Aujourd’hui responsable des équipes militaires camerounaises, le sélectionneur de l’équipe camerounaise championne olympique en 2000 à Sydney évoque ses souvenirs de la compétition.
Quel souvenir gardez-vous de ce tournoi olympique, huit ans après ?
Vivace ! Comme si c’était hier… En 1984, pour sa première participation aux Jeux, le Cameroun avait été balayé d’entrée. Là, nous sommes allés au bout. Ce fut un grand moment, une émotion intense, comme on en connait peut-être une seule fois dans sa vie professionnelle. Mon meilleur souvenir de technicien sans aucun doute. Un peu comme si vous demandiez à Aimé Jacquet ses souvenirs de la Coupe du monde 1998. Je me souviens aussi de notre retour. En France, on avait été accueilli à l’Assemblée nationale, puis on avait joué ce fameux match amical au Stade de France… Inoubliable.
L’image la plus forte ?
Le quart de finale contre le Brésil. Notre premier but, le coup franc de Mboma, c’était un truc qu’on avait travaillé à l’entraînement. J’étais sûr que cela pourrait nous servir en match. La faute a été sifflée pile là où il fallait. Je lui ai crié : « Patrick, tire ! » Et il a envoyé cette fusée dans les buts. On a ensuite eu deux expulsions très sévères. Le Brésil revient au score à la dernière minute… A neuf contre onze en prolongation, plus personne ne nous donnait une chance. A l’époque en plus, il y avait le but en or. Et en face, des joueurs comme Ronaldinho et Alex, un entraîneur comme Luxemburgo… Et puis Mbami qui marque le second but et nous qualifie ! Le tournoi aurait pu s’arrêter là pour nous, on avait déjà fait quelque chose d’exceptionnel. Mais en fait, ce fut un déclic. C’est à ce moment-là qu’on a peut-être gagné le titre olympique. Mais il faut dire aussi qu’on était bien préparé. Les autorités de l’époque nous avaient placés dans les meilleures conditions, avec des stages en France, en Allemagne et en Angleterre. On était arrivé sur place confiants et déterminés.
Avez-vous gardé des contacts avec les joueurs ?
Pas trop, et je le déplore, même si je sais que le système et les mentalités sont ainsi faits. J’ai gardé une vraie admiration pour Lauren et Mboma, deux grands professionnels. Et j’ai longtemps eu de bons rapports avec Eto’o. Si vous me demandez si je serai à Pékin, je vous réponds non, on ne m’a pas encore fait signe. Je me rattraperai devant la télé.
Jean-François Pérès, Rfi