L’entraîneur de l’équipe nationale du Cameroun de basket-ball revient sur la participation à l’Afrobasket 2007.
Propos recueillis par Dippah Kayessé, Mutations
Quelles impressions vous laisse l’Afrobasket 2007 ?
Nous venons de vivre une compétition de très bonne facture où toutes les nations présentes avaient pris la peine de bien se préparer dans l’optique de donner le meilleur d’elles- mêmes. C’est le cas de l’Egypte, de l’Algérie, de l’Angola, de la République centrafricaine, le Sénégal… qui ont fait de nombreux tournois en Europe et aux Etats- unis. Cet engouement à vouloir se mesurer aux autres a fini par développer une saine émulation et hausser le niveau de la compétition. Certaines nations ont mis des moyens appropriés et c’est dire à quel point chacune d’elles tenait à remporter le prestigieux trophée mis en jeu au cours de cette compétition d’envergure.
Et le Cameroun au regard de votre analyse n’avait-il pas mis les moyens?
Au regard de la manière avec laquelle nous sommes arrivés en terre angolaise, il faut noter ici un cas patent d’impréparation. Un retard qui aurait pu être évité si chacun avait tenu à remplir sa mission. Qu’à cela ne tienne, les jeunes ont fait preuve de beaucoup de patriotisme, ils tenaient à défendre les couleurs nationales. Ainsi, ils avaient pour principale et véritable arme, la rage de vaincre afin de hisser haut le drapeau de leur pays. Ils y sont parvenus et même s’ils ont buté en finale face à une équipe angolaise bien en place. Il faut tirer le chapeau à ces enfants qui, pour la première fois atteignaient ce stade de la compétition. Au fur et à mesure que nous avancions dans la compétition, les poulains y prenaient goût et suscitaient la curiosité de tous. Le Cameroun a une excellente équipe, il suffit de la prendre en main. Les résultats obtenus en font foi.
Comment êtes- vous arrivé à la tête de l’encadrement technique de cette équipe?
Depuis quelques années, je suis en contact avec le président de la fédération camerounaise de basket-ball. Lequel me demandait tout le temps si je ne pouvais pas donner un coup de main à l’équipe du Cameroun. Et moi, j’attendais juste que se présente l’occasion pour démontrer de quoi j’étais capable. Et l’occasion c’était cette Coupe d’Afrique des Nations de basket-ball en Angola. J’ai fait du basket à tous ses niveaux, joueur amateur puis professionnel, capitaine, administrateur… et entraîneur. Tel un maçon, j’ai donné l’occasion à plus d’un de me juger au pied du mur.
Quels étaient les termes du contrat passé presque en sourdine?
Rien d’écrit sur du papier parce que pour l’instant le contrat n’existe pas. C’est pour l’amour du basket-ball et de mon pays que j’ai accepté que les choses se passent pour le moment ainsi, donner l’occasion aux uns et autres de se faire une idée de moi. Actuellement que la compétition est terminée et qu’elle n’est pas passée inaperçue pour le commun des Camerounais, je laisse le soin au ministère de juger le résultat obtenu et de voir dans quel cas ma collaboration pourrait être utile pour le Cameroun. Il est dit que le ministre des Sports recevra l’équipe, aussi ce sera sûrement l’occasion de poser les jalons de ma collaboration. La mission qui m’avait été assignée était celle de remporter le titre continental et pouvoir donner l’occasion au Cameroun de redorer son blason.
Vous n’avez jamais dirigé cette équipe, comment êtes- vous parvenu à créer cette homogénéité entre joueurs locaux et ceux évoluant à l’étranger?
N’oubliez pas que toute ma vie, je fais du basket-ball c’est-à-dire que je suis en contact permanent avec les gens. J’ai appris à gérer les humeurs, à manager les hommes et c’est ça le bien fondé du sport. Aussi, il faut dire que ces poulains m’ont, dés le départ fait confiance et ont accepté de travailler, de coopérer ce qui m’a facilité la tâche. Avec un tel état d’esprit, les choses ont rapidement pris forme pour le bonheur de l’équipe tout entière. Occasion m’est donnée de remercier les encadreurs techniques trouvés au chevet de l’équipe et qui m’ont présenté les joueurs en me laissant l’opportunité du dernier mot.
Après la Can, suivra le tournoi préolympique. Au cas où vous seriez reconduit, comment comptez- vous préparer l’équipe du Cameroun?
Au cas où la suite me serait favorable, je compte présenter au ministère un plan d’action sur quatre ou six ans, donc un engagement à long terme. Tout d’abord, je commencerais par recenser tous les joueurs nationaux et professionnels, car il est bon pour le Cameroun d’avoir un fichier. Ensuite, mettre sur pied un programme technique qui favorisera les regroupements à temps de ce beau monde avant le tournoi préolympique. Ceci permettra de lutter contre l’impréparation et d’aller en compétition avec un vrai sentiment de guerrier. Le Cameroun a une chance en diamant pour être le second représentant africain aux prochains Jo en 2008.
Au fait qui est réellement Lazare Adingono?
Je suis un Camerounais, né il y a exactement trente ans. Je fais depuis toujours du basket-ball et actuellement je suis entraîneur adjoint de basket-ball à l’Université de Canisius aux Usa. Tout commence au Cameroun où j’ai évolué pendant une quinzaine d’années dans les clubs comme Beac, Warriors tous de Yaoundé et Mercure de Douala. Aussi, j’ai été capitaine de l’équipe nationale de Basket-ball. Après le Cameroun, je me suis retrouvé en 2000 aux Etats- unis pour continuer mes études à l’Université Rhode Island où j’ai fait sport- études dans le département « Exercise science, fitness and wellness ». En même temps, je prenais part aux nombreuses compétitions de basket-ball. En 2002, j’obtiens ma licence professionnelle à Galos Peleas qui évolue dans la division en dessous de la Nba. Après un petit tour au Luxembourg et en Hollande, je suis obligé de revenir aux Etats-unis après une vilaine blessure au tendon d’Achille. De retour à l’Université de Rhode Island en 2004, je vais occuper le poste d’administrateur assistant de l’équipe de basket-ball.
Le Cameroun compte pas mal de joueurs aux Etats- unis, comptez-vous les intégrer en équipe nationale le moment venu?
Absolument. A l’heure actuelle, l’équipe du Cameroun avait en Angola cinq à six gars dans ses rangs qui évoluent aux Etats- unis à savoir, Gaston Essengué, Patrick Bouli, Luc Mbah à Mouté, Franck Ndongo et Parfait Bitee… A mon retour, je vais tout faire pour rencontrer Joachim Noah. Ne serait- ce que pour établir le contact tout en lui laissant et à sa famille le soin de décider. Outre ces joueurs, il faudra compter aussi avec ceux évoluant en Europe et qui font la fierté du Cameroun. Avec cette remarquable prestation des Lions indomptables en Angola, il n’est point exclu que les joueurs se bousculent aux portillons de l’équipe nationale ce qui est une excellente chose car de cette compétitivité jaillira une sélection solide.
Tout au long du tournoi, l’on a vu une équipe qui montait en puissance avant de plier face aux Angolais en finale…
Nous connaissons les Angolais forts et nous nous sommes préparés en conséquence. Pour avoir beaucoup donner tout au long de la compétition, la fatigue mentale s’est installée chez les joueurs en plus de la fatigue physique. C’était ça le problème majeur de ces jeunes en finale. Il faudra ajouter à cela, le bruyant public de la Cidadela qui était entièrement acquis à la cause des Angolais. Au basket-ball, ces cris apparemment sans importance déconcentrent énormément les joueurs. Il faut être costaud dans la tête pour ne pas craquer.
Il se dit aussi qu’à la veille de la finale, les joueurs auraient menacé de ne pas descendre sur l’aire de jeu pour primes impayées…
Il y a eu des murmures allant dans ce sens sans que cela soit porté à mon attention. Les jeunes qui vont en compétition pour leur pays ont besoin de beaucoup d’attention, car ils sont des ambassadeurs pour leur pays. Logeant dans le même hôtel que d’autres équipes telles que la Cote d’Ivoire, l’Angola, la Tunisie… ils étaient au courant du montant des primes que touchaient les autres. Très rapidement, ils ont établi la différence avec ce qu’ils avaient sous la main. Cette situation les a amenés à se poser des questions, à perdre un peu la tête ce d’autant plus que les primes de qualification pour la finale étaient toujours attendues…
Ancien capitaine de l’équipe nationale de basket-ball et aujourd’hui entraîneur, n’avez-vous pas l’impression que les choses n’ont véritablement pas évolué dans l’encadrement des joueurs?
Effectivement. C’est jusque une question de bonne organisation et d’esprit d’anticipation parfois les joueurs ne demandent pas grand- chose. Avec une telle prestation, l’équipe nationale a montré aux yeux de tous qu’il n’y a pas que le football au Cameroun ce qui doit imposer une nouvelle politique pour la discipline. Aussi, avec une meilleure préparation et une bonne organisation, cette équipe aurait pu frapper un coup de maître. En marge de la défaite de la finale, le parcours fut élogieux, c’est un signal fort au staff administratif. A lui de savoir comprendre ces signaux et les saisir au bond.