L’entraîneur de football fait une analyse du tirage au sort et parle des chances du Cameroun à cette Can 2015. En même temps, il conseille à Volker Finke, le sélectionneur des Lions Indomptables de ne négliger aucun détail dans la préparation de son équipe
Quel commentaire faites-vous au terme de ce tirage au sort de la Can 2015 qui s’est déroulé ce mercredi à Malabo ?
Dans l’ensemble, je dirai que le tirage au sort a été favorable au pays organisateur. La Guinée équatoriale (Poule A, avec Congo, Gabon et Burkina Faso, ndlr) est tombée dans une poule assez moyenne. Du moment où le pays organisateur est toujours attacheur de la compétition, il faut bien qu’il soit présent pour que la ferveur populaire garde son intensité. Il y a la poule C qui peut être considérée comme le groupe de la mort, avec le Ghana, le Sénégal, l’Afrique du Sud et l’Algérie. C’est quand même des ténors. A partir de là on comprend que c’est une Coupe d’Afrique des nations qui sera très enlevée et en ce moment on ne peut pas s’aventurer à dire qui sera le futur vainqueur. On aura droit à des matchs très disputés dans les 90 minutes de jeu lors des rencontres de groupe.
Peut-on dire que les Lions Indomptables sont bien tombés dans la poule D ?
Quand on fait un parcours comme celui du Cameroun aux éliminatoires de cette compétition, on peut légitimement dire qu’on est prêt à affronter n’importe quelle équipe au niveau de l’échiquier africain. On est retombé sur la Côte d’Ivoire qui est bien connue. Nous nous sommes rencontrés deux fois pendant les éliminatoires et ce sera une retrouvaille. Il y a un nouveau venu, la Guinée Conakry qu’on ne maîtrise pas beaucoup et qui peut être l’invité surprise par rapport à cette Can qu’on peut considérer comme un outsider. Il y a le Mali qui est déjà présent à trois éditions consécutives de la Can. Il faut faire attention à une équipe comme celle-là. L’événement pour ces deux équipes serait de gagner le Cameroun.
Quels sont donc les chances des Lions Indomptables dans leur groupe où ils retrouvent la Côte d’Ivoire ?
Le Cameroun a des arguments à faire valoir dans ce groupe et ce sera à nous d’imposer le rythme pour pouvoir prendre des distances par rapport aux autres équipes, si nous voulons continuer ce qu’on a bien commencer lors des éliminatoires.
Si vous aviez un conseil à donner à l’entraîneur des Lions indomptables, que lui diriez-vous ?
Je dois dire au sélectionneur du Cameroun de ne pas se contenter du parcours lors des éliminatoires. Il faut une refonte. C’est vrai que matériellement en temps nous sommes dans les limites. Mais, il faut rouvrir et donner le maximum de chance à toutes les compétences nouvelles qui peuvent porter les emblèmes vert, rouge, jaune avec une étoile dorée, donner le maximum d’ouverture à ceux qui n’ont pas pu avoir le maximum de temps de jeu de prouver de quoi ils sont capables. Et ce au travers de quelques matchs amicaux dans les jambes. En club, les joueurs font pas mal de matchs. Mais, il faut tenir compte du temps de jeu de chaque joueur. Ce paramètre va beaucoup jouer, parce que nous allons faire dans cette compétition des matchs à l’écart de trois jours, maximum quatre. Tout cela va solliciter la vitesse maximale aérobie ; il y a l’aération du cœur, la régénération du foie et la récupération nerveuse qui seront de mise. Et à partir de là tous ces facteurs sont liés à la jeunesse. Donc, il faut les jeunes pour pouvoir participer à cette belle fête. Comme nous sommes à la refondation, il doit être favorable à la jeunesse et ne négliger aucun moyen pour donner la place que chacun mérite pour cette équipe nationale.
Comment aborder le match cette fois-ci contre la Côte d’Ivoire qu’on a affrontée en match éliminatoire et qu’on se retrouve maintenant dans un autre cadre ?
Il faut partir d’un adage qui dit que lorsqu’on blesse un ennemi on l’achève. Cette Côte d’Ivoire a frôlé le ridicule à Yaoundé face aux Lions Indomptables. A Abidjan au match retour, elle a essayé d’accélérer, mais le Cameroun a résisté. Même en infériorité numérique, le Cameroun a tenu. Hervé Renard est ce qu’on appelle dans le jargon des entraîneurs, un des grands tacticiens. Je sais qu’il va aller chercher au fond de son inspiration pour pouvoir résoudre l’équation camerounaise. A nous de pouvoir garder notre suprématie et démontrer que la domination en éliminatoire n’était pas un fait du hasard. Ce sera à nous d’imposer le rythme dans ce match pour montrer que la côte d’Ivoire ne peut plus être cette nation qui devrait survoler l’espace du Cameroun comme par le passé. Mais, on doit faire attention à cette équipe que nous avons gagnée en un match et demi. La Côte d’Ivoire va venir avec un nouveau souffle, une nouvelle mise en place, un nouveau dispositif tactique dans une nouvelle animation. Donc, nous devons faire attention, pour ne pas être mené au score. Elle a terminé les éliminatoires avec la meilleure attaque et n’entend pas s’arrêter ainsi. Si elle parvient à mener, ça peut être dangereux pour nous. Il faudra les contenir et imposer le rythme comme nous l’avons fait, en dédoublant sur les côtés et en maximisant sur le marquage individuel dans l’entrejeu. Et vous comprenez très bien que cette troisième confrontation ne sera pas une partie de plaisir.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé