Le gouvernement que l’on n’attendait plus tombe finalement. Et, une fois de plus, le président de la République déjoue tous les pronostics en nommant aux Sports et à l’éducation physique (Minsep), un ancien fonctionnaire de l’éducation. Ce dernier hérite d’un ministère à problème.
Un réaménagement pour l’urgence. Il ne ressemble pas à un gouvernement mûrement préparé. Tant la décision prise le mardi 30 juin par M. Paul Biya semble avoir été précipitée pour noyer la polémique née de la publication du rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement sur de supposés bien mal acquis du président camerounais, qui ne cesse d’enfler. Sa lecture sur les antennes de la Crtv radio, au journal de 17 h, est d’ailleurs intervenue alors que le présentateur relayait des motions de soutien par rapport à cette affaire somme toute gênante.
Pour remplacer Thierry Augustin Edjoa, le président de la République fait appel à M. Zoah Michel. Originaire du département de la Mefou et Akono, dans la région du Centre, le nouveau ministre des Sports et de l’éducation physique est un fonctionnaire qui a occupé le prestigieux poste de Directeur des Examens et concours au niveau du défunt ministère de l’Education nationale. Selon certains analystes politiques, à travers cette nomination, le chef de l’Etat entend combler le vide laissé par deux fils de ce département, Jean-Marie Atangana Mebara, ex Secrétaire général de la présidence de la République, actuellement en prison dans le cadre de l’opération Epervier et Jean Baptiste Nguini Effa, l’ex Dg de la Société camerounaise des dépôts pétroliers, limogé le 18 juin.
Thierry Augustin Edjoa, sulfureux ministre des Sports et de l’éducation physique, habitué de déclarations aussi fracassantes que contradictoires est limogé. Lui qui ne se doutait de rien le 19 juin, en serrant la main du chef de l’Etat Paul Biya, lors de l’inauguration du Palais polyvalent des Sports de Yaoundé. Vraisemblablement, son départ est dû au management de certains dossiers, dont le Programme national de développement des infrastructures sportives autour duquel persistent des rumeurs de corruption et de détournement d’environ 85 millions FCFA ayant, le 8 avril dernier, décidé le Premier ministre à dissoudre le comité interministériel chargé de sa supervision.
L’enseignant de français traînait déjà un lourd passif animé par l’affaire du dossier de recrutement, en 2007, d’Otto Pfister, l’ancien coach de l’équipe nationale de football du Cameroun. Le premier grand défi de Michel Zoah consiste justement à assainir les relations entre la tutelle et l’organe technique du football camerounais, la Fecafoot, afin de donner une nouvelle impulsion aux Lions indomptables, qui occupent actuellement la dernière place au classement général du groupe C des qualifications pour la Can et le mondial 2010. Au risque, comme ses prédécesseurs, de devenir lui aussi un ministre pour le football.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé