Diplôme de l’INJS de Yaoundé et titulaire d’un DEA en psychologie du sport, Njoya Mauril est aussi détenteur d’une licence CAF A et d’un diplôme d’entraîneur de football professionnel. S’il a fait ses classes dans les clubs du Cameroun tels que Fovu de Baham, Express de Bafoussam, Fédéral du Noun, Panthère du Ndé, il s’est révélé en Côte d’Ivoire avec le Sewe Sport de San Pedro en décrochant le doublé championnat-coupe. C’était la première fois qu’un club de province réalisait cet exploit dans ce pays.
Depuis l’année dernière, il est rentré au Mali sur le banc du FC Nouadhibou, club qu’il avait auparavant coaché. Il a été élu meilleur coach de Mauritanie.
Interview avec un développeur de talents…
Coach Mauril, bonjour. Pouvez-vous vous présenter aux internautes ?
Je m’appelle Mauril Njoya, je suis diplomé de l’INJS de Yaoundé. J’ai également un DEA en psychologie du sport. Je suis titulaire d’une licence CAF A et d’un diplôme d’entraîneur de football professionnel. Mon CV fait peut-être jaser mais il est assez touffu.
Comment êtes-vous entré la carrière ?
J’ai été footballeur dans les années 1980. De 1985 à 88, je jouais dans l’Etoile Filante de Garoua, et au Tonnerre Yaoundé en D1. A l’issue de ma formation à l’INJS, j’ai opté pour le métier d’entraîneur de football. J’ai coaché au pays des clubs comme le Fovu de Baham, l’Express de Bafoussam, Fédéral du Noun et la Panthère du Ndé. J’ai disputé une finale de Coupe du Cameroun avant de partir au Nigeria, avec les Calabar Rovers.
Vous vous êtes fait connaître en Côte d’Ivoire, non ?
Oui, J’ai d’abord coaché un club de D2, Azopé, qui végétait depuis cinquante ans. On a porté l’équipe en D1. Un an plus tard, j’ai pris le Sewe Sport San Pedro. La même année, cette équipe a remporté le championnat pour la première fois concernant un club de l’intérieur. On a aussi joué la finale de la Coupe et gagné la Supercoupe. Dans la foulée, j’ai été appelé au chevet de la sélection U20 du Cameroun. Mais le manque de compétition faisant, j’ai quitté pour rejoindre le FC Nouadhibou.
Quel est le bilan de votre premier passage en Mauritanie ?
J’ai fait deux saisons, avec deux titres de champion (2013, 2014), une Coupe de la ligue et une Supercoupe. Puis je suis ensuite reparti au Sewe Sport, et j’ai terminé en remportant la coupe nationale 2015. On a terminé 2e cette même année.
(…) Lorsque je suis revenu en Mauritanie, le président Aziz Boughourbal m’a confié une mission. Il y a des objectifs à atteindre mais la mission est de décomplexer le foot mauritanien au travers du parcours du FCN. Une qualification en huitièmes serait une très grande contribution et amènerait tous les footballeurs du pays à comprendre qu’aujourd’hui, le Mauritanien a son mot à dire dans le football. Il me souvient que lorsqu’on s’est rendus à Abidjan, tous les supporters nous appelaient les boutiquiers et se moquaient. Ce parcours aura forcément un impact psychologique sur le Mauritanien et son football en particulier.
Quel est l’objectif cette année ?
L’objectif principal, c’est le titre de champion de Mauritanie. Les autres ne sont pas pour autant relégués au second plan. Mais ce qui nous tient à cœur, c’est le titre national. Depuis mon départ et le président me la rappelé, le FCN n’a plu remporter le championnat depuis 2014. Alors que le FCN se veut être la locomotive du football mauritanien.
Quelle est la spécificité du football mauritanien selon vous ?
Évoquer ça nous amène à parler un peu plus de la culture. Le Mauritanien n’aime pas beaucoup ce qui est difficile, ou compliqué. Mais on a, depuis un certain temps, et je le dis parce que j’ai côtoyé la nouvelle fédération, un travail effectué à ce niveau. Et qui permet à la Mauritanie d’occuper une meilleure place sur l’échiquier international. Les mentalités évoluent. Auparavant, on disait de ces joueurs qu’ils étaient plus faibles au plan de la condition physique. Mais ils ont évolué.
Votre club compte une huitaine d’internationaux. A-t-il été compliqué de les motiver après le CHAN ?
Oui, je ne vous le fais pas dire ! La défaite au CHAN en première journée contre le Maroc (0-4) a été ressentie comme une gifle. Ca a été difficile au retour des enfants. Il a fallu faire comprendre aux enfants que l’élimination au CHAN n’était pas la fin du monde. Il a fallu trouver les mots justes car ils étaient découragés. Ils misaient sur le CHAN pour se faire connaitre. Alors je leur ai dit, voilà une deuxième chance de se faire connaître avec la coupe d’Afrique.
On a le sentiment que le FCN bénéficie de gros moyens pour se préparer. Est-ce le cas ?
La notion de gros moyens est relative. Il faut plutôt une volonté politique et c’est ce que nous avons ici avec la volonté du président de mettre tous les moyens dont il dispose. Lui vient pour mettre son argent dans la passion. Ce n’est pas une question de gros moyens mais plutôt de sacrifices, d’amour pour le football et pour son pays. Le président Boughourbal est généreux. »
Propos recueillis par @Samir Farasha