Le Championnat d’Afrique des Nations est la première compétition que va organiser le Cameroun depuis la Coupe d’Afrique des Nations féminine 2016. Avec en ligne de mire la prochaine Coupe d’Afrique des Nations qui aura lieu dans un an toujours dans le même pays, le pays de Roger Milla a mis le paquet pour avoir un tournoi impeccable. Si les infrastructures sportives, hôtelières, médicales sont de qualité, elles vont donner un prétexte pour faire des tests grandeur nature avant la grande compétition africaine qui abritera 24 pays dans quelques mois.
Nos confrères de RFI ont interrogé le président du COCAN sur les compétitions à venir.
RFI : Monsieur le ministre, après plus de 40 ans, le Cameroun organise une compétition majeure de foot avec le CHAN. Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques heures du coup d’envoi ?
Narcisse Mouelle : Pendant trois semaines, le Cameroun va être le centre de gravité du spectacle sportif footballistique international. Nous sommes conscients du fait qu’en prélude de la CAN, nous allons organiser le plus grand événement sportif international de football depuis le début du coronavirus. Nous avions déjà organisé des événements semblables comme la CAN de 1972, mais ce n’est pas semblable dans sa dimension. En 1972, c’était une CAN à huit équipes et sur deux sites comme lors de la CAN féminine de 2016. Avec le CHAN, nous sommes à 16 équipes sur quatre sites, avec quatre grands terrains de compétition et un nombre suffisant de terrains d’entraînement.
Nous allons organiser le premier grand événement sportif ouvert au public depuis le début du Covid. Cela se fera avec un certain nombre de mesures sanitaires comme la jauge placé à 25% de la capacité des stades pour le match d’ouverture, les matches de poule, et les quarts, et 50% pour les demi-finales et la finale.
C’est un défi supplémentaire d’organiser le CHAN dans ce contexte sanitaire. Vous serez scrutés au niveau international…
Nous avons fait nos preuves au Cameroun en matière de maîtrise de la pandémie. Les statistiques du ministère de la Santé sont relativement rassurantes (27 336 cas pour 451 décès au 14 janvier 2021). Des mesures drastiques ont mises en place, en résonance avec les mesures barrières instruites par le président de la République et en concordance avec le protocole sanitaire édictés par la CAF. Ces mesures intègrent le respect de la distanciation physique dans les stades, nous allons recourir à la détection systématique des spectateurs et au port du masque obligatoire pour l’entrée du stade. Des mesures particulières sont prises pour que l’on puisse retracer le spectateur de son entrée au stade à son installation dans les tribunes.
On observe un rebond du Covid en Europe. Ne craignez-vous pas que le tournoi favorise l’apparition de clusters ?
Ce tournoi est un test. Ce défi, on le relève d’abord à partir des portes d’entrée dans notre pays, car il y a un contrôle systématique au débarquement dans nos aéroports internationaux. On demande un test PCR à ceux qui arrivent et on leur refait le test à la descente de l’avion. Concernant le tournoi, le protocole de la CAF exige un test toutes les 72 heures aux joueurs.
Il faut reconnaître que les mesures prises pour cette compétition sont plus rassurantes que ce qui se passe dans les rues et les marchés où le port du masque n’est pas généralisé. Pour le CHAN, nous sommes à un niveau supérieur à ce que l’on peut observer dans le comportement des citoyens.
Pour en revenir sur l’organisation du CHAN et de la CAN, est-ce que tout est prêt aujourd’hui au niveau des infrastructures ?
Le président de la République, son excellence Paul Biya, a mis en place un programme ambitieux de rénovation et de réhabilitation d’infrastructures sportives ultramodernes, à l’instar du stade Omnisport de Jappoma. L’ensemble des terrains de compétition et d’entraînement sont fonctionnels et offrent toutes les garanties conformément au cahier de charges de la CAF. Il y a un certain nombre d’activations technologiques qui ont permis de relever le niveau de ces infrastructures.
L’organisation du CHAN et de la CAN n’a pas été un long fleuve tranquille, avec notamment ce report de la CAN 2019 parce que la CAF jugeait le Cameroun pas encore prêt. Y a-t-il eu des difficultés dans l’émergence de ces infrastructures ?
Le Cameroun est un pays très exigeant envers lui-même qui sait mettre ses événements au niveau où la communauté internationale l’attend pour un pays de sa taille de sa dimension. Nous mettons l’accent sur le fait que l’organisation d’un événement comme le CHAN ou la CAN offre un champ de complexités immenses et des singularités parce que les événements sportifs se suivent et ne ressemblent pas avec toutes les modifications et mutations qui ont été imposées, tant par le contexte que par les nouvelles exigences de la CAF.
On est passé par exemple de 16 à 24 équipes pour la CAN, et pour le CHAN de 23 joueurs plus 10 réservistes. On est passé d’une chambre double pour deux joueurs à une chambre par joueur, sans compter la dimension technologique et sécuritaire dans toutes ses ramifications.
Le Cameroun a dû faire face à toutes ces complexités qui se sont aggravées avec le contexte sanitaire international. Beaucoup d’entreprises qui s’étaient engagées dans la construction, la réhabilitation de ces stades, ont vu leurs calendriers remodelés dans le sens de la prolongation. Cela a entraîné des retards dans l’exécution d’un certain nombre de chantiers. Mais je peux vous dire qu’au moment où on va accueillir le CHAN, toutes les infrastructures dédiées au CHAN sont prêtes. Ce n’est pas une pétition d’un ministre qui tire la couverture sur son pays, c’est une constatation de la CAF de manière authentique et objective à l’issue de diverses inspections.
Le Cameroun organise le CHAN, la CAN (janvier 2022) mais également la CAN de handball féminine (du 11 au 20 juin 2021). Qu’est-ce qui explique cet engouement dans l’organisation d’événements sportifs majeurs, alors que le pays était très longtemps sans accueillir des événements sportifs continentaux. S’agit-il d’une nouvelle volonté politique ?
Le Cameroun a toujours été une grande nation de sport en général et de football en particulier. Les événements sportifs obéissent à une règle de rotation. On ne peut pas accueillir tous les ans une compétition sportive. Nous avons accueilli la CAN de volley (2019) après la CAN féminine (2016), donc, on accueille quand même des événements sportifs.
Le sport brûle dans le cœur des Camerounais. Il y a cette flamme de la passion du sport qui participe à l’émergence d’une conscience sportive portée par une ambition : celle de faire du sport au Cameroun un vecteur de la cohésion et de l’inclusion sociale. Les Camerounais vont le démontrer à travers cette compétition sportive très attendue. Autant l’annonce du report, à cause des contraintes liées à la crise sanitaire, a été accueillie avec une certaine déception, autant la reprogrammation a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par le public camerounais qui malheureusement devra s’imposer une certaine discipline sanitaire.