Confisquée par un clan qui n’en fait qu’à sa tête, la sélection nationale du Cameroun ne vit que pour mimer sa propre existence. Triste ombre d’une gloire passée que des volontaires sans réel éclat, s’efforcent d’entretenir. Mais jusqu’à quand tout cela va t-il durer après l’illusion des succès de moindre envergure?
Il est des moments dans la vie, comme ceux actuellement en cours au Cameroun ayant trait à la gestion du sport roi qu’est le football, où la conjonction des faits n’est en rien favorable au bon sens et à l’opinion publique parce que d’une part, elle épuise les patiences et d’autre part irrite de manière inacceptable de nombreuses consciences.
Le chamboulement et la nouvelle redistribution des rôles au sein de l’équipe nationale en cette phase ultime de qualification à la coupe d’Afrique des nations, participe justement de ces genres de moments là. Entre l’écriture à l’envers de la destinée des lions indomptables par un charlatan bien encadré par ses commanditaires et la saine colère que tout un chacun peut éprouver de voir un instrument de souveraineté comme cette équipe là être triturée d’aussi légère manière, il y a un étonnement qui revient en permanence et des questions auxquelles on ne peut et ne doit plus se dérober: l’équipe nationale est-elle encore la propriété de l’ Etat du Cameroun ou celle d’un clan décidé à en faire ce qu’ils veulent? Plus surprenant aussi, y a -t-il au sein de cette équipe là même, une âme et des fiertés pour accepter les outrages qu’on leur fait subir? C’est à douter et bien pathétique à la fin.
La conjonction des faits disions-nous n’est en rien favorable à tous les égards. Ces mic-macs se passent à un moment où les engagements de l’équipe n’ont rien de périlleux. Rechercher sa qualification face au Cap-Vert est une sinécure pour laquelle on peut se permettre des extravagances. Il en irait autrement s’il s’était agi d’un autre calibre de pointure respectable sur la scène africaine. Je pense précisément à la Côte d’ivoire, à la Zambie, au Sénégal et à L’Egypte de nos cauchemars. Se serait-on permis de laisser en rade les atouts majeurs de cette équipe quand l’évidence de la qualification n’était pas quasi acquise et le spectre d’une défaite plus menaçant?
Le langage selon lequel nul n’est indispensable dans la sélection est le raccourci qu’on se donne à la fédération pour valider la gestion à la petite semaine de l’équipe nationale. Celle qui privilégie l’instant à la durée et fait les affaires de tous ceux-là qui n’ont de vision pour le football camerounais que les privilèges immédiats qu’ils peuvent engranger. C’est vrai nul n’est indispensable à quelque niveau que ce soit. Mais est-ce de cela qu’il s’agit?
Que de maux non soignés!
Il nous semble que le malaise dans l’ensemble, c’est cette gestion à l’emporte pièce de l’équipe nationale qui en maintes occasions a étalé sans honte à la face du monde, les récurrents problèmes de primes impayées, mal payées ou payées à retardement sous le coup de la menace.
Gestion de flibustiers qui à tous les coups quand elle s’y prend à mener une quelconque négociation, flanque l’image du pays dans la boue et laisse traîner autour de l’équipe nationale, la sulfureuse réputation d’équipe incertaine quant à ses engagements.
Gestion de maîtres chanteurs aussi, qui excipe le patriotisme à tout va pour mieux faire marcher à la baguette, les nombreux postulants à la célébrité que sont nos jeunes footballeurs et faire taire quelques lucides qui pensent qu’on peut faire mieux que ce programme d’indigences qui est en permanence proposé.
Gestion de division enfin, qui se plaît à monter les joueurs les uns contre les autres, à encourager des rapprochements délationnistes et à créer autour des faits anodins,des conditions inélégantes de bannissement.
Pour sûr, le Cameroun en deux rencontres trouvera le moyen de se qualifier pour la coupe d’Afrique des Nations. Dans l’euphorie immédiate qui s’en suivra, l’on s’accommodera comme d’habitude des chamboulements intervenus entretemps sans trop se questionner sur leur pertinence, leur légalité ou leur simple opportunité. Seuls pourront troubler cette sérénité de façade, les surprises comme celle en rapport avec la défaite prise contre la Libye en Tunisie ou le bilan à redouter d’une coupe d’Afrique des nations calamiteuse. Perspective peu réjouissante qu’aucun camerounais digne de ce nom ne saurait encourager ni envisager. On n’a pas encore franchi le rubicond des vœux insensés de défaites pour voir les choses forcément bouger. Et Dieu seul sait si les actes posés au jour le jour ne nous y poussent pas en désespoir de cause!
Les camerounais rêvent d’une équipe nationale apaisée, redevenue conquérante par agrégation autour d’un groupe compact de tous ses meilleurs talents. Et non d’un groupe disparate au sein duquel des rancœurs sont ruminées, des égos froissés, des clans développés et même une sournoise forme de discrimination entretenue à l’égard de quelques uns dont le malheur est de n’être pas né au pays. Ce rêve évidemment appelle une action d’autorité dont l’urgence est de faire rendre gorge aux gestionnaires actuels qui surfant sur la notoriété de l’équipe, se contentent des maigres acquis encore prenables alors même qu’il y a mieux à récolter si un petit effort de diligente gestion était mené. Ce qu’il ne faudrait surtout pas avaliser après coup, c’est cette espèce de non respect du parallélisme des formes dans les procédures et le choix d’une terre étrangère pour porter à l’attention de peuple concerné, une décision d’importance qui redéfinit les rôles en sélection nationale. L’effet anesthésiant des succès ne doit pas empêché les pouvoirs publics de remettre les pendules à l’heure sur bien de points avec lesquels d’imprudentes libertés semblent être prises.
Par Edgar Zacharie Yonkeu