Titulaire dans la défense des Lions Indomptables pendant toute la coupe d’Afrique des nations (Gabon 2017), Adolphe Teikeu peut se targuer de faire partie de la liste très restreinte des joueurs ayant pu arracher l’indéfectible confiance de l’imprévisible Hugo Broos. Hormis la finale contre l’Egypte où il a eu maille à partir avec le duo Salah-Elneny avant de sortir sur blessure (30ème), il a été performant dans l’ensemble du tournoi.
Une des qualités que l’on reconnait au défenseur central de Sochaux (Ligue 2 France), est son engagement qui lui permet de remporter régulièrement ses duels aériens. Loin d’être un fait de hasard, cette qualité a été acquise alors qu’il était encore jeune. Pour comprendre l’origine de son impulsion, il faut revenir des années plus tôt alors que sa soeur aînée pratiquait le volley-ball et a fait l’équipe nationale du Cameroun. Il la suivait tout naturellement. « Il allait s’entraîner au complexe multisports de Bafoussam avec sa sœur volleyeuse», se souvient Julienne Kamgang, sa mère.
« Teikeu Adolphe, à Colaco (Collège la Confiance) était un volleyeur », ajoute Jean Pierre Kenmeugne qui se revendique comme celui qui a assuré la reconversion du sportif de volleyeur à footballeur. « Après la création de l’équipe Colaco FC, pour jouer la montée en ligue régionale de l’Ouest, il fallait des joueurs qui n’ont jamais eu une licence avec un club. Et il fallait trouver des joueurs talentueux. Nous nous sommes dit qu’il fallait s’appuyer sur la morphologie des sportifs de l’établissement », déroule l’actuel directeur administratif de Fovu de Baham. « Mon entraîneur m’a donné une liste de joueur que j’allais convaincre dont Adolphe Teikeu qui devait jouer défenseur », précise-t-il. La reconversion n’est pas difficile, puisque Teikeu est né d’un père ancien footballeur ayant précocement mis un terme à sa carrière après avoir défendu les couleurs de Aigle de Dschang et Racing de Bafoussam entre 1966 et 1970.
« Mon père a vite arrêté de jouer au football dès qu’il a eu des jumeaux. Et dans nos us et coutumes, il ne pouvait plus se mélanger aux autres n’importe comment », éclaire Valery Kamegni, frère aîné d’Adolphe Teikeu.
En 2006, Adolph contribue à la montée de Colaco FC en 2ème division régionale. La même année, la jeune équipe enlève l’unique ticket de l’Ouest pour le championnat national junior. Pas attendu, Colaco FC crée la surprise. « On ne vendait pas chère la peau de Colaco ; mais avec des talents comme Teikeu, nous avons disputé et remporté la finale du tournoi face à Coton Sport de Garoua ayant dans ses rangs Sally Edgar », explique Jean Pierre Kenmeugne qui décrit Teikeu comme « un joueur engagé, motivé, très audacieux et volontaire ».
En 2007, Teikeu alors élève en classe de 1ère A4 espagnole entame sa deuxième saison avec Colaco ; mais file à Fovu club de Baham pour jouer en première division. Et dans le club de la grotte sacrée, il connait des débuts difficiles. Après quatre journées, il n’avait pas joué aucune minute lors d’un match officiel. Des supporters qui le connaissent sont mécontents et le font savoir à l’entraîneur. Lors de la quatrième journée contre Astres de Douala, Adolphe Teikeu est aligné dans l’axe central de la défense de Fovu. Un premier match hors norme et il devient aussitôt titulaire.
Sélectionné dans l’équipe nationale junior du Cameroun alors entraînée par feu Alain Wabo dit « Capelo », il dispute la coupe d’Afrique des nations de cette catégorie en 2009, et les Lionceaux perdent en finale contre le Ghana.
Teikeu signe un contrat professionnel en Ukraine où il passe six saisons avant de rebondir en France au sein Sochaux. Agé de 27 ans, le fraichement champion d’Afrique peut prétendre à meilleur club.
Gaël Tadj, à Bafoussam