Je ne suis définitivement pas fan de football. Je n’y connais pas grand-chose, et à vrai dire, je suis comme la moitié des femmes sur cette terre qui choisit le moment crucial d’un match pour demander à son conjoint de lui attraper le chaudron au dessus de l’étagère. Mais à la base, je suis une camerounaise. Une Camerounaise fière de son pays et de l’équipe de football qui la représente. Malgré les scandales qui nous sommes bien propres, malgré les luttes intestines, malgré une fédération floue et complètement corrompue, malgré un climat de travail malsain pour eux, ils ont tenu bons et ils continuent de tenir bons.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de nous autres supporters, capricieux comme des enfants en bas âge, fidèles mais très faciles au jugement, nous, peuple Camerounais, qui les étouffons de notre trop plein d’espoir, de notre besoin viscéral de voir toute victoire de notre équipe nationale comme un exécutoire à nos problèmes sociaux-économiques. Ce n’est pas la mission d’une équipe de football. Sa mission est, en plus de représenter à travers le monde, de nous faire rêver, de nous faire vibrer…
Il serait donc peut-être temps que nous nous souvenions de qui nous sommes. Un peuple fier, qui en temps de crise, et de difficulté, regarde droit devant, serre les dents et passe au travers; en se plaignant certes, mais nous réussissons toujours à « se battre comme on peut ».
Il serait temps pour nous de nous rappeler qui nous sommes et qui est cette belle équipe qui représente le Cameroun. Il est temps que nous nous souvenions que cette équipe nous a fait vibrer plusieurs fois, depuis ses débuts officiels en 1960. Rappelons-nous de la génération dorée de 1982 à 1990. Pour ceux qui sont encore plus jeunes comme moi, rappelons-nous la deuxième génération dorée de 2000 à 2003. Il ne s’agit pas de nostalgie ici, mais bien de réalité. Le moteur du Cameroun, tout du moins, de l’équipe Camerounaise, c’est sa rage de vaincre. C’est lui notre rugissement. Cette manie, qui nous est bien propre, de se battre jusqu’au bout, pour un rêve à réaliser, de se battre comme s’il n’y avait plus rien à perdre; se battre parce qu’il n’y a plus rien à perdre. Pour ceux qui en doutent, nous pouvons encore demander aux Aigles de Carthage, l’effet que cela fait de voir ses ailes brisées net par une équipe de lions blessés et que tout le monde surnommait des chatons.
Nous avons de nouveau une représentation en cette coupe du monde 2014. Et pour une fois, nous devrions nous montrer unis derrière ces joueurs, comme nous l’avons été derrière leurs prédécesseurs en 1990, ou en 2004. Sans insulte d’aucune sorte, sans amertume d’aucune sorte, sans articles de journaux sur les défaillances de notre équipe, sans négationnisme inutile. Juste un peuple respectueux de ses joueurs et essayant de transmettre une énergie et des ondes positives à leurs représentants. Il se peut qu’ils ne réussissent pas et c’est très probable qu’ils n’y arrivent pas, si on considère la poule dans laquelle nous avons atterri. Comme on le dit si bien au pays, « c’est écrit où » que nous devrions nécessairement être champions du monde Le plus important est d’essayer d’atteindre le ciel, seulement, il n’ya rien de honteux, à pourvoir juste effleurer la cime des montagnes!
Et ensuite? Bah ensuite, nous nous unirons tout simplement derrière les Super Eagles, les Black stars, les Éléphants ou les Fennecs. En espérant que partant de la cime, ils pourront atteindre les nuages.
Honnêtement, je pense vraiment que la Seleçao devrait trembler devant les lions indomptables, parce que nous oublions tous très souvent, notre particularité en tant que peuple : notre rage de vaincre et notre capacité infinie à faire des miracles, tellement infinie, que le Bon le Dieu doit se demander de quel bois nous sommes faits. Nous l’avons déjà fait, nous sommes capables de le refaire.
Ayons foi, accordons leur le bénéfice du doute, vibrons avec eux, rêvons avec eux, battons nous avec eux, parce que nous n’avons plus rien à perdre. Et si jamais les lions devraient tomber sur le champ de bataille, alors, tombons dignement, avec le rugissement le plus féroce, un rugissement pareil à celui de 1990, un rugissement tel que tout le monde l’acclame et que personne ne l’oublie.
Vous ai-je mentionné que je ne suis pas fan de football? Je suis juste une femme comme des millions d’autres sur terre, qui choisissent toujours un moment crucial du match pour demander à son compagnon de regarder avec elle, Africa Magic ou de saisir le chaudron au dessus de l’étagère…Donc après tout, qu’est ce que j’en sais?
Christelle Pe
NB : Les articles du Blogue Camfoot ne reflètent en rien la position de la rédaction. Ce sont des articles d’opinion.