L’Argentine de Lionel Messi a gagné le droit de défier l’Allemagne en finale du Mondial-2014, mercredi à Sao Paulo, pour un remake de celles de 1986 et 1990, en s’imposant face aux Pays-Bas au bout du suspense (0-0 a.p., 4-2 t.a.b), au terme d’une rencontre terne et extrêmement décevante sur le plan du jeu.
La vedette du FC Barcelone n’a donc plus qu’une étape à franchir pour rejoindre dans les annales l’idole du peuple argentin, Diego Maradona, sacré en 1986. Il aura d’ailleurs l’occasion de venger l’honneur du «Pibe de oro», en larmes après son revers contre la Nationalmannschaft quatre ans plus tard (1-0), et tentera ainsi de décrocher enfin cette troisième étoile qui se refuse depuis 28 ans à son pays.
Il peut d’ores et déjà remercier Sergio Romero, le héros improbable du match. Remplaçant à Monaco, le gardien argentin a repoussé deux tirs au but néerlandais à l’issue de la prolongation, accaparant enfin la lumière après avoir été tapi dans l’ombre à Monaco en club. Une revanche éclatante pour le portier, qui a ciré le banc toute la saison en Ligue 1, le championnat français.
Mais qu’importe la manière et qu’importe l’identité du sauveur: l’Argentine est en finale au Brésil, son plus vieil ennemi, et cela suffit au bonheur des partisans de l’Albiceleste, en nombre à l’Arena de Sao Paulo. Le dernier trophée majeur des Argentins date de 1993 (Copa America), c’est dire l’excitation des fans avant le grand soir prévu dimanche au Maracana de Rio de Janeiro.
Les Pays-Bas, vice-champions du monde, ne sont eux pas parvenus à rééditer leur performance de 2010 et vont de nouveau quitter une Coupe du monde sans trophée, une mauvaise habitude que la science de Louis Van Gaal et le talent d’Arjen Robben n’ont pas réussi à effacer.
Vingt-quatre heures après l’humiliation infligée par l’Allemagne au Brésil sur son sol (7-1), le spectacle n’a pas été au rendez-vous sous la pluie battante de Sao Paulo. On attendait notamment le duel haut de gamme entre les deux grandes vedettes du tournoi, Lionel Messi et Arjen Robben. Les deux vedettes ont été quasiment invisibles.
Messi et Robben transparents
«Leo» a eu la désagréable surprise d’apprendre la titularisation du rugueux Nigel De Jong, chargé de lui gâcher la fête. Quatre ans après son geste de kung-fu en finale de la Coupe du monde sur le torse de Xabi Alonso, le milieu de Manchester City a parfaitement rempli son rôle en muselant la «Pulga» argentine sans avoir besoin de sortir la boîte à gifles.
Messi a bien essayé quelques percées mais son influence a été minime sur le jeu de son équipe, deux, voire trois joueurs adverses le prenant systématiquement au marquage. D’un point de vue tactique, le 3-5-2 de Louis Van Gaal a fonctionné et Ron Vlaar, la tour de contrôle batave, a beau ne pas être le plus rapide des défenseurs, il n’a pas connu trop de soucis pour annihiler les rares actions argentines.
Sans Angel Di Maria, forfait, et avec un Kun Agüero blessé à la fin du premier tour et entré trop tardivement (82e), les troupes d’Alejandro Sabella ne pouvaient s’en remettre qu’au génie de Messi. Mais celui-ci n’avait plus la force pour être l’homme à tout faire de son équipe, après l’avoir porté à bout de bras durant quatre semaines. Côté argentin, c’est surtout Javier Mascherano qui s’est distingué au milieu dans son rôle de sentinelle.
Robben a été encore plus transparent. Le supersonique attaquant «oranje» représentait la principale menace pour une défense albiceleste réputée friable. Il n’a jamais réussi à faire de grosses différences balle au pied.
Un coup-franc sans conséquences de Messi (14e), une tête d’Ezequiel Garay, largement au-dessus (24e), deux tentatives lointaines de Sneijder (12e, 49e) et deux balles de match gâchées par Gonzalo Higuain (76e) et Robben (90e): c’est tout ce que le public a eu à se mettre sous la dent en 120 minutes avant la dramatique séance de tirs au but.
Un menu d’une pauvreté affligeante pour une demi-finale d’un Mondial, surtout après le festival allemand de la veille. Que le héros de la rencontre ait été un gardien oublié dans le Championnat de France suffit à décrire le niveau d’ensemble de la partie. Mais l’Argentine n’en a cure. Elle est à une marche du sommet.