Quand est-ce que l’entraîneur-sélectioneur des Lions indomptables revient s’installer au Cameroun ?
Le 8 avril prochain.
Est-ce qu’on peut avoir une idée de ses activités au lendemain de son départ du Cameroun, le 13 mars dernier ?
L’entraîneur est conscient qu’il y avait des améliorations à apporter dans le jeu produit par l’équipe nationale lors de la Can, au Ghana. Pour cette compétition, le résultat était important à obtenir. Toutefois, c’est conscient de ces lacunes que dès le lendemain, l’entraîneur est parti à la recherche de nouveaux jeunes joueurs à l’étranger. Il a déjà visionné chaque match du Cameroun à la dernière Can plus de cinq fois. De retour de la Can, il a arrêté un programme de supervision des jeunes joueurs susceptibles d’intégrer les Lions indomptables. Ce qui lui a permit de rencontrer, contacter ou regarder les matchs de David Ngog du Psg (France), Choupo-Moting de Hambourg, Alain Junior Ollé Ollé (et Idrissou Mohamadou) de Fribourg, Marcel Njeng de Münchengladbach, Alexis Ngambi de Montpellier, Bebey Kingue en Turquie, et lundi dernier il est allé voir Sadjo Haman en Hongrie.
Pourquoi Idrissou Mohamadou alors qu’on parle de programme de supervision de jeunes talents ?
Tout simplement parce que ce dernier est dans le même club que Alain Junior Ollé Ollé et reste un international Camerounais sélectionnable. A ce propos, je dois ajouter que l’entraîneur a également vu les « anciens ». Bien qu’il ne joue pas, l’entraîneur est allé rencontrer Guy Feutchine, qui joue à Saint-Gallen.
D’autre part, Otto Pfister est en contact avec Achille Webo pour s’enquérir des nouvelles de sa santé. Il est en contact régulier avec les joueurs ayant pris part à la Can 2008. Il a mis en place une équipe d’observateurs qui s’occupent de tous les grands championnats d’Europe. Ils sont chargés de suivre les professionnels camerounais, de fournir des statistiques et des informations. Par exemple, quand il a eu les statistiques de André Bikey lorsqu’il a réalisé un doublé avec son club, il lui a envoyé un message de félicitations. Enfin, il a fait des relations publiques.
Qu’entendez-vous par relations publiques ?
Outre les joueurs, l’entraîneur a également pris contact avec leurs clubs ; notamment pour ceux qui ont été en difficulté après la Can. Otto Pfister est allé rencontrer les entraîneurs de ces clubs, à l’instar de Hambourg où évolue Timothée Atouba. Il leur a expliqué pourquoi est-ce que les joueurs n’ont pas pu revenir au lendemain de la finale.
Il a aussi participé à des émissions télévisées en Allemagne (Aktuelle Sporstudio & DSF), pour parler en bien du football camerounais et Africain, qui ne jouit pas toujours d’une bonne publicité dans ce pays dû à des informations fournies par des entraîneurs allemands moins chanceux sur le continent [dont Berti Vogt, démissionné à la tête des Super Eagles du Nigeria au lendemain de la Can 2008 et qui est aujourd’hui avec l’Iran].
Il a rencontré les dirigeants de la Fédération de football du Liechtenstein pour un possible stage en mai avec un match amical. Il attend une proposition ferme avant de la communiquer à la Fédération camerounaise de football. Il a fait la même chose avec la Fédération allemande de football en vu d’une assistance technique dans la formation des entraîneurs. Il était au siège de la Fifa, où il a rencontré son président, Joseph Sepp Blatter; et il s’est entretenu avec Jean Manga Onguené.
Qu’en est-il de la polémique sur sa réaction tardive qui est à l’origine de l’absence d’un match amical pendant la période Fifa du 26 mars dernier ?
Je ne comprends pas d’où sort cette polémique. L’entraîneur a reçu le fax de la fédération par rapport à leur proposition sur le match amical face au Mexique. Le fax, daté du mardi 4 mars, a été envoyé par mail à Mike Pfister le jeudi 6 mars et faxé au coach le jeudi 6 au soir. Le coach en a pris connaissance le vendredi 7 mars au matin. Et sa réponse est parvenue à la Fécafoot par fax le lundi 10 mars. Par rapport à la liste, il respecte les clauses de son contrat : il est le seul responsable de la sélection des joueurs. Je ne comprends pas d’où vient la polémique sur la liste, surtout par rapport aux jeunes. La Fecafoot a demandé les fiches individuelles des joueurs après que le coach leur a communiqué la liste. L’entraîneur les leur a envoyé, y compris celle de Samuel Eto’o.
La fédération a décidé de correspondre par fax. Je ne sais pas pourquoi. Je comprends qu’ils ont envie de formaliser tout ce qu’ils font, et c’est normal.
Mais ils auraient pu passer un coup de fil au coach qui aurait donné son accord directement pour le match face au Mexique. Et même que quand le Mexique s’est désisté, il y avait d’autres opportunités : Panama, l’Irlande, Afrique du Sud…
Il n’y a pas eu de stage en mars pendant la période Fifa. Comment le coach compte préparer les éliminatoires couplées Can/Mondial 2010 qui débutent le 30 mai prochain ?
Il est en train de prendre tous les renseignements nécessaires pour qu’il y ait un stage en mai. Après cela, il travaillera avec la fédération pour trouver un accord. Ce sera à elle de décider si oui ou non il y aura finalement un stage à la période qu’il souhaite. Dès que c’est parti le 30 mai 2008, nous aurons un mois de compétition. Pour cela, il compte regrouper les joueurs à la fin des championnats européens, pour un stage d’une durée qui reste à déterminer. Vu qu’on a raté l’occasion de faire un match amical pendant la date Fifa et, encore moins un stage, l’entraîneur veut avoir un stage pour observer et intégrer des jeunes joueurs.
A vous entendre, les joueurs locaux ne font pas partie des centres d’intérêt du sélectionneur ?
Il y a un fossé entre les joueurs expatriés et ceux qui jouent au Cameroun. Toutefois, la porte reste ouverte pour les talents exceptionnels de notre championnat de D1. C’est sur ce genre de joueurs qu’on peut bâtir une bonne équipe sûre pour l’avenir. Le constat est là : la plupart des joueurs qui sont restés au pays, c’est parce qu’ils n’ont pas encore trouvé moyens de s’expatrier. En effet, dès qu’un footballeur commence à taper dans le ballon, il n’a qu’une seule envie : partir. Conséquence, les meilleurs s’expatrient. Le coach a déjà repéré des jeunes avec un très grand potentiel dans le championnat.
Est-ce à dire qu’il n’y a rien à prendre au pays ?
Non. L’entraîneur rentre et vivra au Cameroun. Il va essayer de lancer différents chantiers pour voir ce qu’il y a sur place. Mais il faut que la fédération continue à travailler afin de faire augmenter le niveau du championnat local. Il faut absolument faire quelque chose pour que les locaux restent au pays le plus longtemps possible pour développer leur talent dans une atmosphère familière.
Il y a quelques temps, certains jeunes que l’entraîneur a rencontré ne cachaient pas leur ambition de jouer qui, pour l’Allemagne, qui encore pour la France… Qu’en est-il à l’issue de la tournée de supervision de Otto Pfister en Europe ?
L’entraîneur ne supplie personne. C’est un honneur de jouer pour le Cameroun. Des discussions qu’il a pu avoir avec les uns et les autres, il en ressort que tous les joueurs rencontrés déclarent attendre leur convocation. Maintenant, l’on ne peut pas occulter le fait que l’environnement n’est pas sain. Le climat entre le ministère des Sports et la Fécafoot ne rassure pas les joueurs et leurs parents. L’environnement autour de » l’intégration » de ces joueurs camerounais nés à l’étranger doit aussi être plus sain. Il y’a eu certaines choses impropres qui se sont passées autour de cela. Je n’en dirai pas plus. L’entraîneur compte donc sur la Fédération pour faire les démarches nécessaires pour intégrer ces joueurs s’ils sont convoqués et décident d’honorer ces convocations.
Avec tout ce qui se dit, dans quel état d’esprit se trouve actuellement l’entraîneur sélectionneur?
Par rapport au climat délétère entre la fédération et le ministère, le coach, lui, ne veut pas prendre partie. Mais on ne peut lui reprocher de discuter avec le ministre des Sports. C’est tout de même ce dernier qui a paraphé son contrat. Il ne voit absolument aucun inconvénient à travailler en plus étroite collaboration avec la Fécafoot.
Malgré tout, l’entraîneur reste très motivé. Il est resté dans le rythme du travail et en anticipation des prochaines échéances. Avec son expérience, il sait que les choses peuvent changer et la vie continuera Mais il est déterminé à bâtir une formidable équipe du Cameroun pour 2010, une équipe dont tout les Camerounais pourront être fiers.
Comme il le dit souvent, lui, c’est le terrain. En ce qui concerne la politique et la bureaucratie, il laisse ça pour les autres… (Rires)
Qu’en est-il de l’affaire Taninche ?
Cette affaire a fait couler beaucoup d’encre, mais il n’y a pas autant de mystère qu’on veuille bien lui accorder. Je connais assez bien Fernand, j’ai déjà travaillé avec lui sur la détection de jeunes joueurs pour le compte d’Ajax d’Orlando. Ce qui explique les photos qu’il a pu prendre avec moi. Je déplore juste la cabale qui a été mise en place pour essayer de faire croire à une grosse mafia qui serait derrière la nomination du coach, il n’en est rien. Le CV du coach parle pour lui-même et son entourage est sain.
Propos recueillis (au téléphone) par Bertille Missi Bikoun