Capitaine de peu de mots, il est resté fidèle à lui-même jusqu’à la mort. Capitaine d’une équipe des lions Indomptables ayant des joueurs de tempérament et des vedettes multiformes, il était resté droit surtout lors des revendications les plus tendues. On doit défendre les couleurs de la nation, se plaisait-il à dire, même lorsque le challenge des tensions imposait la division. Après sa carrière, il a refusé de se dédire, restant fidèle à sa ligne, et collaborant avec les différentes autorités officielles pour résoudre les difficultés et aider le développement du football lorsque la majorité de son équipe s’impliquaient dans l’opposition active.
Le capitaine était donc esseulé, puisque ses anciens coéquipiers trouvaient anormal qu’ayant vécu les même difficultés, qu’il ait choisi de pactiser avec les tenants du pouvoir.
Il ne souhaitait que faciliter la résolution des problèmes, et surtout apporter son expérience afin que les générations futures ne vivent pas les difficultés que leurs aînés ont traversé.
Cela lui a valu d’être ostracisé par les siens, et d’être pris pour acquis par les autres au point où malgré des responsabilités que lui ont confiées les différentes administrations de la Fecafoot, il n’a presque jamais été rémunéré.
Homme de droiture, même malade, il souhaitait tenir sa vie privée loin du spectre public. Deux ans après le décès de sa douce moitié, Stephen Tataw a quitté ce monde, laissant derrière lui ses deux enfants.
Abandonné de son vivant, l’État du Cameroun s’est pompeusement racheté et lui a offert une inhumation digne d’un véritable capitaine.
N’est-ce pas dommage que l’on n’ait pas pris le temps, plus tôt de lui montrer combien on lui est reconnaissant ?
Adieu Capitaine.