La finale de la Ligue des champions d’Europe nous promet année après année un spectacle saisissant, mais jamais l’affiche n’a été aussi romantique que celle d’aujourd’hui, au Stade olympique de Rome, avec deux amants du jeu offensif. Dans le coin rouge, Manchester United tente de défendre son titre con tinental, un exploit réussi pour la dernière fois en 1990 par le Milan AC, et dans le coin bleu-grenat, le FC Barcelone envisage un triplé historique. Voici, disséqué en six points, l’ultime match.
Deux clubs, deux cultures
Les deux équipes en question partagent toutes deux un riche passé, une base de supporteurs indéfectibles et une collection de distinctions, mais leur mode de fonctionnement ne pourrait être plus différent. Symbole de la résistance catalane depuis la guerre civile, le FC Barcelone «appartient» aux quel que 163 000 socios (les membres officiels du club) et il ne peut être vendu à quiconque. Manchester United, en revanche, symbolise pour plusieurs le capitalisme sauvage qui sévit en Angleterre depuis que l’Américain Malcolm Glazer a complété la prise de possession de l’équipe en 2005 – une transaction évaluée à 1,5 milliard $US – pour ensuite mieux l’endetter.
La recrue et le vétéran
Le manager de MU, Sir Alex Ferguson, n’a pas besoin de présentation tellement sa personnalité colorée et ses nombreux trophées parlent d’eux-mêmes. La longévité au plus haut niveau de l’entraîneur de 67 ans s’explique par ses nombreux succès avec entre autres un troisième titre de suite de champion d’Angleterre décroché récemment. Pour contrer les 35 ans d’expérien ce de l’Écossais anobli, Josep Guardiola mettra davantage à profit son glorieux passé de joueur puisqu’il ne compte pas encore une saison complète comme tacticien en première division. Mais les résultats n’ont pas tardé à se montrer : son Barça vient de gagner le championnat d’Espagne et la coupe nationale.
Les hommes du milieu
On n’en a que pour le trident offensif formé de Thierry Henry, de Samuel Eto’o et de Lionel Messi à Barcelone, mais le coeur des «Blaugrana» se trouve en milieu de terrain avec Andres Iniesta et Xavi Hernandez. Héritiers directs de la culture instaurée par le légendaire Johan Cruyff – le footballeur comme l’entraîneur -, ils assurent la circulation du ballon, dégagent les espaces, impriment le mouvement et fournissent la passe décisive à leurs partenaires. Non con tent de jouer à l’architecte offensif, ce duo formé à l’académie du club détruit aussi bien les attaques adverses qu’il récupère des ballons à la tonne. Ferguson l’a clairement exposé : il redoute bien plus le jeu d’Iniesta que celui de Messi.
L’ultime démon rouge
Aucun autre joueur de Manchester United ne symbolise mieux son esprit de corps que Wayne Rooney. Le talent naturel de son coéquipier Ronaldo n’enlèvera jamais au rouquin son statut de joueur le plus important au sein de l’effectif des Red Devils. Travailleur infatigable et athlète acharné, le no 10 multiplie les sacrifices pour le bien collectif. Notamment celui de jouer dans une position excentrée pour mieux solidifier les arrières en phase défensive. Son endurance et son caractère teigneux en font un des préférés des supporteurs. Sa mission : alimenter l’offensive et gêner Messi.
Pour battre MU
Avec 104 buts marqués en Liga et une trentaine d’autres en Ligue des champions, l’attaque du FC Barcelone connaît le chemin du but et il passera aujourd’hui par le défenseur latéral droit John O’Shea – la pièce la plus vulnérable de la défense de Manchester. Ce sera donc la mission de Thierry Henry d’exploiter cette prétendue faille, puis que sur l’autre aile, Messi ne battra pas aisément Patrice Evra dans un duel néanmoins fort attendu. Le Barça devrait conserver davantage le ballon dans le match, mais il devra éviter de s’exposer aux furieuses contre-attaques de MU et empêcher Ronaldo de tirer dans un rayon de 30 mètres.
Pour battre le Barça
Le FC Barcelone s’amène dans cette finale avec de sérieux ennuis derrière avec les absences des latéraux Dani Alves et Éric Abidal, pour cause de suspension, et celle du défenseur central Rafael Marquez, blessé à un genou. La titularisation obligée du vétéran de 35 ans Sylvinho pourrait se transformer en une porte ouverte pour Ronaldo si les jambes du Brésilien ne tiennent pas le coup, mais ce n’est qu’un ennui parmi tant d’autres. Iniesta et Henry doivent encore convaincre de leur forme après avoir été absents depuis le début du mois. Le danger pour les Mancuniens serait d’accorder trop d’attention à Messi : Samuel Eto’o a été très discret dernièrement…
Guillaume Dumas
Qui gagnera selon vous ?
À vous la parole…