Just Choupo-Moting est le père de Erik, le capitaine de la sélection nationale du Cameroun qui évolue dans le club français de Paris Saint-Germain. Il a récemment offert une interview à Radio Sport Info dans laquelle il s’exprime sur une gamme de sujet. Avec la mauvaise gestion centenaire en équipe nationale, l’on est surpris que son fils en fasse encore partie, alors que son certains jeunes nés en diaspora, se sont toujours tenus loin de la sélection nationale. Mais Just Choupo fait la géne de l’éducation qu’a re son fils depuis le jeune âge. Interview :
Vous êtes un camerounais résident en Allemagne depuis très longtemps. Cependant cela n’a jamais fait disparaître en vous la flamme et le lien fort que vous gardez avec le Cameroun. Qu’est ce qui justifie ça?
C’est vraiment quelque chose que je gère dans la tête ! Je suis en Allemagne depuis 37 ans et toutes les deux années je me suis donné la discipline de revenir toujours au Cameroun. Je n’ai jamais voulu perdre mes racines. D’ailleurs ces deux dernières années, je suis revenu au Cameroun 3 à 4 fois par an. C’est pour vous dire.
Quels sont vos rapports avec votre famille restée ici ?
Ils sont bons. Presque toute la famille a vécu chez nous au Cameroun. On nous appelait ‘’La Chine populaire’’ car mon père avait deux femmes et donc tous les enfants ainsi que les cousins ont grandi ensemble. C’est tout ça qui me fait garder un lien étroit avec le pays.
Mais pourquoi Papa Choupo Moting qui, au passage a fait de très beaux enfants, ne les a pas faits avec une Camerounaise ? (Rires)
Ooh ça ne se choisit pas ces choses ! On fait l’enfant avec la personne avec laquelle on peut s’entendre. Dans ma famille, nous n’avons pas que des allemands, il y a aussi des centrafricains et des suisses. Donc personne ne s’est imposé un choix. Parce que quand on aime quelqu’un on l’aime indépendamment de sa peau.
« Dès l’âge de 6 ans, Choupo Moting venait déjà jouer au Cameroun »
Focus à présent sur votre fils Éric Maxim Choupo Moting qui a donc démarré le foot en Allemagne et qui a fait toutes les sélections jeunes là-bas avec les Draxler, Muller et autres. Comment l’avez-vous convaincu pour qu’il rejoigne le Cameroun ?
Je n’ai pas eu besoin de le convaincre j’ai juste eu besoin très tôt de le familiariser avec le Cameroun. C’est-à-dire que dès qu’il a eu 4 ans, j’ai commencé à l’emmener régulièrement avec moi au Cameroun. A partir de ses 6 ans, j’ai commencé l’organisation des tournois de football à Mimboman et à l’Omnisport, deux grands quartiers de Yaoundé. J’ai vite détecté son talent et je voulais donc qu’il s’imprègne de la culture africaine à côté de la culture d’Allemagne, pays de sa mère dans laquelle nous vivions déjà. Et quand le moment de choisir sa nationalité sportive est arrivé, c’est lui-même qui l’a fait en toute âme et conscience.
Est-ce que ce choix du Cameroun n’a pas engendré des déceptions profondes en Allemagne ?
Si. Cela a fortement été commenté en Allemagne. Mais permettez-moi puisque nous sommes dans ce chapitre important de la vie de mon fils, de tirer un coup de chapeau à Timothée Atouba. Alors footballeur professionnel à Hambourg, c’est lui qui a attiré le premier l’attention de la Fecafoot sur Choupo Moting qui faisait ses débuts en Allemagne. Ensuite Otto Pfister a convoqué mon fils en 2008/2009 qui n’a malheureusement pas pu honorer cette 1ere convocation parce qu’il s’était blessé.
Pour revenir sur la déception des allemands après que le joueur ait fait définitivement son choix en 2010, je me souviens qu’un journal avait d’ailleurs titré ici : ‘’Le Cameroun vole Choupo’’. Eric Maxim n’a pas apprécié ! Quelques jours plus tard, les dirigeants de la fédération allemande très en colère, sont venus me rencontrer et je leur ai dit que ce choix était un choix de cœur.
Vous avez une relation particulière avec votre fils. Celle d’être à la fois son père et son agent ou intermédiaire. Comment ça se passe concrètement ?
Très sincèrement je dois vous avouer que ce n’est pas facile. Je ne conseille pas d’ailleurs à un père de faire comme moi s’il n’a pas au préalable passer tous ses diplômes dans le métier d’agent de joueur. Il faut vraiment se former sinon, il faut laisser un professionnel gérer la carrière de son fils. Après avoir dit cela, il faudrait que vous compreniez que je change ma casquette en fonction des circonstances. Quand je fais par exemple des négociations pour sa carrière, je ne suis pas le père de Choupo Moting. Je suis son agent ! Je négocie professionnellement les contrats parce que ce n’est pas mon fils qui va me payer. L’avantage d’être son père de l’autre coté, est que je ne peux non plus le faire signer n’importe où et n’importe comment comme le feraient certains intermédiaires qui veulent gagner de l’argent à tout prix.
Et comment lui Choupo réagit, face à tout ça ? Il vous appelle comment, Papa ?
Oui Oui, toujours. Mais le plus important est que dans notre relation il y a une vraie confiance. Nous travaillons même comme des amis.
« Choupo Moting n’a jamais pris sa retraite avec les Lions, c’est la Fecafoot qui a voulu brisé sa carrière en club »
Voici 10 ans que Choupo Moting évolue avec les lions Indomptables. Quel bilan faites-vous de son séjour dans la tanière ? Etes-vous satisfait, on rappelle qu’avant la CAN 2017, Éric avait mis une pause à sa carrière internationale ?
Et je vais insister pour dire qu’avant la CAN 2017, il s’agissait bien d’une pause et non d’une retraite internationale. Éric Maxim était insatisfait des conditions de travail en sélection nationale et il l’avait fait savoir dans une lettre qui dénonçait tout, preuves à l’appui. Cette lettre devait être publiée avant la CAN 2017, mais cela n’a pas été le cas ! Dans la lettre, nous disions restés prêts pour poursuivre l’aventure internationale. La preuve est qu’après la CAN nous sommes revenus aussitôt.
Vous n’avez pas le sentiment qu’Hugo Bross en a particulièrement voulu à votre fils ? Les déclarations qu’il tient sur Choupo Moting après la CAN ne sont absolument pas tendres?
Oui c’est vrai qu’elles ne sont pas tendres et elles témoignent que Bross en a voulu à Éric et à d’autres comme Matip ou Onana parce qu’ils n’étaient venus à la CAN 2017! Mais mon fils s’est toujours montré respectueux et courtois vis-à-vis de ce technicien. Récemment encore dans un entretien accordé à France Football, il indiquait n’avoir pas eu un contact privilégié avec Bross mais qu’il demeurait respectueux vis-à-vis de lui.
« La Fecafoot voulait suspendre Matip à Liverpool. Il ne l’a jamais digéré ! »
Just Choupo Motin vous qui connaissez bien la vie des binationaux, est ce que vous comprenez la décision de Joel Matip de ne plus revenir en sélection su Cameroun ?
Je la comprends à 100 pour cent sans pour autant la cautionner. Parce que si je la cautionnais, même mon fils ne viendrait plus. Fort heureusement, mon fils très tôt a été plongé dans l’environnement du football local. Et jusqu’aujourd’hui je l’accompagne partout et tout le monde me connait. Une fois même, Samuel Eto’o m’a dit toute son admiration de me voir à tous les matchs et entrainements (…) Pour revenir sur Joël, il a toutes les raisons de ne plus revenir en sélection. Savez-vous que la Fecafoot sous l’ère Tombi, à la suite de la décision de Choupo, Onana, Matip et quelques autres de ne pas disputer la CAN 2017, voulait faire suspendre ces joueurs dans leurs clubs professionnels ? Cette attitude de la Fecafoot a frustré et fait peur à plusieurs joueurs comme Matip qui ont décidé de ne plus venir en équipe nationale du Cameroun ! Cette plainte de la Fecafoot a été la goutte d’eau qui a débordé du vase parce que Matip était déjà très courroucé du fait qu’on ne le faisait injustement pas jouer quand il venait au Cameroun. Je me souviens m’être beaucoup battu pour que cette plainte n’aboutisse pas à Schalke ou évoluait Éric Maxim à ce moment-là.
Comme vous l’avez dit cela n’a pas empêché votre fils de poursuivre brillamment sa carrière avec les Lions, puisqu’aujourd’hui il est la plus grande étoile notre équipe nationale de par le fait qu’il évolue dans un top club mondial. Rejoindre le PSG et sa pléiade de stars a-t-il été difficile ?
Non pas du tout ! Parce que chaque footballeur a des rêves parmi lesquels celui de jouer la ligue des champions dans un club mondialement reconnu. Le PSG offrait cette possibilité à Choupo Moting qui l’a simplement saisi. Il savait en arrivant à Paris qu’il ne serait pas titulaire mais il m’a dit ‘’Papa, je souhaite y aller parce que j’ai le niveau pour pouvoir aider l’équipe à ma manière’’. Deux ans plus tard, on ne regrette rien.
« Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent mais ne joue pas au PSG qui veut »
Comment avez-vous vécu les vives critiques qui sont tombées sur lui en France venant notamment de la presse ?
Ce n’était pas facile mais on l’a vécu calmement. Éric a un moral de fer et il s’est toujours dit que c’est sur le terrain qu’on répond aux critiques. Vous voyez ce qu’il fait depuis les matchs de la reprise post confinement ?! Ne joue pas au PSG qui veut, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent.
Absolument ! Mais Papa Choupo, comment Éric Maxim a vécu au milieu de toutes ces stars ? Parlez-nous de l’ambiance du vestiaire ?
C’est une bande d’amis qui se respectent beaucoup. Thiago Silva a déclaré par exemple qu’il restait l’ami de Choupo Moting à vie ! D’ailleurs il a invité toute notre famille au Brésil pour des vacances, c’est pour vous dire quelle est la nature des relations. Et Thiago Silva n’est pas le seul avec qui la relation est très bonne. C’est le cas avec presque tout le monde.
Quand vous voyez l’amour du Parc des Princes pour votre fils, vous vous dites en tant qu’agent/Intermédiaire, on reste en France ?
En effet le public l’aime vraiment. Je crois même que hors des vestiaires, Éric est le joueur le plus aimé pour sa sympathie. Maintenant pour la suite, c’est difficile que je vous dise quelque chose maintenant. Si vous êtes attentif à sa carrière, vous remarquerez qu’à deux jours de la signature d’Éric quelque part, rien ne circule. C’est notre politique ! Quand il vient au PSG, ça s’est fait dans les dernières minutes du mercato, souvenez-vous !