Le Cameroun joue gros face à la Croatie ce mercredi pour le compte de sa deuxième sortie en coupe du monde. C’est le match à gagner ou jamais pour éviter l’élimination. Les Lions ont été battus, 0-1, lors de leur premier match face au Mexique, et sont désormais astreints à la victoire. L’ancien sélectionneur des Lions qui a bien connaissance de ce type de situation et de la pression qui va avec, donne quelques astuces qu’il trouve meilleures pour renverser la vapeur. Il préconise donc quelques ajustements tactiques comparativement au premier match, et croit savoir qu’avec un schéma tactique axé sur le 4-4-2, les Lions se tireraient mieux d’affaire.
Est-ce que depuis la défaite contre le Mexique au premier match (0-1), vous avez le sentiment que les Lions ont repris leurs esprits jusqu’avant le match de ce mercredi ?
Il faut toujours avoir des raisons d’espérer, parce que quand on va à une compétition, ce n’est pas avec dans le cœur qu’on va perdre. On y va toujours parce qu’on a quelque chose à prouver, et parce qu’on a envie de gagner. Et pour le cas du Cameroun, même s’il y a quelques inquiétudes par rapport à la santé de certains joueurs –parce qu’on nous a appris qu’Eto’o ne fera pas partie de l’équipe, et qu’à coté de lui, il y a d’autres blessées, comme Makoun, Nguemo-, ça veut dire que notre équipe se désagrège en termes de santé. On est en droit de se poser la question de savoir si ces joueurs au moment de partir n’étaient pas déjà malades. Avant ça, il n’y a pas eu d’autres matches auquel ait pris part les Makoun, les Eto’o, pour qu’on pense qu’ils s’y sont blessés. Alors, on se demande si le corps médical avait fait son travail pour qu’on se retrouve aujourd’hui avec quatre joueurs blessés sans qu’on ait effectivement démarré la compétition. Disons que si un joueur a été sélectionné, il peut apporter à l’équipe. Donc, en l’absence de ceux-là, on peut espérer que les autres ont pris la bonne mesure du match face à la Croatie, y compris l’entraineur qui me semble-t-il, est revenu sur la formule de l’équipe avait joué le match contre l’Allemagne. C’était une belle petite équipe, et je pense que, s’ils sont dans le même état d’esprit, de jouer vers l’avant, d’aller au choc, d’être présents, de se donner à fond, il y a de bonnes raisons de penser qu’on peut passer le cap.
Au sujet de ces défections, pensez-vous que le cas d’Eto’o constitue autant une inquiétude pour le groupe, puisqu’ on a prévu des pièces de rechange au cas où… ?
Peut-être que le cas d’Eto’o ne pose pas de problèmes, mais, on ne va pas oublier que c’est une pièce maitresse de cette équipe, et qu’à lui seul, quand il a la balle, il attire un nombre impressionnant de joueurs sur lui. Et ceci peut, comme c’était le cas dans le match contre l’Allemagne, libérer les cotés, où on avait vu Choupo-Moting et Moukandjo exploser, parce qu’Eto’o avait réussi à stabiliser deux à trois joueurs en défense adverse. Maintenant, il n’est pas là, je crois que ça ne veut pas dire que l’équipe ne peut pas se tirer d’affaire. Je crois qu’il ne sera pas là, mais les autres devraient pourvoir se surpasser.
Allons donc sur l’hypothèse qu’il ne soit pas disponible pour ce match, et qu’on ait forcément besoin d’un stabilisateur en fonction du système mis en place. Est-ce que vous voyez Achille Webo à même de remplir cette tache ?
Achille Webo, c’est un attaquant qui joue dos aux buts, et quist un peu le contraire d’Eto’o qui joue dos aux buts, mais qui est capable de partir de loin avec un ballon pour travailler. Ce n’est pas le cas de Webo, qui lui, est un renard de surface, qui traine pour attendre les derniers ballons et les mettre au fond. Il n’a pas cette capacité de pouvoir dribbler deux ou trois joueurs pour marquer. Ce que par contre, on peut mettre à l’actif du jeune Aboubakar, qui peut effacer deux ou trois joueurs et avancer. Je crois que c’est de là que viendra le choix de l’entraineur, entre une équipe conquérante et opérationnelle. Donc, il est possible qu’Aboubakar se retrouve sur le front de cette attaque, contrairement à Webo.
Coach, s’il vous était donc donnez de constituer une équipe des Lions dans cette situation pour faire face à la Croatie, que préconiseriez-vous ?
D’abord, en termes de tactique, je ne jouerais pas en 4-3-3. Je jouerais 4-4-2, avec deux attaquants de pointe, où je mettrais Aboubakar et Choupo-Moting. Je jouerais au milieu de terrain avec deux milieux offensifs, constitués de Mbia et de Song ou Enoh. Et sur les cotés, j’aurais Bedimo à gauche et Moukandjo à droite. En défense, j’aurais Assou-Ekotto en arrière-gauche, j’aurais Djeugoué sur le flanc droit, et dans l’axe, Nkoulou et Matip qui ont joué contre l’Allemagne.
Pourquoi Djeugoué à droite si tant est qu’il semble n’avoir pas donné satisfaction à l’entraineur au premier match ?
Dans le match contre l’Allemagne, Djeugoué était resté dans les consignes strictes de l’entraineur à savoir : Ne pas prendre de risques offensifs. Je pense qu’il avait bien rempli ce rôle, et au match contre le Mexique, l’entraineur lui a demandé de faire quelques efforts et d’être un petit peu offensif. Malheureusement, Djeugoué offensif, avait laissé beaucoup d’espaces derrière, et dans ces espaces, on plombait beaucoup de ballons. Mais, il faut dire que si le milieu de terrain avait véritablement joué son rôle on n’aurait pas eu ce problème. Parce que, quand Djeugoué monte, il a droit à une couverture derrière. Ce qui n’avait pas été le cas, parce qu’on a eu trop de difficultés sur ce flanc là. Mais, ça n’enlève rien aux qualités que ce jeune a de pouvoir tenir le poste s’il reste dans les consignes.
La Croatie a évolué en 4-5-1 contre le Brésil, son schéma de référence. Est-ce que trouvez le 4-4-2 que vous préconisez à même de rivaliser avec ce système ?
C’est en fonction des qualités des joueurs que nous avons. Je pense que si on a deux joueurs sur le front de l’attaque, ça pose un peu plus de problèmes à l’adversaire que si on en a qu’un. Prenez le cas du match contre le Mexique où Eto’o était quasiment seul en attaque. Il était esseulé. Il faut avoir un numéro neuf, et un numéro neuf et demi, qui joue juste derrière le numéro neuf. Or nous n’avions pas cette possibilité, parce que nous avions opté pour jouer trop bas. J’aurais toujours deux milieux axiaux qui défendent au milieu, et les deux milieux de couloirs qui reviennent toujours fermer au milieu pour empêcher toutes les velléités de l’équipe adverse. Et ensuite, au moment où nous récupérons les ballons, d’exploser sur les cotés pour jouer avec les attaquants. Mais il ne faut pas oublier que nous avons à faire à une équipe de Croatie qui est très physique, qui joue un pressing très haut, avec un milieu de terrain très densifié. Il faut donc que nous ayons un milieu de terrain bien fourni, avec à la limite, l’un des avant-centraux qui revient pour que nous constituons déjà une première barrière de cinq joueurs au milieu de terrain, avec les deux milieux de couloirs, les deux milieux défensifs, et l’un des avant-centraux. Je crois que l’entraineur Finke prend la mesure de toutes ces choses et devra mettre en place une équipe conquérante, elle doit peser, elle doit être lourde, une grosse équipe.
Entretien réalisé par Armel Kenné