés que d’autres, elles bénéficiaient du privilège d’aligner deux clubs au tournoi national inter-poules. Une aberration, quand on sait que lesdites provinces réussissaient l’exploit d’organiser des championnats de deuxième division à quatre poules et plus de trente clubs au total, simplement parce que chaque hameau se payait le luxe d’avoir deux ou trois clubs affiliés au championnat. Et que chaque fils du coin qui veut prouver qu’il est quelqu’un investissait lourdement dans la création et l’animation d’un club de football.
L’adage populaire, « quand c’est trop, c’est laid », ne s’est jamais autant vérifié. C’est déjà embarrassant comme cela que des villes comme Yaoundé et Douala possèdent trois ou quatre clubs en première division, alors qu’elles ne disposent pas du moindre stade digne de ce nom. Maintenant, s’il faut que le village Bandja aligne trois équipes dans un championnat provincial de D2, nous ne sommes pas loin de vouloir crier au scandale…
L’un des points positifs de la réforme des compétitions nationales adoptée cette année par l’assemblée générale de la Fécafoot est certainement, à notre sens, ce retour du tournoi inter-poules à dix clubs participants. Il faudrait que dans un proche avenir, cette réforme impose un cahier de charges aux équipes qui s’engagent à disputer une compétition organisée par la Fécafoot. Parce que, en même temps qu’on déplore la récupération du filon foot par des affairistes et politiciens opportunistes, on ne cessera de décrier le comportement de ces équipes de province qui font des pieds et des mains pour se qualifier au tournoi inter-poules, parfois en mouillant la barbe aux arbitres et aux adversaires fragiles, puis se mettent à crier la misère et à aboyer à l’aide une fois que la compétition est annoncée. Detoutes les façons, le football ne saurait être abandonné, ni aux opportunites ni aux arrivistes.
Emmanuel Gustave Samnick