Plus que quelques heures avant le choc entre le Cameroun et la Tunisie, comptant pour le dernier match des barrages de la Coupe du monde, Brésil 2014. Rencontré au stade Omnisports de Yaoundé ce vendredi à l’occasion d’une séance d’entraînement des Lions Indomptables, Joseph Antoine Bell, ancienne gloire camerounaise, nous livre une analyse prospective de cette ultime confrontation qui décidera de qui des Lions ou des Aigles iront au pays du « Roi Pelé ». Entretien.
Qu’est-ce qui explique votre présence au stade Omnisports de Yaoundé ce vendredi ?
Je suis venu prendre le pouls de l’équipe nationale, voir comment ils s’entraînent et essayer de deviner comment ils se sentent.
Et que devinez-vous justement ?
Ce serait dur à dire. Nous sommes à deux jours du match. L’entraîneur est totalement responsable de ce qu’il fait. Et malheureusement pour nous, ce qu’il a fait n’est pas de nature à me permettre complètement de juger. Mais au-delà de toutes les déductions, il y a le souhait de les voir se qualifier qui est plus fort. Les Lions ont un match délicat qui se présente un peu comme un piège. Il y a ce qu’ils font à l’entraînement, mais il y a aussi comment ils vivent entre eux et qu’est ce que leurs encadreurs leur auront dit pendant ces jours. La clé est beaucoup plus là qu’à autre chose.
Les Lions ont invité le public camerounais à l’union sacrée. Vous qui connaissez l’atmosphère du stade Omnisports de Yaoundé vous y croyez ?
Je connais les Camerounais. Quand le match va commencer ils se diront qu’ils sont avec les Lions. Il ne faut pas juste être avec les joueurs au moment où le match commence. Certes le match se gagne pendant 90 minutes, mais en réalité ce qu’on fait pendant les 90 minutes dépend beaucoup de ce qui s’est passé durant les jours de stage. Ce que vivent les joueurs au moment où nous parlons est très important pour le résultat du match.
Comment entrevoyez-vous cette rencontre ?
C’est une rencontre difficile. Parce que contrairement à ce qu’on croit, le zéro but partout ne met pas les deux équipes à égalité. Le zéro but partout fait que, pour les Tunisiens, la qualification ne doit pas passer forcément par une victoire. Les Tunisiens viennent en se disant qu’il faut absolument qu’ils marquent un but. Or ils ont eu beaucoup d’occasions au match aller. Ce qui les conforte puisque ce sont surtout des occasions qui dépendaient de la manière avec laquelle ils jouaient. Donc ce sont des situations reproductibles. Et donc ils peuvent venir ici en pensant raisonnablement qu’ils peuvent inscrire un but. Je ne sais pas si les Camerounais en ont pris conscience. Avant de gagner, il faut penser à ne pas prendre de but. Ce qui complique la tâche aux Camerounais face à des Tunisiens qui, eux, peuvent se permettre de prendre un but. Voilà la différence. Ça fait un plan de jeu totalement asymétrique où les uns peuvent prendre un but sans se décourager, et penser qu’ils vont pouvoir revenir avec un seul but pour se qualifier. Alors que les Camerounais devront jouer avec la peur au ventre ou alors avec la maîtrise totale de la rencontre. Ce qui est inquiétant, c’est qu’on ne sait pas si cette équipe est capable d’une telle maîtrise.
Qu’est-ce qui devrait faire la force des Lions dimanche ?
La force des Lions devrait venir de leur capacité à pouvoir maîtriser les évènements. Il n’y a que les joueurs et leur encadrement pour nous dire s’ils en sont capables. Je ne les ai pas vus dans une vraie séance d’entraînement, je n’ai pas vu quel type de mise en place et je n’ai pas suivi quel genre de discours l’entraîneur leur a donné pour mieux en parler. Le secret du match est là. Qu’a t-on vraiment préparé ? Et ensuite on verra si on est capable de produire sur le terrain ce qu’on a préparé. Mais il faut commencer par avoir préparer quelque chose qui tienne la route.
Le Cameroun peut-il se qualifier pour le Mondial ?
Le Cameroun va tenter de se qualifier, va tout donner pour se qualifier, peut espérer se qualifier. Mais je ne peux pas dire à l’avance qu’il va se qualifier compte tenu de deux choses. La première c’est le match aller. La seconde c’est que, d’une part je n’ai pas vu cette équipe ces jours-ci, et d’autre part c’est que dans un passé récent nous n’avons pas vu une équipe du Cameroun qui soit totalement maîtresse de l’affaire. Les gens disent qu’on n’a pas confiance, et les gens croient que c’est le public qui n’a pas confiance. La confiance vient du terrain pour aller vers le public et le public la renvoie.
Un pronostic ?
Je ne peux pas donner de pronostic, mais j’ai un souhait : c’est que l’équipe du Cameroun se qualifie. C’est difficile de faire un pronostic. Il faudrait peut être attendre une quinzaine de minutes après le coup d’envoi de la partie pour voir comment ça se présente.
Entretien mené par Arthur Wandji au stade Omnisports