Pour l’entraîneur de football, la défaite du Cameroun ce dimanche face aux Eperviers du Togo (0-2) peut être fatale dans la suite des éliminatoires du Mondial 2014, pour les Lions Indomptables.
Comment avez-vous accueilli la défaite des Lions Indomptables face aux Eperviers ?
En tant que technicien et Camerounais, j’ai accueilli cette défaite avec beaucoup d’amertume. C’est quand même très regrettable. Avec les bouleversements qui sont arrivés à un moment où l’équipe se trouvait sur une bonne dynamique, il me semble que c’était inopportun de faire ces changements. Nous restons néanmoins sous l’angle de la positive attitude. Nous avons un match aussi capital qui va suivre, contre la RD Congo. Il faut oublier cette défaite et passer au prochain match, qui nous permettra de prendre de la distance, puisque nous sommes à égalité des points avec le premier du groupe. La suite va être plus déterminante. Toutefois, on constate que c’est une jeune équipe, qui n’a pas passé beaucoup de temps ensemble. Avec ce ton qui est donné, je crois que le prochain match leur permettra d’avoir une meilleure cohésion.
Les Lions avaient pourtant l’occasion de prendre de l’avance dans le groupe, après ce match nul entre la Libye et la RD Congo…
Nous avons justement manqué la plus belle occasion de prendre de la distance. Parce que la victoire contre le Togo aurait découragé nos poursuivants. Or, avec cette victoire du Togo qui revient dans la danse, les quatre sélections de la poule ont encore chacune sa chance. Et c’est une situation qu’il fallait éviter absolument. Nous avons commis un énorme péché qui risque de nous pousser en enfer.
Est-ce que la forte présence des jeunes dans cette équipe n’a pas impacter sur la qualité du jeu ?
Forcément! Le Togo sort de la plus grosse compétition continentale. Donc, c’est une équipe compétitive, qui a plus de matches que le Cameroun. Les joueurs évoluent ensemble depuis un bon bout de temps. Les Lions qui ont été alignés hier font à peine leur premier pas ensemble. L’encadrement technique aurait, par mesure de prudence à mon avis, gardé les automatismes qui s’étaient déjà développés entre certains joueurs. Pareil pour les postes. Prenons celui de Dany Nounkeu. C’est un joueur très talentueux, mais je pense qu’il ne maîtrise pas encore le poste d’arrière droit. Si Allan Nyom qui est un spécialiste de ce côté-là n’est pas aligné, je me dis qu’il y a une question à se poser. On aurait pu bénéficier de son expérience à ce poste. Evidemment, nous sommes arrivés à Lomé avec un visage dévoilé. Nous avons des joueurs qui ne font plus peur à personne. Cette leçon démontre que le Cameroun est très affaibli, et plus que jamais appelé à faire vivement face aux défis qui l’interpelle. Et que les querelles inutiles cessent de nous ralentir, et à nous conduire vers un éternel recommencement sur le banc de touche.
Ne pensez-vous pas que l’absence de joueurs comme Samuel Eto’o a joué en la faveur des Togolais ?
Absolument! La psychologie est un des éléments qui caractérisent les joueurs de haut niveau. Il y a quelques jours, lorsque les Togolais ont appris que Samuel Eto’o était blessé, ils ont jubilé. Et lorsqu’ils ont appris pour le match nul entre la Libye et la RD Congo, ils ont également ouvert un champagne. Parce qu’ils se sont dit que c’était possible de faire un bon résultat, sans Samuel Eto’o. Sachant que c’est une nouvelle attaque camerounaise qui allait être mise sur pied, les défenseurs Togolais n’avaient pas de raison d’être inquiets, psychologiquement. Dommage pour nous qui n’avons pas su exploiter l’absence d’Adébayor. Je pense qu’il est question de remettre en cause toutes les évidences si nous voulons atteindre des objectifs. J’estime que les décideurs doivent retenir la leçon, et comprendre qu’aucune nation n’est devenue grande parce que les étrangers sont venus la transformer. Cela revient aux citoyens de cette nation. Les entraîneurs de notre pays ont aussi le droit de pouvoir prédestiner au destin du football camerounais.
Quelles sont selon vous les chances du Cameroun pour la suite ?
Le Cameroun peut encore se qualifier. Les Lions ont encore des cartouches à mon avis. Il faut une bonne dose de munition psychologique. Parce que lorsqu’on se fait battre deux buts contre zéro par le dernier du groupe, ça donne l’occasion aux autres de penser que nous sommes devenus vulnérables. Mais nous devons garder espoir. Et surtout crever l’abcès tant qu’il est encore temps. Car au niveau environnemental de l’équipe nationale, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de choses à améliorer. L’heure n’est plus au jeu, mais au professionnalisme. Les joueurs sont des professionnels, et il serait hors de question qu’ils soient entourés par ceux-là qui n’ont pas l’expertise requise pour occuper les postes qu’ils occupent actuellement.
Mené par Arthur Wandji à Yaoundé