L’entraîneur de football fait une analyse de la prestation de l’équipe nationale du Cameroun ce mercredi face à la Côte d’Ivoire à Abidjan lors de la dernière journée des éliminatoires de la CAN2015.
Quelle appréciation faites-vous de la rencontre qui s’est disputée entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun ?
C’est l’appréciation d’un match qui était pratiquement joué à l’avance, parce que même en cas défaite, le Cameroun restait premier et la Côte d’Ivoire allait être deuxième. Je dois dire qu’il y avait un défi au préalable, parce qu’après le ridicule qu’a frôlé la Côte d’Ivoire ici au Cameroun lors du match aller, 4 buts à 1, les Ivoiriens en avaient en travers de la gorge de prendre leur revanche. A partir de là, c’était tout un autre match, au-delà de la qualification recherchée. Les Lions Indomptables ont été assez costauds dans le moral au cours de ce match, après le carton rouge direct reçu par Stéphane Mbia. Ce carton rouge, à mon avis, n’avait pas sa place.
On a vu la Côte d’Ivoire terminer le match avec la passe à dix dans son camp, ne voulant plus attaquer. Est-ce parce qu’elle a trop respecté le Cameroun ?
A ce stade de la compétition, un match nul les qualifiait toujours. Donc, les Ivoiriens restaient deuxièmes. Ils ont essayé de pousser pour arracher la victoire et ils ont senti qu’il y avait une résistance en face. Ils se sont dits qu’il n’est plus bon pour eux de prendre risque, parce qu’ils pouvaient prendre un but assassin du Cameroun. Et ça devait remettre en cause la qualification, puisqu’ils étaient au courant que la RdC menait sur la Sierra Leone (2-1) de l’autre côté. Ils ont donc compris qu’aux arrêts de jeu, tout est plié et il faut gérer ce score (0-0) sur le terrain qui les qualifiait.
Comment avez-vous trouvé l’équipe du Cameroun ?
Les Lions Indomptables étaient en place. J’ai trouvé une équipe qui est en train de roder ses automatismes ; une équipe qui a joué avec un bloc médian et lorsque l’adversaire traversait le rond central, elle attaquait, anticipait. On a vu une équipe assez explosive. Nous avons joué carrément sur attaque placée et sur des contres. Je crois que c’est une jeune équipe, qui a besoin davantage d’être encouragée. Je crois que d’autres éléments qui n’ont pas encore rallié l’équipe – je pense ici aux jeunes comme Breel Embolo, Ntep et bien d’autres – vont venir renforcer davantage ce bloc-là. C’est une équipe d’avenir qui, à mon avis, a été performante au cours de ces éliminatoires. Ça faisait très longtemps que le Cameroun n’avait plus joué une phase éliminatoire au point où avant le dernier match de poule nous étions premiers sans concurrent. Ces enfants commencent à nous faire rêver. Il faut simplement que le sérieux dans l’encadrement qui est de mise puisse être davantage pour que nous puissions compter avec ce groupe lors de la phase finale de la CAN dans un mois.
Le renfort de cette équipe avec des éléments nouveaux est-il impératif ?
Il faut renforcer ce groupe, parce que c’est un jeune groupe qui est ambitieux. Vous allez remarquer qu’à certains postes il y a des joueurs euphoriques et qui sont encore en quête d’expérience. On a besoin absolument de renforcer, parce que même si on a été premier du groupe D sans concurrent, cette équipe reste fragile. Il faut maintenant les suivre au cours de la compétition où les matchs se disputent avec des écarts de trois jours. Est-ce que la résistance serait la même que lorsqu’on a joué deux matchs d’affilée et le troisième après un mois. Il y aura une différence nette et il faudra être assez costaud et pouvoir gérer la compétition au niveau mental. Déjà, si Mbia est absent au premier match, il faudra trouver un palliatif. Peut-être ça pourra ouvrir une voie à un autre jeune. Mbia, c’est un milieu de terrain costaud, parce qu’il est un buteur. On pourra avoir un autre défenseur central qui puisse nous permettre d’avoir le capitaine dans l’entrejeu.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé