« … Qu’il ait attendu jusqu’à la 80ème minute pour faire des remplacements. Je me demande bien à quoi cela était dû ! Est-ce qu’il a peur de sortir un Njitap, un Mbami ou un Song parce que ce sont des joueurs de renom alors qu’on voyait tous bien que l’équipe était en train de s’enfoncer? Je lui ai posé la question, tout en lui disant que c’est le sentiment que partagent les Camerounais. Personne au Cameroun ne peut se réjouir de la présente situation de notre équipe nationale. »
Les résultats de notre équipe nationale de football de ces derniers temps en éliminatoires jumelées Can/Coupe du monde 2006 ne plaident pas en faveur de l’optimisme…
Nous sommes tous d’accord que les chances de qualification de notre équipe nationale à la prochaine Coupe du monde suscitent beaucoup d’inquiétudes. Nous avons pour cela tenu une réunion il y a quelques temps à Paris [jeudi 21 octobre 2004, Ndlr] avec l’entraîneur national [l’Allemand Winfried Schäfer, Ndlr], le président de la fédération et des responsables de la société Puma [équipémentier des Lions indomptables, Ndlr].
Au cours de cette réunion, nous avons fait part à l’entraîneur des Lions indomptables de nos inquiétudes sur l’avenir de notre équipe nationale. Inquiétudes que suscitent les résultats qu’elle enregistre ces temps derniers. Les explications que l’entraîneur nous a données ne nous ont pas convaincus dans la mesure où l’entraîneur national a parlé des problèmes d’indiscipline qu’il connaissait avec les joueurs. A cette réponse, nous lui avons dit que la discipline relevait d’abord de l’entraîneur et non des joueurs. Bref, à Paris, nous lui avons clairement signifié que nous n’étions pas contents de son travail. De retour au pays, le président de la fédération est allé rendre-compte au ministre [de la Jeunesse et des Sports, Minjes, Ndlr]. Nous pensons qu’avant la reprise de la compétition, au mois de mars 2005, cette situation, peut-être, va trouver une solution. Et que les principaux concernés vont se ressaisir.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette rencontre et, précisément, les problèmes que connaîtrait l’entraîneur ?
Je ne veux pas entrer dans les détails. Mais je peux dire que l’entretien de Paris avec l’entraîneur national a été très franc, ouvert. Nous lui avons dit exactement ce que nous pensions. Il a fait état des difficultés qu’il rencontrait. L’entraîneur des Lions indomptables a fait allusion, entre autres, au non paiement de son salaire. Il dit qu’il ne se sent pas trop aidé par son employeur. Il a, en outre, parlé du problème de sa résidence. Mais en dehors du fait que le non paiement de salaire peut déstabiliser tout être humain, je crois que cela ne devrait pas remettre fondamentalement l’aspect technique en cause. Je suis d’avis qu’ il faudrait néanmoins le prendre en considération. Peut-être qu’il a des choses qui le perturbent, je ne veux pas parler à sa place, mais le constat est là : les résultats sont mauvais. Nous sommes classés 3è de notre poule, à 4 points de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas bon.
Certains observateurs estiment que Schäfer affiche un « comportement désinvolte » vis-à-vis de la sélection nationale…
Le comportement de l’entraîneur des Lions indomptables est à la limite « je-m’en-foutiste « , dans la mesure où l’équipe, elle ramène un mauvais résultat, lui qui est le premier concerné, ne peut même pas venir voir son employeur pour lui faire ne serait-ce que le compte rendu de la situation. De mon point de vue, je constate que l’entraîneur n’a pas d’autorité sur les joueurs. Je le lui ai dit à Paris. Je n’ai pas pas compris que lors du match que nous perdons contre l’Égypte, l’entraîneur ait aligné une équipe dont plus de la moitié des joueurs étaient en méforme. Qu’il ait attendu jusqu’à la 80ème minute pour faire des remplacements. Je me demande bien à quoi cela était dû ! Est-ce qu’il a peur de sortir un Njitap, un Mbami ou un Song parce que ce sont des joueurs de renom alors qu’on voyait tous bien que l’équipe était en train de s’enfoncer? Je lui ai posé la question, tout en lui disant que c’est le sentiment que partagent les Camerounais. Personne au Cameroun ne peut se réjouir de la présente situation de notre équipe nationale. Nous comptons quatre participations consécutives en Coupe du monde. Que le Cameroun soit absent du prochain Mondial qui aura lieu en Allemagne… Dans ce pays, nous avons toujours su relever les défis. Rien n’est joué. Même si tout est indécis. Pour cela, je pense qu’il est nécessaire que quelque chose de fort soit fait pour relancer cette machine enrayée.
La fédération a-t-elle eu à rencontrer certains joueurs, notamment des « cadres », pour discuter avec eux ?
Non ! La position de la fédération est très délicate. Surtout en ce qui concerne les joueurs. Il y en a qui connaissent à peinele rôle de la fédé. Ils savent qu’ils sont dans une équipe nationale qui est gérée par l’Etat. Pour la plupart d’entre eux, c’est ainsi. Et je dois l’avouer, nous avons profil bas devant les joueurs. C’est d’ailleurs ainsi un peu partout : c’est celui qui donne l’argent qui est pris en considération. C’est pour dire que les joueurs savent que leurs primes, c’est l’Etat qui les paye. Ils nous disent bonjour par respect. Sans plus. Aujourd’hui, la fédé ne peut rien dire aux joueurs. Car quand on s’adresse à eux, ils attendent des décisions, des choses concrètes.
Propos recueillis par B.M.B., Mutations