En réussite avec l’Olympique Lyonnais aussi bien en Ligue Europa qu’en Ligue 1, la machine à buts de l’attaquant camerounais Karl Toko Ekambi s’emble s’enrayer une fois qu’il est en sélection nationale.
A quelques heures du duel avec les Eléphants de Côte d’Ivoire, le débat sur la stérilité offensive de Karl Toko Ekambi refait surface. Et tout le monde cherche à comprendre pourquoi le roi Lyon ne rugit pas lorsqu’il redevient un Lion. Les chiffres de l’ancien buteur du SCO Angers en équipe nationale donnent la nausée. Six ans après sa première sélection, le joueur de 29 ans ne compte que 4 buts. Soit une moyenne de 0,6 but par an. Décevant pour un attaquant non ? « Pour un attaquant de sa trempe, on est en droit d’en attendre beaucoup plus », fait remarquer un commentateur sportif camerounais.
Pour ce dernier, les causes de cette inefficacité devant les cages seraient d’ordre psychologique. Le changement d’environnement, des partenaires et des conditions de travail étant perçu comme les principaux facteurs. « Toko Ekambi est né à Paris. Il n’a pas le même esprit, la même éducation, ni la même formation que ceux nés au Cameroun. Il n’a donc pas les mêmes capacités d’adaptation et d’intégration, ni les facilités à s’imposer au sein d’un groupe où la majorité parle un langage qu’il ne comprend pas : le camfranglais (argot camerounais à base de français, d’anglais et de langues camerounaises, Ndlr.). En plus, contrairement à la vie en club, en sélection, vous ne verrez personne travailler pour lui. Il sait que lorsqu’il est sur le terrain, il doit d’abord se battre seul. Ça saute à l’œil qu’il n’est pas très à l’aise chez les Lions », tranche notre analyste.
L’autre explication serait d’ordre technique. « Le fait de changer régulièrement les sélectionneurs peut justifier le manque d’efficacité de Karl, a confié l’analyste Billy Houto à sportnewsafrica.com. C’est un garçon qui aime jouer dans la profondeur. Il va vite. Lorsqu’il commence à s’intégrer dans le groupe, un nouvel entraîneur arrive avec une nouvelle philosophie de jeu. Et cela chamboule tout ; on passe facilement du Toko titulaire au Toko remplaçant. En plus, il souffre aussi du manque de générosité de ses partenaires. Chez les Lions, tous les attaquants veulent marquer ». La preuve que jouer en club et jouer en équipe nationale n’est vraiment pas la même chose.
Faire parler son talent
Pourtant, en club, Karl Toko Ekambi est un tout autre joueur. C’est grâce à lui que l’Olympique Lyonnais connaît une saison parfaite en Ligue Europa. Le Camerounais a déjà inscrit 6 buts en quatre matchs, tous soldés par des victoires étincelantes. Le lauréat du Prix Marc Vivien Foe 2018 a même battu un record au passage, celui de premier joueur de l’histoire des Gones à inscrire 5 buts lors de la phase aller du premier tour d’une Coupe d’Europe. En championnat, il totalise 4 buts et 2 passes décisives en 13 journées. Il est l’homme providentiel du club. « C’est un très bon joueur, un joueur intelligent », avoue l’entraîneur des Gones Peter Bosz.
Karl Toko Ekambi est pourtant appelé à changer la donne. Ce mardi, le public du stade de Japoma va fonder ses espoirs en lui. Parce que pour venir à bout de la Côte d’Ivoire et atteindre les barrages du Mondial 2022, le Cameroun aura besoin de ses meilleurs éléments au plan offensif. Et ne plus seulement attendre une tête hasardeuse de Michaël Ngadeu ou un coup d’éclair inespéré de Christian Bassogog. KTE doit pouvoir (enfin) faire son équipe profiter de la palette de son talent ; il devra participer au jeu, aider à sa création et faire preuve d’efficacité dans la zone de vérité.