Les Camerounais, finalistes, constituent la belle surprise de la dernière Coupe des Confédérations. A l’origine de ces performances une star montante et un entraîneur… allemand! « Le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et où à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne ». La sentence du mythique attaquant anglais Gary Lineker, énoncée dans la décennie 80, apparaît aujourd’hui bien périmée… Les bouleversements de la planète football pourraient enfin aboutir à la victoire d’un pays africain lors de la prochaine Coupe du monde.
Sur le continent, le Cameroun apparaît comme le mieux placé pour relever le challenge. Surnommés les « Allemands de l’Afrique » pour leur boulimie de victoires, les Lions Indomptables ont démontré en France qu’ils ont toute leur place dans le gotha mondial. Tombeurs d’une pâle équipe du Brésil champion du monde puis de la Turquie, troisième en Corée et au Japon, les Camerounais possèdent tous les atouts pour poursuivre leur ascension.
Samuel Eto’o fils, vedette du championnat espagnol, dans la ligne de mire des grands clubs européens, symbolise cette montée en puissance. Auteur du magnifique but de la victoire face à la Seleçao, Eto’o est en passe de devenir la figure de proue des Lions nouvelle génération. Puissant, rapide, adroit devant le but, il ne lui manque guère que la régularité pour devenir un des meilleurs attaquants de la planète. Avec une défense expérimentée, emmenée par l’excellent Rigobert Song et des jeunes talents prometteurs, comme le gardien Idriss Kameni, les milieux Eric Djemba-Djemba ou Modeste M’Bami, ce Cameroun-là a tout l’avenir devant lui.
D’autant que, pour coacher le bel effectif, Winfried Schaefer apporte la rigueur nécessaire aux grandes conquêtes. L’entraîneur allemand, accepté par son groupe, serait en train de canaliser le talent technique de ses joueurs pour en faire une équipe solide sur le plan tactique. A l’Allemande. La greffe semble avoir pris, la rencontre de la rigueur allemande et de l’enthousiasme africain se parachevera, et le Cameroun pourra donner sa pleine mesure.
Seul écueil qui pourrait empêcher une éclosion totale ? Le climat qui entoure la sélection. Au Cameroun, comme dans toute l’Afrique, le football fait souvent figure de seconde religion. Les enjeux politique et financier autour de l’équipe nationale polluent souvent la production sportive des joueurs. Ainsi lors de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis, les Lions Indomptables géraient des problèmes de primes de matches en pleine compétition ! Résultat : un cinglant 6-1 face à la Russie et une élimination dès le premier tour. Nombreux furent les sélectionneurs à louer les capacités des joueurs du Cameroun, tout en déplorant les luttes de pouvoir et d’intérêt autour de leur équipe.
Vainqueur des derniers Jeux Olympiques de Sydney en 2000, de la dernière Coupe d’Afrique des Nations en 2002, les Camerounais sont passés à côté de la Coupe du monde 2002 sortis, comme les Bleus, par la petite porte. Cet échec effacé, les Lions Indomptables repartent vers de nouvelles conquêtes. Comme le prouve la qualité de leur jeu à la Coupe des confédérations 2003, ils disposent de toutes les qualités pour se hisser tout en haut de la hiérarchie mondiale. A condition de les laisser jouer tranquillement.
Nicolas Viot