Qu’Est-ce qui a marché et qu’est-ce qui a moins bien marché. Notre analyste, entraîneur de football, fait une analyse du jeu des Lions Indomptables contre les Leone Stars de ce mercredi au stade Ahmadou Ahidjo. Que pense t-il des décisions de Finke ? Réponses…
Les Lions ont-ils comblé les attentes ?
Je l’ai dit la dernière fois après le match de samedi, qu’il fallait imposer le rythme dès l’entame de la partie. Et j’étais convaincu que cette équipe sierra léonaise allait craquer et c’est ce qui s’est passé, même si à la deuxième manche, je n’ai pas compris comment le coach a ramené le bloc bas. Je pense qu’on aurait pu tenir avec le bloc médian et nous avons eu la chance qu’il y a eu un joueur de moins chez nos adversaires. Ça fait aussi partie des défauts de coaching de la part de l’entraîneur sierra léonais. Je dis bravo aux jeunes qui ont démontré aujourd’hui qu’on est en reconstruction. Je n’aime pas trop parler de reconstruction, parce qu’en terme d’équipe nationale elle se passe dans les catégories inférieures. J’aime plus parler de la réforme, qui est en train de prendre forme dans cette équipe. Qu’on permette seulement à ces gens de travailler, même s’il y a encore de petits remous. Au niveau du travail de récupération de ces joueurs, il y a encore quelque chose à faire.
Cette victoire est comme si elle était méritée ?
Elle est méritée, parce qu’on a senti l’engouement, l’envie. Nous avons joué dans un 4-2-3-1 et on a vu la deuxième ligne, derrière Kwekeu (Njié clinton, Choupo-Moting et Moukandjo) créer des mouvements qui ont certainement perturbé le bloc sierra léonais. C’est ça qu’on demande. C’est l’audace, c’est la témérité qui a été recommandée ici. Je pense que le tandem défensif sierra léonais a été obligé d’être bousculé et avant qu’il ne réalise qu’il jouait véritablement face au Cameroun, ils avaient déjà pris deux buts et ils pouvaient même en prendre cinq, même trois si Kweuke n’avait pas refusé de placer le ballon à Njié après avoir fixé le gardien de buts adverse. Mais, il y a encore beaucoup de choses à faire.
Quelle appréciation faites-vous de cette stratégie consistant à mettre un latéral gauche (Oyongo Bitolo) à droite au cours de ce match ?
Le Danemark a joué comme cela à une phase finale de Coupe d’Europe. C’est une arme qui permet à ces gauchers qui jouent à droite de pouvoir rentrer de l’intérieur. Il ne fait plus de dédoublement sur les côtés, mais à l’intérieur pour se mettre en position de frappe. Le jeune Oyongo a prouvé qu’il était un joueur coordonné et qu’il pouvait jouer des deux pieds. Il a effectué au moins quatre retraits du pied droit. C’est un argument de plus que nous avons découvert ce soir.
Peut-on dire aussi que l’entraîneur a tiré les leçons du premier match ?
Je crois que l’entraîneur a eu l’occasion de revisionner ce match en le découpant et il a compris là où il fallait toucher fondamentalement ce tandem défensif sierra léonais, avec un capitaine solide, qui, au-delà de la subtilité qu’il incarne, est intelligent. C’est déjà bien. Mais, nous devons continuer à travailler, parce que le plus dur est en train de commencer.
Comment avez-vous trouvé la défense ?
Le gardien Fabrice Ondoa est resté égal à lui-même. Il n’a pas été beaucoup inquiété. Dans ce compartiment, je suis toujours convaincu que Mbia ne joue pas à son poste. Il est en train de dépanner dans l’axe central. C’est un joueur qui nous manque dans l’entrejeu, parce qu’il a une capacité de bousculer l’adversaire à partir du milieu de terrain. Avec Nkoulou, ça essaye de marcher. Mais, nous ne pouvons pas faire une compétition avec cette paire. Je suppose que c’est en attendant l’arrivée de certains de nos défenseurs centraux tels que Matip, titulaire à Schalke 04. Les deux latéraux ont fait leur boulot sans prendre de risque. Dès lors qu’on n’a pas encaissé de but, cela veut dire que la défense a assuré.
Que dire du milieu de terrain ?
Les deux milieux récupérateurs ont essayé de jouer leur rôle. Enoh Eyong travaille énormément. Il bouscule et essaye toujours d’anticiper. Mandjeck qui a essayé de monter en profondeur a su que lorsqu’Enoh passe en profondeur, il doit jouer en largeur. Ils se sont bien compensés. Choupo-Moting a été un peu inerte. Mais, sur quelques occasions il a démontré qu’il reste un joueur expérimenté. Dans les couloirs, que ce soit Njié ou Moukandjo, ils ont essayé mais, c’était toujours difficile, parce que par les dédoublements, les Sierra léonais ont essayé toujours de panser. Donc, c’est un pansement tactique qu’ils ont mis sur pied.
Et l’attaque a-t-elle tout de même assuré ?
Kweuke a essayé de se battre. Il a joué son rôle en étant égal à lui-même, même si je pense qu’il a eu des minutes de trop. A mon avis, il aurait pu sortir après 75 minutes et permettre à un joueur au sang neuf de pouvoir accélérer le jeu.
On a vu aussi une variation du dispositif sur le terrain à la fin du match…
On a été obligé de terminer le match en 4-4-2, parce qu’à mon avis, on n’avait plus grand-chose à démontrer. Il fallait laisser l’adversaire venir et essayer de le contrer. Mais, le système du bloc bas que le coach a opté m’a paru un peu anormal, parce que nous avons reculé dans notre camp. J’aurais préféré un bloc médian, qu’on attende à partir de l’entrejeu et les presser. En arrachant le ballon on procède soit par une attaque placée ou une attaque rapide. Descendre complètement pour jouer en contre, c’est partir de très loin et ça épuise énormément les joueurs. C’est pour cela qu’on a eu l’impression que les joueurs étaient émoussés.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé