Qu’est-ce qui peut bien expliquer le refus poli que les responsables de la Direction Administrative des équipes nationales opposent cyniquement à la demande de mission en Angleterre introduite par l’entraîneur Jean Paul Akono? Mission de trop ou exaspération jalouse non affirmée de le voir se balader aux quatre coins du monde pour des broutilles? Au Cameroun, on est capable de tout.
Le complexe au pays est courant et n’est plus une surprise: banaliser les compétences nationales et faire le bon vouloir des expatriés sont une gymnastique à laquelle nos responsables et nous-mêmes dans nos subconscients, sombrons facilement pour le simple plaisir des égoïsmes mal gérés. Dans la phase de reconstruction de notre football, la sincérité n’est pas la chose la mieux partagée. Akono Jean Paul, le pompier de service au lendemain de la déroute de Praia et toujours entraîneur national en attendant mieux dans les coulisses, n’a pas franchement les coudées franches.
Il est vrai qu’il y en a qui ne pense pas que pour la suite de la reconstruction de notre football, il est l’homme de la situation. Sa pige au chevet des Lions Indomptables, relevait du ponctuel et de la nécessité de voir un frère rectifier selon nos us et pratiques, les saletés que nous avons laissées prospérer dans la gestion de notre équipe nationale.
Peut-être trop rapidement, et après une sélection et une gestion décriée des joueurs sélectionnés contre le Cap Vert, le ministre l’a confirmé à son poste. Mais pas avec la sincérité et la confiance qui se doivent. Il ne dispose d’aucun contrat sérieux en main et doit se démener comme un beau diable pour faire passer son plan de travail et ses projets.
Depuis qu’il s’est donné pour mission de rallier le maximum de compétences à la relance de notre football, il a sans le vouloir, réactivé des réticences qui s’interrogent sur le bien fondé de sa démarche. Encore que pour ne pas le glorifier, certains de ses choix ont fortement prêté à polémiques.
Courir le monde et surtout seul avec les frais de mission que cela suppose pour tenter de rebâtir une équipe nationale digne de ce nom, ne semble pas être jalousie comprise, une vraie démarche constructive pour les hautes autorités sportives. L’appréciation par médias interposés et une certaine régularité de prestations par ouï-dire ont été de tous temps, le baromètre infaillible de la qualité des appelés en équipe nationale. Alors, vouloir à tout prix se déplacer partout pour rencontrer les uns et les autres, susceptibles de rejoindre un jour la tanière, s’assimile non à une nécessité, mais à un planning de touriste dont si on n’y prend garde, imposerait en ces heures dites de reconstruction, des randonnées encore plus lointaines pour des destinations exotiques que semblent priser nos jeunes talents.
Akono même si on ne veut pas l’avouer en hauts lieux, est suspecté de profiter de la situation pour s’offrir du voyage, du bon temps et du fric. Ce qui ne passe pas. Il aurait pour la circonstance déployé une équipe de prospecteurs composée des fonctionnaires du Minsep et autres structures de l’Etat, que ses demandes de mission passeraient comme lettre à la poste. Surtout si les frais de mission inhérents au dérangement étaient bien consistants.
Nous ne nous privons pas d’offrir des ponts d’or à des mercenaires pour du vent. Imaginer Jean Paul Akono avec des moyens consistants à la tête des Lions Indomptables est bien une pilule qui passe mal dans la tête des responsables en charge de la gestion de notre équipe nationale. Rendre sa tâche difficile et compliquer ses choix sont un moindre mal auquel on peut s’accommoder. Entraîneur, il doit se débrouiller. VRP et touriste, le soupçon est tenace. Dans les instances, on n’en veut pas. Pourquoi doit-il croire qu’il faille pour la réussite de son entreprise, voyager à tout prix pense-t-on? Pour nous, déplorons simplement cette attitude de défiance qui ne permet pas d’évoluer.