Le feuilleton qui a passionné la planète football ces derniers jours a pris fin lundi soir avec l’annonce, signée Silvio Berlusconi, que Kaka renonçait à quitter Milan pour Manchester City malgré l’offre mirobolante du club anglais. Le coup est pourtant passé près. Enfin, pas tant que ça…
Finalement, le coeur a primé sur la raison. Au terme d’un feuilleton rocambolesque, avec gros sous, rebondissements et dramatisation à outrance, Kaka a choisi de ne pas aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte. Malgré une offre exceptionnelle de Manchester City (120 millions d’euros) à laquelle Milan ne pouvait dire non et un salaire mirobolant (18 millions d’euros annuels), le Ballon d’Or a privilégié le challenge sportif et, selon ses dires, ne s’est « jamais senti comme un joueur de Manchester City », prenant ainsi le contre-pied d’un Robinho, qui avait fait le choix inverse l’été dernier en quittant le Real Madrid pour City. Dans l’ombre de Manchester United à tous les niveaux, City le restera quelques semaines, mois, voire des années encore. United a son Ballon d’Or, City attend encore le sien. Point final de l’histoire. Enfin presque…
Au terme de ce feuilleton, il reste comme un goût sinon amer mais étrange dans les bouches. Comme l’impression que l’opération « Kaka à Manchester City » était une gigantesque tromperie. En aval plus qu’en amont. En effet, le Cheik Mansour s’est bien intéressé à Kaka et aurait adoré l’associer à Robinho sur le front de l’attaque des Citizen. Mais le désir de recruter un tel joueur pour une telle somme n’a jamais été réellement envisagée par le club anglais. Un proche du propriétaire de ManCity l’a confirmé et jugé « ridicule » les 120 millions avancés.
L’ombre d’un doute
Même son de cloche du côté de Garry Cook, directeur général du club anglais. Un deal de cette ampleur n’était pas envisageable. « Manchester City a un intérêt évident à recruter des grands joueurs de la qualité de Kaka. Mais on doit avouer à nos fans qu’un tel transfert doit fonctionner à tous les niveaux. Aussi bien sur le plan commercial, financier que sur le terrain. » A priori, il y avait comme un problème concernant Kaka, qui aurait été acheté 45 millions plus cher que Zinédine Zidane lorsqu’il a quitté la Juve pour le Real. Et ceci dans un contexte financier complètement différent de celui d’aujourd’hui.
Alors pourquoi l’affaire a-t-elle pris une telle ampleur et, surtout, duré autant de temps ? Parce que la presse l’a relayée, bien évidemment. Mais parce que les principaux acteurs concernés, côté Milan notamment, ont « joué » le jeu. La semaine dernière, Silvio Berlusconi et Adriano Galliani se sont succédé pour regretter le départ inéluctable du joueur. Le président du Conseil italien a reconnu qu’il « serait très difficile de faire rester quelqu’un qui va gagner autant. On ne peut pas refuser une offre de ce genre. » Son bras droit n’a pas dit le contraire et provoqué la mobilisation massive des supporters rossoneri. « J’ai les mêmes sentiments que les tifosi, mais j’ai aussi la responsabilité de la gestion. J’ai un coeur, mais je dois aussi user de la raison. Un club avec un bilan sain a plus de garanties pour l’avenir ».
Berlusconi a gagné
Finalement, après avoir soufflé le froid tout le week-end, la direction du Milan AC a réchauffé les coeurs milanais lundi soir en dévoilant la décision de Kaka de rester au club. « Kaka est et restera à Milan » a, en personne, déclaré Silvio Berlusconi à la télévision. Un immense coup de pub pour le chef du gouvernement qui n’a pas oublié de dire qu’il était intervenu auprès du joueur pour le pousser à rester au sein du club aux sept victoires en C1. « Quand je l’ai entendu dire qu’il préférait rester, qu’il se sentait privilégié de pouvoir porter le maillot, (…) j’ai dit ‘Alleluia’ et nous nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre. » L’histoire est belle. Convaincante ?
Si l’on en croit Manchester City, en plus de ne pas être viable à ce prix, le transfert de Kaka n’était plus qu’un songe depuis la fin de l’après-midi et une réunion entre Anglais et Italiens. Le Brésilien n’avait même pas été convié, les discussions n’avaient atteint qu’un stade préliminaire et aucune offre chiffrée n’avait été faite au joueur. Selon les Britanniques, les Milanais, vendeurs dans un premier temps, se seraient dégonflés devant la pression de la rue et le poids politique d’une telle décision. Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Une chose est sûre, Berlusconi est sorti grandi de cette affaire. Comme depuis son arrivée aux commandes du club, le président du Conseil italien a profité de la vitrine milanaise pour redorer son blason. Berlusconi a eu le beau rôle et, politiquement, cela ne fait jamais de mal. De son côté, Manchester City s’est donné un bon coup de pub sur la scène mondiale. Et Kaka dans tout ça ? Selon la presse espagnole, il n’aurait guère goûté à toute cette histoire et se verrait bien au Real Madrid. On n’en finira donc jamais…
Maxime DUPUIS / Eurosport