L’élimination des Lions Indomptables en 1/4 de finale de la Can 2004 a fait naître au Cameroun un débat sur l’avenir du technicien allemand sur le banc de touche de l’équipe nationale de football.
Depuis dimanche 8 février, jour où les Super Eagles du Nigeria ont éliminé les Lions Indomptables au stade des 1/4 de finale de la 24ème Coupe d’Afrique des nations (Can) en Tunisie, l’actualité sportive est dominée au Cameroun par l’avenir de Winfried Schäfer. Pour nombre de Camerounais, le technicien allemand serait le principal responsable de l’élimination des Lions Indomptables et devrait pour cela rendre son tablier. Et à défaut, être écarté de l’équipe nationale par les responsables du football camerounais qui, une semaine avant le démarrage de la Can 2004, avaient renouvelé pour deux ans (jusqu’en 2006) son contrat comme entraîneur-sélectionneur des Lions Indomptables.
Pour soutenir leur point de vue, ceux qui demandent la mise à l’écart ou alors la démission de Winfried Schäfer arguent que ce dernier n’aurait pas une forte personnalité. Avant la Can, Patrick Mboma lui est imposé en dernière minute, il accepte sans rechigner et clame qu’il n’a subi aucune pression. Pourtant, quelques semaines plus tôt, il déclarait sur tous les toits que Mboma ne rentre pas dans ses choix tactiques. “ Me demander de faire appel à Mboma c’est accepter qu’on peut encore sélectionner Milla, Abega, Mbida et autres anciens Lions en équipe nationale “, s’était insurgé Winfried Schäfer. Pour préparer la Can, Schäfer accepte un plan de travail n’incluant aucun match amical digne de ce nom. Les seuls que le Cameroun livre ont lieu à Maberla dans le Sud de l’Espagne, contre deux équipes de petit calibre.
Winfried Schäfer ne serait pas seulement impuissant face aux responsables du football camerounais qui ne lui laisseraient pas les mains libres. Il le serait aussi face à ses poulains dont la majorité évolue dans de grands clubs européens et gagnent de faramineux salaires. Au El Mouradi Palace hôtel de Sousse, antre des Lions Indomptables pendant la Can en Tunisie, les agissements de certains joueurs camerounais démontraient qu’ils sont “au-dessus” de leur entraîneur. Les Lions étaient régulièrement dans le hall de leur hôtel, jusqu’aux heures tardives de la nuit, montant et descendant avec parents et ami(e)s. A la veille du match Cameroun # Egypte par exemple troisième rencontre de poule déterminante pour la qualification pour les 1/4 de finale , Rigobert Song Bahanag et la quasi-totalité de ses coéquipiers sont restés dans le hall de leur hôtel jusqu’à plus de minuit, avec leurs proches, non loin de Winfried Schäfer, impuissant.
Choix tactiques discutables
Au-delà du manque de personnalité, Schäfer est aussi critiqué pour ses choix tactiques. L’on ne comprend toujours pas pourquoi le technicien allemand s’est obstiné à aligner Mohamadou Idrissou au cours des matches des Lions alors que l’attaquant de Hanovre 96 avait, dès la première sortie contre l’Algérie, démontré ses limites.
Nombre d’observateurs avertis pensent que Schäfer a, pour les quatre matches (1er tour et 1/4 de finale) des Lions à la Can 2004, eu de la peine à utiliser les joueurs qu’il avait sous la main. Que ce soit en défense, au milieu de terrain ou en attaque, les joueurs alignés ne remplissaient pas pleinement leurs rôles sur le terrain.
Contre l’Algérie, l’attaque étale ses limites ; face au Zimbabwe, la défense est perméable, devant l’Egypte, le milieu de terrain est inexistant et enfin contre le Nigeria, aucun compartiment de l’équipe ne répond. “ Nous avons constaté au cours de cette compétition qu’il y avait des joueurs involontaires dans notre équipe, qui ne se sont pas donnés à fond au cours des matches “, a avoué Winfried Schäfer au cours de la réunion-bilan présidée à Sousse par le ministre de la Jeunesse et des sports Pierre Ismaël Bidoung Mpkwatt, 24 heures après l’élimination des Lions par le Nigeria. Et, après avoir reconnu devant les responsables du football camerounais que l’environnement des Lions n’était pas propice à la réussite, Schäfer a promis de “ renouveler l’équipe en y injectant du sang neuf, des joueurs volontaires qui peuvent encore tout donner pour le pays “.
Cap sur 2006
Arrivé au Cameroun en fin 2001, Winfried Schäfer succède à Robert Corfou qui avait pris le relais de Jean-Paul Akono, successeur de Pierre Lechantre dans l’encadrement technique des Lions Indomptables. Avec l’équipe bâtie par ses prédécesseurs, le technicien allemand remporte la Can en janvier 2002 au Mali. Au Mondial nippo-coréen cinq mois plus tard, en juin 2002, Schäfer et les Lions sont éliminés au premier tour. Nombre de Camerounais demandent en vain le départ du technicien allemand après cette débâcle. A la Coupe des Confédérations en juin 2003, les Lions sans Kalla, Etamè, Alioum, Wome et Mboma font forte impression. L’on croit alors à un retour en force de l’équipe nationale de football. En oubliant que les adversaires des Lions à France 2003 n’étaient pas de gros calibres ou alors étaient de grandes équipes diminuées par l’absence des ténors.
La seule et véritable grande compétition à laquelle Schäfer a conduit les Lions Indomptables a été la Can tunisienne qui s’est achevée samedi 14 février. A cette compétition, les Lions ont livré 4 matches pour 2 nuls, 1 victoire et 1 défaite. Un bilan mitigé pour les champions en titre.
Maintenant, tous les regards sont tournés vers les éliminatoires du Mondial 2006 qui débutent sur le continent africain en juin prochain. En renouvelant le contrat de Schäfer pour deux ans avant le démarrage de la Can 2004, les responsables du football camerounais ont arrêté comme objectif principal la qualification du Cameroun pour le Mondial 2006. Wait and see !
Honoré FOIMOUKOM, Le Messager
Envoyé spécial en Tunisie