Coton sport de Garoua, virtuel champion du Cameroun 2003, dispute dès ce week-end sa première finale continentale. Ce sera à Casablanca au Maroc, où il affronte en match aller de la Coupe de la Caf, la troisième compétition inter-clubs organisée par la Confédération africaine de football (Caf), le Raja de Casablanca.
Ce serait bien que le représentant camerounais fasse déjà un résultat à l’extérieur avant de venir assurer son sacre en terre camerounaise e dans deux semaines. Il en a pleinement les moyens, comme il nous l’a prouvé au stade des demi-finales quand il a atomisé (3-0) le triple tenant du titre, le Club africain de Tunis, à l’aller à Garoua. Dominateur de l’élite nationale depuis sa montée en première division en 1993, Coton Sport de Garoua péchait jusque là par un parcours chaotique en coupes africaines. Cette année, il semble pourtant tenir le bon bout. Puisse sa forme actuelle lui permettre d’aller jusqu’au bout de la C3 et réhabiliter par la même occasion le football camerounais de clubs, qui n’a plus goûté à la saveur d’un titre africain depuis Union de Douala en C1 en 1981.
L’actualité, c’est aussi la rentrée des classes chez les Lions indomptables. Un retour sur le terrain qui se fera en deux étapes : au stade Gerland de Lyon (France) le 11 novembre pour rendre hommage au très regretté Marc-Vivien Foé, puis le 19 novembre à Oïta (Japon) dans un match amical contre le Japon. C’est véritablement à cette occasion que l’on saura si les Lions indomptables ont gardé le visage reluisant qu’ils ont montré au monde entier en juin dernier, à l’occasion de la Coupe des confédérations France 2003. Le sélectionneur Winfried Schäfer a pratiquement reconduit le même groupe qu’il avait convoqué il y a cinq mois et auquel il semble faire une confiance de fer, puisqu’il a publiquement rejeté l’offre de retour en sélection exprimé par le goléador Patrick Mboma. Le technicien allemand connaît son métier, et il a raison de demander qu’on le laisse constituer son équipe. Il en est le seul responsable. Néanmoins, notre métier consiste aussi à émettre des avis sur ce qui se fait dans le monde du sport. A ce titre, nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger sur certaines sélections ou omissions surprises (voir par ailleurs, en page 7).
M. Schäfer a constitué son groupe et veut cheminer avec lui, de manière disciplinée. Mais, sur le plan humain, était-il élégant de priver de sélection pour un match amical contre le japon, en terre japonaise, le seul Camerounais qui évolue dans le championnat japonais et qui y est vénéré depuis qu’il y a remporté le titre de meilleur buteur ? Pour tout ce qu’il a apporté au Cameroun, alors qu’il avait aussi la possibilité de s’égarer -comme Pascal Nouma- dans les petites sélections françaises, Patrick Mboma, qui a compris lui-même que l’équipe nationale peut se faire sans lui et qui eut la maladresse de claquer la porte à la veille de la Coupe des confédérations, méritait peut-être plus d’égards pour ce petit match symbolique.
Le football sait, heureusement, s’accomoder de ces petits conflits permanents qui lui ajoute du piquant. Le club le plus titré et le plus populaire du Cameroun, Canon de Yaoundé, est ainsi en train de vivre en ce moment des bisbilles. Le conseil d’administration, inactif de puis six ans, vient de désigner un de ses membres pour convoquer un congrès du club, qui se conformerait ainsi aux nouveaux textes de la Fécafoot.
Problème, il y a une équipe en place, qui travaille autour du directeur général depuis ce temps là, qui a remporté le titre national en 2002 et qualifié Canon pour la première fois en Champions League, et surtout qui estime que l’on cherche sans doute à lui ravir le magot issu de cette participation à la C1 (un petit pactole de 160 millions de Fcfa).
L’argent est le nerf du football. Mais, sans une bonne organisation, il ne sert pas les intérêts sportifs. Que les différentes familles de Canon s’entendent donc pour rendre la gestion du club plus rationnelle, sans que cela soit l’occasion de renverser les dirigeants en place qui ont dû faire don de leurs personnes pour que le Kpa-Kum reste debout après la démission du président du conseil d’administration Paul Eyebe Lebogo en fin 1996. De telles querelles de clocher n’ont pas encore cours au sein de Coton Sport de Garoua qui bénéficie, il est vrai, du matelas financier et de l’organisation professionnelle de son actionnaire majoritaire, la Sodecoton. Une victoire cette année en coupe de la Caf confirmera que la réussite en football aujourd’hui dépend fondamentalement de trois choses : des moyens financiers et matériels suffisants; une bonne organisation; et, naturellement, le talent des joueurs.
Emmanuel Gustave Samnick