Champion olympique, finaliste de la dernière Coupe des confédérations avec le cameroun (0-1, b.e.o. face à la France), le gardien Idriss Carlos Kameni entame pourtant sa troisième saison d’inactivité au Havre. Barré par Alexander Vencel en Normandie, il comptait migrer cet été à Bordeaux, puis vers l’Angleterre, à Wolverhampton, où il n’a pu obtenir un permis de travail. Du coup, il reste au HAC, où il ne joue jamais, ni en équipe première ni en reserve. A dix-neuf ans, il commence à s’impatienter et souhaite demander des explications à son entraîneur, Jean-François Domergue.
« Carlos, vous voilà revenu au Havre alors que votre nom a circulé à Bordeaux, puis à Wolverhampton. Qu’en est-il ?
Je n’ai pas eu beaucoup de chance. Le devais d’abord signer chez les Girondins, à condition qu’une place se libère. Frederic Roux (NDLR : la doublure de Rame) était sur le départ, je devais le remplacer. C’était quasiment fait, mais il n’a finalement pas bougé. Je suisensuite allé à Wolverhampton (promu en premier league). Il ne me manquait qu’un permis de travail pour signer, mais je ne l’ai pas obtenu. J’ai appris la nouvelle le 24 août, trop tard pour m’engager ailleurs. Les autres équipes qui pouvaient être interessées croyaient que j’étais déja anglais, elles ont pris quelqu’un d’autre entre-temps. Des pays comme le Qatar ou la Turquie ne m’interessent pas. Alors je reviens au Havre.
Vous n’avez pas l’air ravi ?
Ici, ça fait trois ans que je ne joue pas. Même en reserve. Je ne sais même pas pourquoi. On ne m’a jamais expliqué pourquoi je n’etais pas titulaire, même en CFA ! Je ne sais pas ce que l’on me repproche. C’est dur.
Vous en voulez au HAC ?
Au club, non. Au coach, oui. J’en veux à l’entraîneur, qui est le seul maître de son équipe. Je compte le rencontrer ce vendredi pour lui demander des explications. C’est la moindre des choses. On ne s’est jamais accrochés et, pourtant, à chaque fois que je me présente devant lui, il tourne autour du pot plutôt que de m’expliquer ce qu’il a contre moi.
Antonetti, son homologue de Saint-Etienne, où vous avez été prêté la saison passée, ne vous a pas fait confiance, lui non plus…
Il a tenu absolument à me faire venir à Saint-Etienne, et puis l’équipe s’est mise à enchaîner les bons résultats avec Janot (le titulaire actuel). Elle est sortie de la zone de rélégation et je n’ai jamais joué. Comme si le coach m’avait oublié. Mais, à la fin de la Coupe des Confédérations, quelques semaines plus tard, Saint-Etienne m’a redemandé. Je n’ai pas tout compris.
Justement, vous avez disputé la finale de la dernière Coupe des Confédérations, vous êtes Champion Olympique en titre et vous ne jouez nulle part…
Passer de l’ambiance du Stade de France à une place dans les tribunes, ça fait bizarre, evidemment. C’est le métier qui veut ça, mais c’est difficile à vivre. Heureusement qu’il y a l’équipe nationale. On me soutient beaucoup c’est agréable. Je retrouve le moral quand je suis avec elle, même si je ne doute pas de mes qualités. Je suis titulaire en équipe du Cameroun, on me fait confiance, ce n’est pas rien. Voilà pourquoi je garde la foi.»
ARNAUD TULIPIER