Le tirage au sort qui a eu lieu à Malabo mercredi 3 décembre 2014 fait entrer de pleins pieds les Lions Indomptables dans la préparation de la CAN 2015. C’est l’occasion pour moi de remonter le cours de l’histoire des Lions Indomptables et de partager avec vous mes meilleurs souvenirs des confrontations entre le Cameroun et ses adversaires du Groupe D, fruits de cette passion qui m’a amené à devenir historien des Lions Indomptables.
Le 2 février 1970 à Karthoum (Match de poule CAN 70)
COTE D’IVOIRE – CAMEROUN : 2 – 3, Buts de Koum et Ndoga
Equipe : Atangana Ottou, Evou Boulon, Owona Pascal, Essomba, Jean-Marie Tsébo, Dieudonné Bassanguen, Moutassié, Abessolo, Koum Emmanuel, Manga Onguéné et Jean-Baptiste Ndoga.
Pour la presse spécialisée de l’époque, le Cameroun n’a aucune chance face à la Côte d’Ivoire et sa star Pokou. D’entrée de jeu, les ivoiriens inscrivent deux buts. Au retour des vestiaires, Pokou demande aux camerounais de se presser pour finir le match de handball. Alors qu’il ne reste que 23 minutes de jeu, le festival va commencer. Koum ouvre la marque à la 67e minute après avoir éliminé toute la défense ivoirienne. Trois minutes plus tard, Ndoga égalise. On croit alors que les choses vont en rester là. A la 76e minute, acculés derrière les derniers retranchements, les ivoiriens vont craquer. Koum porte l’estocade et permet au Cameroun d’arracher une victoire inespérée.
Le 10 Mars 1984 à Abidjan (Match de poule CAN 84)
COTE D’IVOIRE – CAMEROUN : 0 – 2, Buts de Milla et Djonkep
Equipe: J.A Bell – Toubé Charles, Njeya Brice, Doumbè Léa, Sinkot Isaac, Ibrahim Aoudou (Kundé) Mbida Arantes, Théophile Abéga, Ernest Ebongué, Roger Milla, Bonaventure Djonkep
Le 10 mars 1984, Nkono étant rentré dans son club, Joseph Antoine Bell garde les buts. En dehors de lui, c’est le même onze entrant que face à l’Egypte et le Togo. La Côte d’Ivoire a, comme le Cameroun besoin d’une victoire pour aller aux demi-finales. Toutes les stars locales sont présentes: Monguehi, Zahoui, Pascal Miezam et Youssouf Fofana promettent la peau du lion au peuple Ivoirien. L’illusion ne tiendra qu’une quarantaine de minutes. Balayée depuis le début du match par les vagues déferlantes camerounaises, la Côte d’Ivoire va d’abord plier à la 43e minute sur un coup de tête de Roger Milla, avant de rompre définitivement à la 63e sur un but astucieux de Bonaventure Djonkep. Cette victoire ouvre les portes des demi-finales.
Le 17 Mars 1986 à Alexandrie (Demi-finale CAN 86)
CAMEROUN – COTE D’IVOIRE: 1-0, But de Roger Milla
Equipe: Thomas Nkono, Ndip Akem, Sinkot Isaac, Emmanuel Kundé, Ibrahim Aoudou, Mbouh Emile, Kana Biyik, Grégoire Mbida, Roger Milla, Ebongué (Oumarou), Mfédé (Dang Dagobert).
C’est un match à sens unique, dominé de bout en bout par des Lions qui ont rendu le sourire à des milliers de supporters qui s’étaient beaucoup inquiétés pendant l’année 1985. La Côte d’Ivoire, amenée par Gadji Celi, Zahoui, A Traoré et Fofana ne se montrera jamais à la hauteur de son illustre adversaire, malgré l’enthousiasme de ses jeunes éléments. A la 46e minute, sur un long ballon apparemment sans danger, le gardien Zagouli cafouille. Le ballon, mal renvoyé percute le genou de Roger Milla et rentre dans les filets. C’est grâce à ce but hors du commun que le Cameroun allait se qualifier pour la deuxième finale consécutive de son histoire.
Le 24 Janvier 1992 à Dakar (Demi-finale CAN 92)
CAMEROUN – COTE D’IVOIRE : 2 – 4 (t-a-b)
Equipe : JA Bell, Bertin Ebwellé, Stephen Tataw, Jules-Denis Onana, Emmanuel Kundé, Kana Biyik, Mbouh Emile, Louis-Paul Mfédé (Tapoko), Makanaky, Omam Biyik, Eugène Ekéké (Ebongué).
Humiliés à Annaba en Algérie en 1990 par le Sénégal de Claude Leroy, on a tous eu l’impression à cette CAN que le seul match qui comptait était le quart de finale contre Jules Bocandé et ses coéquipiers. Après la victoire en quart de finale sur un but d’Ernest Ebongué, plus personne n’était intéressé par la suite de la compétition. De cette demi-finale contre la Côte d’Ivoire, on retiendra que, même avec le laisser-aller qui s’est installé dans l’équipe, les Lions auraient encore pu l’emporter pour peu qu’ils aient eu la volonté. En témoignent les penalties ratés au cours du match et pendant la séance des tirs aux buts.
Le 28 Janvier 2000 à Accra (Match de poule CAN 2000)
CAMEROUN – COTE D’IVOIRE : 3-0, Buts de Kalla, Eto’o et Mboma.
Equipe : Alioum Boukar, Njanka Béaka, Raymond Kalla, Rigobert Song, Pierre Wome, Geremi Njitap (Ndo), Lauren Etame, MV Foe, Salomon Olembé (Hamga), Samuel Eto’o (Ndieffi), Patrick Mboma.
L’observation dure un quart d’heure. Njitap et Etame multiplient les raids sur le flanc droit de l’attaque. A la 26e minute, sur un centre de Njitap, Foé place un coup de tête. La défense Ivoirienne cafouille. Raymond Kalla, sorti on ne sait d’où jaillit toutes griffes dehors pour ouvrir la marque. Après ce but, les camerounais donnent l’impression de reculer. Les derniers ivoiriens sortent et, sur un contre meurtrier, Etame fixe la défense avant de glisser le ballon à Eto’o qui n’a plus de peine à battre Gouaméné. A la 89e minute, Mboma, recevant un ballon de Ndo au flanc droit à 35 mètres des buts de Gouaméné, il pique vers le centre, d’un crochet extérieur du pied gauche se défait de son adversaire. Il lève la tête, tout le monde s’attend à un centre, il arme son tir, pleine lucarne ! Le réalisateur n’a pas le temps de voir le ballon aller mourir au fond des filets. Il remontre Gouaméné, un genou à terre et les deux mains fixées dans le gazon. C’est tout un symbole. Le Cameroun qui avait laissé les supporters sur leur faim contre le Ghana confirme ses prétentions. La Côte d’Ivoire finira sa CAN dans un camp militaire, le Général Guéi n’ayant pas supporté cet affront.
Le 25 janvier 2002 à Bamako (Match de poule CAN 2002)
CAMEROUN-COTE D’IVOIRE : 1-0, But de Mboma
Equipe : Boukar Alioum; Geremi Fotso Njitap, Raymond Kalla, Rigobert Song, Bill Tchato; Marc-Vivien Foe, Lauren, Salomon Olembe, Pierre Wome; Samuel Eto’o, Patrick Mboma.
Une fois de plus, les Lions seront délivrés par une tête piquée de Patrick MBOMA. Vers la fin du match, Alioum Boukar, en magicien, justifie en un arrêt miracle, sa titularisation. Pendant de longs moments, la Côte d’Ivoire a semblé maitriser le match. Elle a multiplié les passes, changements de vitesse, dédoublements, dribbles …etc. Hélas, une fois de plus, le Cameroun sot vainqueur.
Le 04 septembre 2005 à Abidjan (Eliminatoire CM 2006)
Côte d’Ivoire – Cameroun : 2 – 3, Triplé d’Achille Webo
Equipe : Souleymanou, Rigobert Song (cap), Raymond Kalla , Alioum Saïdou, Jean II Makoun (Meyong Ze), Salomon Olembé (Djemba Djemba), Geremi Njitap, Pierre Womé (Atouba), Achille Webo, Rudolph Douala, Samuel Eto’o.
Les Lions indomptables qui avaient montré un visage pâle au début de ces éliminatoires couplées CAN/ CM 2006, ont trouvé des ressources nécessaires pour retrouver la place qui est la leur dans ce groupe trois. Personne ne vendait cher la peau du Lion dans une arène hostile. Rigobert Song et ses camarades ont puisé dans leurs dernières ressources pour venir à bout d’une équipe de Côte d’Ivoire supportée par un public chauvin. A 2-2 jusqu’à la 85’, une faute est commise sur Djemba Djemba. Geremi, le maître de ce genre d’exercice chez les Lions prend ses responsabilités. D’une lourde décharge, il envoie le ballon s’écraser sur le poteau de Gérard Gnanhouan. Pierre Achille Webo est dans tous les bons coups. Sa tête plongeante balaie les dernières illusions de la Côte d’Ivoire. L’Opération Commando est réussie. La Côte d’ivoire vient de laisser le Cameroun amorcer le dernier virage de la qualification en tête de sa poule. Par son triplé, Pierre Achille Webo envoie le peuple ivoirien se coucher à 17h.
Le 4 février 2006 au Caire. (Quart de finale CAN 2006)
CAMEROUN – CÔTE D’IVORIE : 1-1 (11 -12 sur penalties)
Equipe : Hamidou Souleymanou, Timothee Atouba, Rigobert Song, Daniel Ngom Kome, Geremi, Samuel Eto’o, Jean Makoun, Alioum Saidou, Pierre Webo (Rudolph Douala), Salomon Olembe (Albert Meyong), Andre Bikey Amougou
Arrivé au Cameroun dans un contexte désastreux qui a vu Schäefer à qui on avait décidé d’accorder une confiance aveugle, anéantir toutes les chances du Cameroun pour la coupe du monde 2006, Arthur Jorge avait pour mission d’accomplir un miracle. Il l’a presque réussi. Au premier tour de cette CAN, le Cameroun pratique le football le plus alléchant. Le Togo, l’Angola et la RDC sont étrillés. Samuel Eto’o marche presque sur l’eau. Ce brillant parcours sera stoppé en quart de final au penalties par la Côte d’Ivoire dans une séance légendaire qui ira au bout de la nuit et qui verra un gardien camerounais encaisser 12 penalties sans broncher.
Le 10 septembre 2014 à Yaoundé (Eliminatoire CAN 2015)
CAMEROUN – CÔTE D’IVORIE : 4 – 1, Doublé de Njié et d’Aboubakar
Equipe : Fabrice Ondoua, Nicolas Nkoulou, Stéphane Mbia, Oyongo Bitolo, Guihotha (Djeugoué), Eyong Enow, Georges Mandjeck (Loé), Clinton Njié (Salli Edgar), Choupo Miting (Kwekeu Leonard), Vincent Aboubakar, Benjamin Moukandjo (Franck Kom).
Le choc de cette deuxième journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2015 a tenu toutes ses promesses. L’équipe du Cameroun a balayé celle de Côte d’Ivoire 4-1, et a idéalement débuté son parcours dans le groupe D. Les hommes de Renard ont coulé sous les coups de boutoir de Clinton N’Jié et Vincent Aboubakar . En plus, ils ont été sauvés par leur montant sur une frappe lointaine de Kwekeu. Titulaire surprise contre la RD Congo, Clinton N’Jié avait marqué pour sa première avec les Lions Indomptables contre la RDC. Finke a encore parié sur le jeune Lyonnais contre la Côte d’Ivoire et il a bien fait. Sur son aile gauche, il a fait des misères aux Eléphants en inscrivant un doublé. A la 14e, il a débordé et marqué d’un tir dévié par Aurier. A la 76e, il a contrôlé de la poitrine un ballon aérien d’Aboubakar et a expédié un missile sous la barre de Barry Copa. Auparavant, il avait adressé une passe décisive à Aboubakar (53e). Un peu plus tôt, il avait vu l’arbitre lui refuser un but pour un hors-jeu contestable (18e). Un match plein.
Claude KANA, consultant Camfoot
Auteur de « LA FABULEUSE HISTOIRE DES LIONS INDOMPTABLES, De Samuel Mbappé Léppé à Samuel Éto’o », paru aux Editions Teham, Paris 2014, 464 pages