Loin d’avoir encore réglé tous ses problèmes, le Brésil s’est quand même qualifié pour les demi-finales de sa Coupe du monde. La Seleção a dominé la Colombie 2-1 à Fortaleza, offrant à la planète un choc de titans face à l’Allemagne, mardi prochain à Belo Horizonte. Cette fois-ci, ce Brésil dont l’approche du jeu ne convainc pas les supporters a fait naître quelque chose d’autre qu’une simple étincelle de bonheur un soir de victoire. Poussé par des torcedores en transe, le pays hôte a donné des raisons concrètes de croire en l’obligatoire triomphe programmé le 13 juillet au Maracanã
Par leur envie de mettre le feu dans les lignes colombiennes, par leur performance défensive moins chaotique que, par exemple, contre le Chili, les Brésiliens ont adjoint à leur étiquette de favoris naturels sur le papier quelques arguments bien réels. Secoué, piqué au vif par son sélectionneur Luiz Felipe Scolari au cours d’un faux off organisé avec six journalistes influents, le capitaine Thiago Silva, au mental que l’on dit fragile, est l’illustration parfaite des progrès auriverdes entre leurs deux dernières sorties.
On ne saura alors jamais exactement dans quelles proportions cette amorce de réveil est due au recours, depuis lundi, à la psychologue Regina Brandao. Celle à qui Scolari fait appel depuis plus de vingt ans avait pour mission d’évacuer des têtes et des coeurs cette peur ayant paralysé les joueurs face aux Chiliens. La méthode a payé, peut-être même un peu trop. Désormais, le Brésil doit apprendre à… canaliser cette énergie débordante nouvellement retrouvée.
La surprise Maicon
Elle pourra compter sur Fernandinho, excellent vendredi dans un rôle de sentinelle devant la défense qu’il a dû tenir en l’absence du suspendu Luiz Gustavo. Le milieu de terrain de Manchester City a livré une belle copie, bien épaulé par un Paulinho qui avait perdu sa place dans le onze titulaire contre le Chili et par, grande nouveauté, des latéraux moins chiens fous. Là a été la grande surprise de Scolari au coup d’envoi: le remplacement à droite de Daniel Alves, hors du coup depuis le début du tournoi, et son remplacement par le plus solide mais moins créatif Maicon.
Bien installée, équilibrée, la Seleção a pris les devants à la 7e déjà, sur un corner tiré par Neymar et repris par Thiago Silva au deuxième poteau, après une trouée de toute la défense et grâce à un oubli de marquage de Sanchez. Elle a ensuite dominé, a bien su isoler James Rodriguez du reste de son équipe et a essayé d’accroître son avance, ce qu’elle aurait sans doute pu réussir plus tôt si Hulk n’avait pas autant de déchet technique ou faisait de meilleurs choix.
Thiago Silva suspendu
Il ne faut cependant pas s’y tromper: les Brésiliens n’ont toujours pas de fond de jeu ni aucun projet collectif identifiable, si ce n’est celui de se lancer dans un raid solitaire chacun à tour de rôle. Sans doute aussi est-ce pour cela que, comme pour l’ouverture du score, le deuxième but a été inscrit sur balle arrêtée, un magnifique coup franc direct de David Luiz (68e).
Pour l’instant, la Seleção, qui a souffert en fin de match après le 2-1 marqué sur penalty par James Rodriguez (6e but) à la 80e, n’a pas encore affronté d’équipe de son envergure. Les choses seront très différentes au stade Mineirão mardi face à l’Allemagne. Sans Thiago Silva, qui sera suspendu, alors que Neymar, victime d’une très vilaine charge de Zuniga dans le dos, a quitté le terrain sur une civière à la 88e…