Le malaise persiste. Démission du directeur de cabinet de Iya Mohammed, limogeage du team manager des Lions Indomptables, engueulade entre le président et son adjoint David Mayebi, les dirigeants de la cette fédération se déchirent.
La démission d’Abdouraman Hamadou, le directeur de cabinet du président de la Fécafoot, est venue obscurcir davantage le ciel déjà peu clément de l’instance dirigeante du football camerounais.
Rien ne va plus en effet à Tsinga, depuis que les Lions Indomptables ont quasiment échoué à se qualifier pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations au Gabon et en Guinée équatoriale. Dans sa lettre de démission et les commentaires qu’il a bien voulu nous faire, Abdouraman dénonce « la gestion et le fonctionnement de la Fécafoot » et fait des menaces à peine voilées lorsqu’il déclare qu’il ne souhaite pas être provoqué.
Des menaces que les dirigeants actuels de la Fécafoot doivent prendre au sérieux, quand on connaît les positions de pouvoir et d’influence que cet homme de 41 ans a occupées pendant plus de 10 ans, aux côtés de son mentor, Iya Mohammed. Il a été chef de la cellule de communication de la Fécafoot, avant d’en devenir le secrétaire général de fait. Il faut ajouter à cela la relation quasi fusionnelle qui liait Iya Mohammed et son confident et homme de confiance, Abdouraman, et qui amenait celui-ci à le défendre avec un acharnement rarement égalé, partout où la Fécafoot et son chef étaient attaqués.
Officiellement, l’on semble minimiser le départ de l’ancien directeur de cabinet de Iya Mohammed. Le secrétaire général, Tombi à Roko, dont on connaît les rapports tendus avec Abdouraman, a ainsi réagi dans les colonnes de nos confrères de Mutations : «Il s’agit d’un employé de la fédération, qui démissionne. Il n’y a aucune réaction à avoir à ce sujet. On prend acte de sa démission. C’est tout.»
La personnalité d’Abdouraman a presqu’occulté un autre fait majeur qui s’est déroulé dans la foulée de sa démission, ce même mercredi au siège de la Fécafoot à Tsinga : le limogeage de Martin Etonge, le team manager de l’équipe nationale de football du Cameroun. Il a été déchargé de ses fonctions par Iya Mohammed. Il est accusé d’avoir fait de l’espionnage pour le compte du capitaine des Lions Indomptables, Samuel Eto’o Fils.
Tout commence aux lendemains du match Cameroun – Sénégal (0-0) du 4 juin dernier à Yaoundé. Le ministre des Sports convoque une réunion de crise pour tirer les leçons de la contreperformance des Lions. Y prennent part, en l’absence de Iya Mohammed, Tombi à Roko et Martin Etonge, le team manager des Lions. Les deux hommes représentent la Fécafoot. Le ministre Zoah est également là, tout comme le directeur administratif des équipes nationales, André Nguidjol et le secrétaire général du ministère et le directeur des sports.
Panier à crabes
Au cours de cette réunion, les différents participants sont amers et profondément remontés contre le comportement de Samuel Eto’o. La possibilité de le déchoir de son titre est même évoquée, tout comme on parle du recrutement d’un nouvel entraîneur pour les Lions Indomptables à la place de Javier Clemente.
A peine la réunion terminée, le ministre des Sports reçoit un appel téléphonique de Samuel Eto’o, qui est au courant de tout ce qui s’est dit au cours de cette réunion à huis-clos. Le ministre n’en croit pas ses yeux. « Qui a informé le pichichi ? », se demande-t-il. Des soupçons sont d’abord portés sur André Nguidjol, qui s’en défend. Le ministre ordonne une enquête interne. Samuel Eto’o Fils signe le « crime » au cours de son interview chez nos confrères de Stv. Il a des mots particulièrement gentils à l’égard de Martin Etonge, qu’il qualifie de bon team manager, très compétent. Bien plus, les résultats de l’enquête ordonnée par le ministre établissent que Martin Etonge est la taupe. Iya Mohammed en est informé dès de son retour de France, où il séjournait pour des affaires de coton. Michel Zoah exige la tête de Martin Etonge, que le président de la Fécafoot coupe sans hésiter.
Cette version des faits est contestée par les proches de l’ancien team manager, qui ne voient dans ce limogeage que la jalousie de quelques employés de la Fécafoot. Martin Etonge occupait, en effet, un poste juteux qui lui a permis, rien que depuis 2009, d’encaisser près de 100 millions de francs Cfa de primes et autres avantages.
La tension qui règne en ce moment à la Fécafoot, décrite par certains observateurs comme un panier à crabes, survient après un clash qui a opposé Iya Mohammed à son vice-président, David Mayebi. La scène a eu lieu le 27 mai dernier à Yaoundé, au cours d’une réunion du comité exécutif de la Fécafoot. Les deux hommes, qui se regardaient déjà en chiens de faïence, s’engueulent devant une assistance médusée. Depuis lors, la tension n’est toujours pas retombée. Au-delà de la guéguerre Iya – Mayebi, il y a aussi la haine tenace que le président de l’Afc et le secrétaire général de la Fécafoot se vouent.
Jean-Bruno Tagne