La Chambre de conciliation et d’arbitrage a rendu ce verdict contre la Fécafoot vendredi dernier à Yaoundé. Déjà le 28 juillet 2008, le Tribunal de première instance du Mfoundi centre administratif avait innocenté ce club pour les faits de corruption dont il était accusé par la Fécafoot lui ayant valu la rétrogradation de trois divisions.
Rebondissement de l’affaire Bamboutos de Mbouda sept ans après. Cette fois-ci à la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc). La chambre de conciliation a été saisie en appel il y a quatre mois par Me André Duclair Mangoua, le conseil de Bamboutos de Mbouda. Cette saisine avait pour objectif de casser la décision de la Commission des recours de la Fécafoot, qui avait rejeté l’appel du club de Mbouda contestant la décision de la Commission d’homologation et de discipline de la Fécafoot. Cette décision au premier degré de la Fécafoot avait rétrogradé le club Bamboutos de Mbouda de trois divisions, et suspendu certains de ses dirigeants avec pour motif de « corruption sur le stade », sur la base du rapport produit par Jean-Marie Edeng Zogo, inspecteur des arbitres, présent le 16 septembre 2007 au stade de la Réunification lors du match de la 30ème journée du championnat opposant le club de Mbouda à fédéral du Noun. La Chambre de conciliation et d’arbitrage du Cnosc a rendu son verdict vendredi dernier, donnant raison Bamboutos de Mbouda. « Par décision contradictoire, la Cour dit qu’il y a appel et que celui introduit par l’équipe de Mbouda est recevable. Evoquant et statuant à nouveau, celle-ci constate qu’il n’ya jamais eu corruption, ni avoir lieu à statuer sur les autres dommages, dit les dépens acquis, infirmant la décision d’interdiction d’exercice de toute activité sportive et de rétrogradation de deux division du club », énonce la décision.
Première Décision du Tpi du Mfoundi en 2008
Pourquoi c’est aujourd’hui, sept ans après, que la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Cnosc se prononce en appel sur cette affaire ? « La Commission des recours n’avait jamais notifié Bamboutos de Mbouda. Je pouvais attendre éternellement sans l’avoir. Dès lors que nous n’avions pas été notifiés, à tout moment nous pouvions interjeter appel auprès du Cnosc. Je n’avais pas voulu aller sur le terrain civil. J’avais tenu à rester sur le plan sportif, puisque la Fécafoot avait argué que ses litiges ne se règlent pas devant les juridictions civiles ». Le 28 juillet 2008, saisi dans le cadre de la même affaire par Me Nkouendjin, conseil de Bamboutos de Mbouda, le Tribunal de première instance du Mfoundi centre administratif, par la voix du juge Mandeng, s’était déclaré compétent pour connaître de cette affaire et avait par la suite déclaré la requête de Bamboutos de Mbouda fondée en déclarant le club non coupable des faits de corruption, condamné la Fécafoot à payer un franc symbolique au titre de dommages et intérêts à Bamboutos de Mbouda, et condamné la Fécafoot aux dépens.
Bamboutos de Mbouda avait remporté le match en question (3-2) au stade de la Réunification de Douala. A 85ème minute de jeu, Nkoun à Rim, le capitaine de Fédéral, avait été vu comme celui qui avait « facilité » le 3ème but de son adversaire. Roger Koss, le joueur de Bamboutos, rentré plus tôt, avait été accusé d’avoir remis de l’argent sur le terrain au capitaine de Fédéral du Noun. Sur la base du rapport des officiels la Fécafoot avait alors rétrogradé le club de Mbouda de trois division, avec au passage la suspension de Saturnin Anaba, son entraîneur. Où est le corps du délit ? L’article 5 du règlement de la Fifa exige l’arrêt du match dès lors qu’il y a corps étranger dans le stade. Pourquoi l’arbitre joué le match jusqu’à son terme s’il avait vu une enveloppe pénétrer sur le terrain pendant la partie ? Que va-t-il se passer maintenant dès lors que la Fécafoot avait refusé à l’époque, malgré l’intervention du ministre Augustin Edjoa et premier Ministre qui avaient demandé la réintégration, d’exécuter la décision de justice ?
La Fécafoot et la Ligue de football notifiées
Me Mangoua indique que la Fécafoot et la Ligue de football professionnel ont été notifiées jeudi, par les soins de Me Ngwé, huissier de justice à Yaoundé. « Ce qui est sûr, c’est que nous n’allons pas aller au stade omnisports aligner l’équipe de Bamboutos pour demander un éventuel adversaire. Mais, ce qui est évident, c’est qu’il y a les voies de recours idoines, suffisamment indiquées pour défendre nos droits, tous nos droits et rien que nos droits. Nous irons même jusqu’au Tribunal arbitral du sport (Tas) en Suisse, qui est une juridiction évidente pour y statuer. Et au-delà du Tas, me dois-je de rappeler qu’une autre juridiction peut statuer en dommages et intérêts, parce qu’un préjudice réel a été causé aux personnes et à l’association Bamboutos, victime d’une telle décision honteuse. Par cette décision, les dirigeants ont refusé de comprendre qu’ils avaient ralenti l’élan du sponsor Mtn qui’ s’était engagé à construire des stades au Cameroun en commençant par Mbouda, ville qui accueillait plus de spectateurs que le stade omnisport. Il y a lieu de s’étonner d’une telle décision active qui s’apparentait à une certaine vengeance entre les individus par médias interposés », explique Me André Duclair Mangoua.
Antoine Tella à Yaoundé