Le monde du football est secoué par un séisme sans précédent. Mis en cause dans un gros scandale financier, plusieurs hauts responsables de la FIFA on été arrêtés hier à Zurich. Alors que plusieurs institutions réclament le report des élections, Blatter reste de marbre et compte briguer un 5e mandat. Ce qui n’est pas du goût de la presse helvétique qui réclame sa tête. La revue de presse de nos collègues du Matin.
Blatter doit partir
Pour Le Matin, c’est clair: «Blatter n’est plus crédible» et «il doit partir», titre-t-il en une. Pour son éditorialiste, «trop c’est trop, et plus rien ne permet de défendre l’institution qui gère le football mondial. Sa gouvernance est pourrie», souligne-t-il. «En démissionnant ou en renonçant à se présenter vendredi, le président de la Fifa aurait une dernière chance de prouver qu’il oeuvre pour le bien du sport le plus populaire du monde. »
Même discours ou presque dans la Tribune de Genève:« Monsieur Blatter, dégagez!» réclame le rédacteur en chef Pierre Ruetschi. «Vous n’avez plus rien à faire à la FIFA. Contentez-vous de répondre de vos erreurs et d’assumer vos responsabilités après 17 ans d’un règne peu digne. (..) Car l’opprobre de votre action rejaillit sur la Suisse dont la réputation internationale était justement à refaire. »
24 Heures revient aussi largement sur l’affaire. Et estime que si Berne sert de bras armé à la justice américaine, les spectaculaires arrestations de mercredi aident aussi la justice suisse puisque le Ministère public de la Confédération en a profité pour mener une perquisition au siège de la FIFA. Si le MPC dément être à la botte de la justice américaine, il reconnaît avoir saisi l’occasion du coup de filet et s’être coordonné avec les Américains.
Les «sept péchés capitaux» de Blatter
Dans l’Hebdo , Laurent Favre brosse un portrait au vitriol de Sepp Blatter, décryptant un par un ses «sept péchés capitaux».
De l’orgueil («D’une manière ou d’une autre, Sepp Blatter a constamment besoin de se donner une importance qu’il n’a pas») à la luxure («Il aime l’argent pour lui-même, les femmes, comme tout grand séducteur, et le luxe parce que c’est tout de même bien agréable») en passant par la paresse («Sepp Blatter a même eu la flemme de faire campagne. ‘Mon programme, ce sont mes quarante ans à la FIFA’, a-t-il lancé») et l’envie («son besoin d’exister est immense, sa soif de reconnaissance jamais étanchée et les critiques le touchent davantage qu’il ne le laisse paraître»).
L’auteur s’insurge: «Sepp Blatter n’a jamais pris au sérieux les critiques, par ruse politique autant que par paresse intellectuelle».
«Associé à l’affairisme et à la corruption»
Même si la justice américaine a esquivé les questions portant sur Blatter lors de sa conférence de presse mercredi, ne le mettant donc pas directement en cause, le Temps note que «le président de la FIFA a beau dire, ce scandale planétaire ternit d’une manière définitive sa fin de règne. Même réélu vendredi, le Valaisan restera associé à l’affairisme et à la corruption, deux mamelles qui ont nourri depuis quarante ans sa soif de pouvoir».
«Peut-être regrette-t-il aujourd’hui de ne pas s’être retiré à temps: (…) L’heure est au sport éthique et Sepp Blatter vient de s’entendre siffler la fin de l’impunité.»
«Comment Blatter a-t-il pu échapper aux scandales ?»
Même son de cloche du côté de la Neue Zuricher Zeitung. Le scandale «teintera la réélection prévisible de Blatter. Car il devra bien vivre avec ces dommages collatéraux: il porte la responsabilité d’une culture qui a vu le jour durant son mandat et sur laquelle il a fermé les yeux».
«Comment Blatter a-t-il pu échapper aux scandales?» se demande un édito du Tages-Anzeiger. «Il semble peu probable que Blatter n’ait pas été au courant des nombreuses affaires illégales qui se tramaient autour de lui. Il les a simplement tolérées aussi longtemps que son maintien à la tête de l’institution était possible. Il n’a lancé le processus de réforme qu’au moment où aucune autre option n’était envisageable.»
Et de conclure: «Dans aucun autre milieu pourrait-on voir Blatter encore candidat. Au sein de la Fifa pourtant, il peut jouer à l’innovateur – et ce probablement encore pour 4 ans. Cela résume parfaitement l’état des choses au sein de la Fédération.»
Enfin le Blick réclame lui aussi la démission de Sepp Blatter: Monsieur Blatter, cela suffit! titre-t-il en une de son site internet. Pour son éditorialiste, si le Valaisan a le mérite d’avoir développé la FIFA et d’y avoir lancé des réformes. Mais s’il est élu, il n’y aura pas d’ère nouvelle et il doit donc partir.« Car l’atteinte à l’image de la fédération est trop grande. Il y a trop de vaisselle cassée», écrit-il.
Avec Lematin