Invité dimanche dernier sur les antennes du Poste national, Cameroon radio and television (CRTV) dans le programme dominical dénommé «Dimanche-midi», le président du Comité National Olympique et Sportif du Cameroun (CNOSC) a analysé en profondeur la crise qui sévit au sein de la Fédération camerounaise de football, notamment sur la sentence du TAS qui a contraint à l’atermoiement du processus électoral au sein de cette instance.
Notre préoccupation, c’est pas la bataille juridique. Notre préoccupation, c’est qu’on est arrivés là où on est arrivés, c’est au détriment de notre jeunesse qui a choisi de pratiquer le football, c’est au détriment de la nation aussi qui fait du football un sport majeur. Il faudrait maintenant que le sport-roi s’impose au dessus de toutes les autres considérations de type personnel qu’on peut entretenir. Donc, on doit se mettre ensembles, discuter, se parler. Comme on dit, le linge sale se lave en famille. On n’a pas forcément besoin d’aller au CIO, d’aller la Fifa pour trouver les solutions qui nous concernent, parce qu’elles sont propres à notre environnement ; le plus important n’est plus qu’il y ait un vainqueur ou qu’il y ait un vaincu, mais le plus important aussi, c’est de faire que, tous, nous nous mettons ensembles pour arriver à trouver des solutions qui arrangent notre situation.
On apprend qu’il y a des conciliabules quand même au Premier ministère, autour du secrétaire général, Louis Paul Motazé, pour trouver de solutions ?
Peut-être que ces conciliabules, c’est dans l’esprit de mettre ensembles les membres de la famille du football camerounais ou du sport camerounais pour essayer de trouver des solutions les plus adaptées à notre problème.
Et ça va dans quel sens aujourd’hui, ces solutions ? On entend quand même dire qu’il va falloir revoir ce processus dans les neuf régions où le processus électoral a totalement été invalidé. Comment ça va se passer ?
Le TAS a prononcé une sentence qui est liée à une sentence de la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage. L’objectif, c’est de voir comment nous allons mettre en œuvre cette décision là, sans que cela ne heurte forcément toutes les sensibilités, sans qu’on ne passe dans une position où chacun pense qu’il est forcément le meilleur, et qu’on se plie à la règle ; parce qu’on est dans le sport, et ce qui prévaut, c’est la règle ; celle-ci est l’une des conditions pour un sportif de pratiquer un sport. Respect de la règle, respect de l’adversaire, ça c’est des principes qui fondent la compétition sportive. Et dans ces conditions là, nous sommes tous interpellés dans le processus, chacun ayant à l’esprit qu’il a apporté la bonne contribution. Bon maintenant, quand vous arrivés à épuiser tout le parcours de bataille juridique, il faut que nous revenions à la réalité de notre pays, de notre sport, et nous devons le sauvegarder.
C’est entendu mais, comment on va sortir de cette crise. Qu’est ce qui vous semble adapté ?
Ce qui me semble adapté, c’est qu’on trouve une autre structure, moins compromise peut-être et que les Camerounais acceptent, et dans ces conditions là, on peut avancer. La preuve, vous dites qu’il y a des tractations dans les services du Premier ministre ; moi, je ne suis pas au courant.
Vous n’y prenez pas part ?
Non ! pour l’instant, non ! Je pense que toute la volonté que le gouvernement essaye de mettre en place, c’est justement de rapprocher les points de vue pour que les Camerounais mêmes, se regardent les yeux dans les yeux, et trouvent la bonne solution pour leurs propres intérêts.
En écoutant un peu l’opinion, la préference des Camerounais, c’est de revenir à cette solution de l’Assemblée générale de 2009 par exemple ; c’est-à-dire autour de Begheni Ndeh et de Essomba Eyenga, on dirait, repartir à zéro avec tout ce processus. Vous évoquiez en filigrane celle-là ?
Il faut d’abord que nous ayons les sentences complètes prononcées par le TAS, les motifs qui ont sous-tendus ces sentences ; et puis regarder maintenant, comment nous pouvons mettre en œuvre les sentences de la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage.
Il faut les appliquer immédiatement ?
Pour cela, il faut un organe qui sera chargé de la mise en œuvre des sentences. Au plan éthique, ça ne doit plus être le Comité de normalisation.
Il sera lequel ?
Quelque chose qu’on va créer dans la concertation que je recommande
Qui s’appelerait comment ? Qui va piloter le Comité provisoire de gestion à la Fécafoot ?
Ça peut s’appeler comme ça. ça peut s’appeler comité de mise en œuvre des sentences du Tribunal Arbitral du Sport. On peut donner le nom qu’on veut mais, l’essentiel, c’est que les sentences soient appliquées et qu’elles soient mises en œuvre. Ce qui est à corriger au niveau des textes doit être corrigé, ou s’il y a reprise des élections. ça dépendra de ce comité de prendre la bonne décision qui peut permettre que tout soit effectivement en ordre pour notre football. Le temps nous est compté, parce que nous avons des compétitions qui vont bientôt venir. Donc, nous ne pouvons pas rester simplement à nous battre pour savoir comment les choses vont se passer. Il faut que les athlètes soient respectés, qu’ils soient pris en compte et qu’ils puissent participer aux compétitions à venir.
Monsieur le président, elles sont déjà là. On regarde la CAN féminine (2016) qui est déjà là. On regarde la CAN de 2019, allons un peu plus loin. Vous pensez que l’ordre sera revenu dans la maison-Fécafoot pour pouvoir faire face à ces échéances là ?
Moi je le pense, et il peut revenir très rapidement.
Où est-ce que vous allez trouver les hommes neufs pour mener cette nouvelle réforme à la Fécafoot ?
Le football, c’est une très grande famille. Donc, on y trouve forcément des gens. Quand on entreprend une action avec des moyens donnés, avec des hommes donnés, et que cette action ne donne pas la satisfaction, et qu’on atteigne pas l’objectif fixé, on doit forcément trouver d’autres personnes.
Vous voyez qui ?
Moi je n’ai pas de noms. Mais je dis que, de la concertation, tout ceci va arriver.
On parle de l’argent essentiellement dans cette affaire ?
Je ne juge pas. L’argent, oui ! Mais, vous savez, la Fécafoot n’est pas la structure la plus riche dans notre pays. Il y en a beaucoup d’autres qui ne font pas problème.
C’est celle qui révèle le plus de frilosité autour de la gestion du pactole et encore, on vient de voir les nouveaux textes signés ; récemment la convention entre le Ministère des Sports et la Fédération camerounaise de foot qui octroie tous les pouvoirs de gestion à la Fécafoot, et on se dit qu’il y a une certaine frilosité autour de cette gestion…
Ne regardons pas les choses simplement en terme d’argent. On peut avoir l’argent et ne rien en faire.
Qu’est ce qui coïnce alors ?
Ce qu’il faut faire, c’est de regarder les choses avec lucidité sans émotion ; et en restant humble dans l’approche, on peut avancer, en privilégiant le dialogue aussi.