Au lendemain de l’élimination des Lions Indomptables, le Minjes a mis joueurs, encadreurs et la Fecafoot devant la barre. Dans une ambiance de comédie et d’accusations. De toutes les interventions qui ont ponctué ce procès organisé par Bidoung Mkpatt, c’est celle du représentant de la présidence de la République Me Hannack, qui a retenu l’attention.
Il a souligné d’emblée l’inopportunité d’une telle initiative de bilan ou les observations ne pouvant objectivement être faits. Mais à la suite de son propos, Me Hannack n’a pas manqué d’épingler avec philosophie les joueurs et les encadreurs. Il a souligné qu’il y a plusieurs façons de perdre et qu’on peut perdre avec manière et qu’en toute chose il y a la parole, l’action et la volonté, l’harmonie entre les trois éléments étant nécessaire pour l’aboutissement de toute chose. Or, selon lui, c’est ce qui a manqué à l’équipe nationale du Cameroun. Ce brillant exposé de Me Hannack a ravivé toutes sortes de commentaires sur l’incompatbilité d’humeur entre lui et Bidoung Mpkatt. Ce d’autant que, pour conclure son propos, ce matin là à l’hôtel El Mouradi. Me Hannack a déclaré “ Je n’ai pas grand chose à dire. Je suis ici pour écouter”. Ecouter et tendre compte. A titre de rappel, les rapports entre Bidoung Mpkatt et Me Hannack sont tendus depuis que le Minjes l’avait écarté de l’encadrement médical des Lions au profit de Olivier Assamba.
En dehors de cette brillante leçon de Hannack, toutes les autres interventions ont tourné à l’hypocrisie et à la démagogie. C’est ainsi que le représentant de la Primature a eu la maladresse de déclarer que “le peuple dans son ensemble a compris que ce sont des situations qui pouvaient arriver et qu’il n’en voulait pas aux joueurs il tenait cette certitude, disait il d’une discussion qu’il avait eu pendant plus d’une heure au téléphone avec quelques personnes au pays. Une déformation de la réalité qui donnait raison a ceux qui ont estimé que cette réunion n’était d’aucune importance et c’est peut-être pour cela qu’elle avait été boycottée par les joueurs comme Eto’o qui ont choisi de rejoindre précipitamment leur club. Si les représentants de la présidence et de la Primature n’avaient qu’un avis à donner, tous les autres ont eu à s’expliquer sur plusieurs interrogations du Minjes.
Les promesses de Song et Schäfer Interpellés par le Minjes sur les raisons de la débâcle de l’équipe nationale, Rigobert Song et Winfried Schäfer ont utilisé la langue de bois et versé dans une démagogie. Le capitaine des Lions a utilisé le mot facile de “malchance” pour expliquer une débâcle qui a ses causes dans l’ambiance du groupe. En outre, Song a tenu à remercier, comme c’est devenu une habitude chez lui, le gouvernement pour tous les ‘efforts”. Lesquels efforts ne leur ont pas permis de remporter un trophée à leur portée! Rigobert Song a donc avoué la faiblesse d’une équipe qui avait tous les moyens à sa disposition. Le capitaine s’est davantage noyé promettant de faire mieux la prochaine fois une façon claire d’implorer son maintien dans le groupe. Pour un propos d’après défaite, il a passé le temps à envoyer des fleurs au gouvernement et à faire des promesses alors que la commodité commandait qu’au regard de sa prestation, il dise plutôt au revoir à la sélection. Schäfer a surfé sur la même logique, à la seule différence que l’Allemand a eu le courage d’accuser ses joueurs. Winfried Schäfer a avoué au Minjes que ses joueurs ont manqué d’engagement et de discipline. Et pour résoudre ce problème, il a promis très prochainement injecté du sang neuf dans l’équipe. Voilà un entraîneur qui vient reconnaître sur le tard ce qui était un secret de polichinelle. Si les joueurs manquent d’engagement, deux facteurs peuvent l’expliquer: l’incompétence de l’entraîneur qui ne leur tient pas le discours qu’il faut et la mauvaise sélection. Dans les deux cas, la responsabilité de l’entraîneur est établie. En rapportant des cas d’indiscipline au lendemain de l’élimination, Schäfer a avoué à Bidoung Mkpatt que certains joueurs ne viennent pas à temps aux regroupements. Qu’a-t-il fait pour sanctionner ces cas d’indiscipline? Quel est subitement ce sang neuf que Schäfer compte injecter dans le groupe alors qu’on en avait besoin pour remporter la Can? Son propos devant le Minjes lui, ressemblait a un aveu de culpabilité et à une demande de pardon.
Les inquiétudes de Milla. Alors que ceux à qui le Minjes donnait la parole. Scrutaient les causes de la débâcle, Roger Milla a plutôt évoqué le cas Patrick Mboma qui, à ses yeux, est très préoccupant. L’ancien goléador des Lions a dit séance tenante au Minjes qu’il fallait tout faire pour empêcher Patrick Mboma de rester sur sa décision de quitter la sélection nationale après cette Can. Précisons que l’inquiétude de Roger Milla n’avait aucun souci sportif, simplement, il redoutait la réaction du public camerounais, il a en effet déclaré qu’ils pourraient être pris à partie par les journalistes qui pourraient établir un parallèle entre son départ et la mauvaise gestion de l’équipe nationale. Mais, malgré ses lamentations, Patrick Mboma qui prenait part à la réunion et ne semblait pas influencé par les propos de Roger Milla, n’est pas revenu sur sa décision, du moins officiellement. Quant à la Fécafoot, Bidoung Mkpatt n’a pas du tout été tendre vis-à-vis d’elle. Tout en demandant des explications sur l’environnement des Lions, il s’est indigné que le nom du Cameroun soit beaucoup plus évoqué dans des problèmes de maillots avec la FIFA et la Caf, alors qu’on a beaucoup plus besoin de victoires. De manière très polie, Bidoung Mkpatt accusait la Fécafoot d’être responsable en grande partie de l’atmosphère de marketing pollué autour des Lions indomptables.
Cette séance de travail, à laquelle étaient exclus les journalistes de la presse privée camerounaise, s’est achevée sur une comédie de Bidoung Mkpatt qui jouait au mannequin devant les quelques photographes femmes qui s’affairaient autour de lui. Normal, il fallait détendre l’atmosphère.
Fair-play: André Nguidjol s’accuse !
La honte est le domaine privé de certaines personnes, parce qu’il y en a qui l’ignorent soit pour masquer leur incompétence soit pour voiler leur mafia. André Nguidjol est de cette espèce-là, et l’équipe nationale de football du Cameroun, qui lui sert de champ d’expérimentation de cette sordide mafia, l’a mis à nu pour une fois. André Nguidjol a eu le courage de dire à son ministre qu’il n’a pas bien fait son travail. Une auto-accusation presque passée inaperçue, parce que André Nguidjol, en fin tacticien, a réussi à enrober son discours de manière à faire croire à Bidoung Mpkatt que la faute revient aux autres. En pleine réunion dévaluation à l’hôtel El Mouradi de Sousse, en Tunisie, au lendemain de l’élimination des Lions indomptables, le coordonnateur adjoint de la cellule provisoire de gestion de l’équipe nationale a eu la maladresse d’avouer au ministre que l’une des causes de l’élimination précoce des Lions indomptables c’est l’indiscipline principalement dans leur hôtel ou les joueurs avaient ces visites intempestives de personnes externes à l’encadrement des Lions mais logeant dans le même hotel Diable! Pourquoi Nguidjol n a-t-il pas suffisamment éclairé la lanterne du ministre qui, pour une fois, était éloigné des joueurs. Pourquoi André Nguidjol n’a-t-il pas dit à Bidoung Mpkatt que lui-même logeait sa fille pubère dans le même hôtel que les joueurs et qu’elle passait son temps à défiler dans le hall de l’hôtel avec des tenues bien suggestives. N’est-ce pas suffisant pour inculper André Nguidjol d’avoir instauré le désordre dans un lieu où tout était pourtant réuni pour avoir le calme? En plus, quand André Nguidjol évoque les problèmes de discipline à l’hôtel des Lions indomptables, qui veut-il inculper ? A qui revient la charge de discipliner l’environnement des Lions? Les rares occasions où on a aperçu Nguidjol disperser les gens à El Mouradi ou donner des consignes strictes à la sécurité, intervenaient quand il fallait éloigner les journalistes des joueurs, de peur qu’ils ne tombent sur une des mafias dont il a seul le secret. Car il y avait des individus peu recommandables qui circulaient dans cet hôtel et que Nguidjol voyait sans mot dire. Il savait par exemple que des familles de certains joueurs avaient été logées ans cet hôtel et qu’à l’heure du repos, c’était plutôt des discussions en famille. Il faudrait donc savoir a présent quel est le rôle véritable d’André Nguidjol auprès des Lions indomptables Si ces petits détails de sécurité lui échappent.
Au-delà de ces manquements, interrogeons-nous sur le flou restitué dans l’encadrement administratif des Lions indémontables par Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt. Fort des mafia qui avaient été instituées autour de cette équipe nationale Bidoung Mpkatt avait pris la résolution de transformer la direction administrative en cellule provisoire de gestion avec Robert Ndzana comme coordonnateur et André Nguidjol comme adjoint. Le problème est que le coordonnateur principal est invisible et lorsqu’il est là il n’intervient pas pour résoudre un quelconque problème. C’est André Nguidjol qui parle et pose les actes au nom de cette structure. A chaque réunion d’évaluation des Lions en Tunisie, Bidoung Mpkpatt, qui avait instauré ce cafouillage, l’a pérennisé en lui donnant à chaque fois la parole pour expliquer les problèmes administratifs de l’équipe nationale, en présence de Robert Ndzana dont le déplacement, visiblement, ne valait pas la peine.
Au moment où la refondation de l’équipe nationale est à l’ordre du jour, il faudrait également poser le problème de l’organisation effective de son administration, pour éliminer les incompétents et les hommes d’affaire qui l’entourent.
© Martin Camus MIMB, La Nouvelle Expression