C’est un Clovis Tchoumba moralement diminué que nous avons rencontré à Dschang. Dans le restaurant de fortune où il tire sa pitance quotidienne, l’absence des clients vient davantage réveiller dans sa mémoire, les misères qu’il a connues pour mettre son fils dans les conditions idoines pour réaliser son rêve de devenir professionnel. Assis sur une chaise, la tête obliquement inclinée, est soutenue par sa main droite. Clovis a l’air anxieux et pensif.
Pourtant il y a quelques années, il croyait s’être ouvert à lui, la voie de la providence quand son fils réussissait avec brio des tests pour intégrer la Kadji sport academy (Ksa) comme boursier. « En 2013, mon fils est allé faire des tests à la Kadji Sport Academy (Ksa). Et il a été sélectionné comme boursier à 100%. Je me suis donc rendu à la Ksa en compagnie de son coach de Dschang à savoir Honoré Ketcha. Là-bas ils m’ont confirmé que mon fils était à 100% boursier et nous avons fait les contrats », explique-t-il. La joie d’avoir son rejeton dans ce prestigieux centre qui a formé plusieurs footballeurs de renom au Cameroun, allait malheureusement être très éphémère. « Curieusement deux mois, plus tard, les responsables de la Ksa me font appeler pour m’informer qu’il fallait que je paye 500 000 Fcfa l’année, puisqu’ils avaient beaucoup de charge. J’ai répondu à Mr Gilbert (Gilbert Kadji, ndlr) que je ne pouvais pas parce que je n’exerçais rien. Ceci en réalité, était un rappel parce que j’avais dit la même chose au moment de la signature du contrat », poursuit ce parent. Néanmoins, la détermination de l’enfant de suivre sa formation dans ce centre et quelques conseils de proches, vont le pousser à faire quelques concessions. Ainsi, il accepte régler la somme exigée en nature, soit 145 kg de tomates chaque mois. Alors qu’il peinait à honorer cet engagement, il sera sommé de payer 2.400.000 Fcfa. « L’année qui précédait, j’ai reçu un appel de la secrétaire de Gilbert Kadji qui me faisait savoir que si je ne pouvais pas donner 2.400.000 Fcfa, que ça ne valait plus la peine que mon retourne à la Ksa parce qu’il est désormais pensionnaire », informe-t-il. Incapable de payer cette somme, son fils est mis à la porte bien que son contrat n’était pas arrivé à son terme.
Carrière compromise
En plus d’en vouloir à la Ksa pour non-respect des clauses contractuelles, Clovis Tchoumba s’offusque également de l’incidence négative que cette situation a engendrée sur la carrière de son fils. Depuis confie-t-il, aucun club ne veut prendre le risque d’engager son fils sans une libération formelle de la KSA. Les procédures engagées dit-il, au niveau des tribunaux n’ont jamais prospéré pour des raisons qui restent jusque-là un mystère.
Gaël Tadj, de retour de Dschang