Il a été au devant de la scène pendant la coupe du monde junior pour une histoire de facture impayée par la délégation camerounaise au Venezuela alors que les Lionceaux préparaient la compétition. Il est de retour au pays et apporte sa version des faits dans cette affaire qui a défrayé la chronique au Cameroun et en dehors.
On a évoqué votre nom pour la première fois pendant la Coupe du Monde junior en Colombie. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Jean-Louis Alima Garcia. Je suis né à Yaoundé, au Cameroun il y a 28 ans. J’ai fait mon école primaire à Yaoundé puis je suis allé à Ngaoundéré. J’ai continué mes études entre les Etats-Unis et Bogota, chez mes tantes. Je suis allé ensuite faire mes études supérieures en France.
En ce moment vous justifiez de quel emploi ?
Je suis propriétaire d’une entreprise spécialisée en événements sportifs et bien d’autres activités connexes, Logis Company. Cela dure depuis 2009 et tout se passe bien pour le moment.
Comment cela s’est-il passé pour que le Cameroun vous confie l’organisation du stage de l’équipe nationale junior au Venezuela ?
J’étais un inconnu. J’ai fait une démarche personnelle, en me présentant spontanément aux responsables du sport, en expliquant ce que je pouvais faire pour mon pays. La Coupe du Monde junior devant se disputer dans l’un des deux pays que je connais et que j’aime bien, à savoir la Colombie. J’ai pensé que je pouvais être d’un grand apport à mon pays au Venezuela, le lieu choisi pour le stage, que je connais parfaitement. Dès le départ je devais servir de facilitateur en Colombie. Cela s’est fait en totale synergie avec le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football. On a eu plusieurs réunions avec les responsables du ministère des Sports et la Fécafoot. J’ai alors reçu un mandat de la Fécafoot le 17 mai 2011 pour organiser le stage de préparation de nos jeunes.
Comment s’est déroulée cette préparation ?
J’ai fait plusieurs aller et retour ici au pays, parce qu’il fallait se rassurer que les stades et la logistique étaient adéquats par rapport à ce qu’on recherchait. Le climat était important à ce niveau. Le stage s’est passé dans de très bonnes conditions. Les entraîneurs peuvent le témoigner. Nous avons fait d’abord une mission avancée avec les responsables de la Fécafoot et du ministère des Sports qui ont apprécié les installations. Et nous avons eu des facilités dans la logistique. Grâce à mon travail, la Fédération vénézuélienne de football a beaucoup appuyé nos actions. Par rapport à l’équipe du Cameroun, on a bénéficié des installations d’un standing élevé, et tout le monde était à notre disposition. Au niveau des prix, nous étions en dessous de ce qu’ont déboursé les autres équipes qui ont effectué leur préparation au Venezuela. Tenez : en 12 jours, l’Egypte a payé 178 000 euros. L’Arabie Saoudite a dépensé environ 140 000 euros. En 14 jours, le Cameroun ne devait payer que 70 000 euros.
Donc, c’est vous qui avez choisi le Venezuela ?
Non. C’est la fédération, le ministère des Sports et l’entraîneur national qui ont pris la décision de choisir le Venezuela. Je sais que le Brésil était aussi proposé. Mais, du fait qu’il est très loin de la Colombie, le choix a été porté sur le Venezuela qui présente les mêmes caractéristiques climatiques que la Colombie.
Comment est-il alors advenu que vous soyez détenu au Venezuela ?
Il y a eu un malentendu au niveau administratif. Il y a eu des factures impayées au moment où l’équipe devait rejoindre le site de la compétition. Il fallait bien que quelqu’un se porte garant pour que l’équipe ne soit pas retenue au Venezuela. Il ne fallait pas laisser que le pays subisse une telle humiliation pour une modeste facture de 28 000 euros. C’est connu que l’administration au Cameroun, en matière de décaissement des fonds, est lourde. De commun accord avec le ministre des Sports, j’ai décidé de rester, compte tenu des enjeux sportifs. Je me suis porté garant auprès de la Fédération vénézuélienne, en attendant que le payement soit fait.
Quelles ont été vos conditions de détention ?
Lorsque le payement de la facture n’a pas été fait dans les délais convenus, mon passeport a été retiré et j’ai même fait une garde à vue de 24h, avant d’être libéré. Mais, je ne pouvais pas bouger parce que mon passeport était toujours retenu.
Votre présence au Cameroun signifie-t-elle que cette facture a été réglée ?
Non. Il y a un problème de change. Le bolivar, la monnaie vénézuélienne, est très forte. On ne pouvait pas faire un envoi par virement, parce que le taux de change et le différentiel allaient être lourd. Et il fallait ajouter encore beaucoup d’argent. De commun accord avec la Fédération vénézuélienne de football, on a décidé que je vienne au Cameroun.
Et quelle est la suite ?
Sur instruction de monsieur le ministre des Sports, vendredi dernier, j’ai eu une séance de travail avec les responsables du ministère de Sports qui ont procédé aux vérifications de tous les documents. Il en est ressorti que c’est un manque de communication entre les différents maillons intervenants dans le suivi de ce stage de l’équipe nationale junior qui a causé ce tort. C’est ici le lieu pour moi de dire toute ma gratitude à l’endroit de monsieur le ministre des Sports, qui a tenu à ce que ce problème soit résolu dès que je suis arrivé au Cameroun.
Vous êtes accusé d’avoir fait des surfacturations ?
Quand je suis arrivé en France, on m’a accusé d’avoir dérobé 500 millions de nos francs cfa. Mon image a pris un sérieux coup. Je suis surpris par l’amateurisme de mes frères Camerounais. Sans preuves, on ne peut pas se mettre à accuser quelqu’un. Je suis tranquille dans ma conscience, par rapport à tout ce qui s’est dit de moi. C’est pourquoi, je ne suis pas monté sur les antennes me défendre. On se défend quand on est fautif. Si j’avais commis des gaffes dans ce travail que j’ai fait, je ne serais pas revenu me présenter au Cameroun et que le ministre me mette en séance de travail avec ses collaborateurs sur le dossier. Je suis plutôt satisfait d’avoir donné la possibilité à notre équipe de passer l’un des meilleurs stages dont beaucoup d’équipes n’ont pas la possibilité de faire. J’ai été seulement un peu choqué du fait que des gens ont parlé de ma mère.
Est-ce que l’argent du Venezuela a été finalement payé ?
Il a été débloqué, mais on n’a pas encore fait le nécessaire. Ce qui ne saurait, je crois, tarder. L’essentiel est qu’on a déjà éclaircit certaines choses. Cette affaire prenait déjà une autre ampleur. On m’a même accusé d’avoir fait échouer le match du Cameroun contre le Salvador.
Avez-vous d’autres projets pour le Cameroun ?
Je continue dans mon élan. Je veux travailler pour mon pays et je vais le faire. Beaucoup de critiques viennent de la diaspora camerounaise. Beaucoup de personnes là-bas sont forts pour critiquer, mais ne font rien pour le pays. Beaucoup de choses ont changé au Cameroun. Je suis venu et j’ai travaillé pour le Cameroun et j’en suis fier.
Paraît-il, vous avez beaucoup de contacts au Venezuela dans le sens d’apporter quelque chose au Cameroun ?
Effectivement, on a commencé à travailler avec monsieur le ministre des Sports du Cameroun et celui du Venezuela. Il y a de très grands projets, comme celui de la construction des stades subventionnés par le Venezuela. Il en a les moyens. Nous travaillons énormément dessus en ce moment. On a d’autres bons projets sportifs avec le Venezuela, tel un match des Lions Indomptables qui en étude. On verra bien. Je préfère ne pas trop en parler. Je préfère être jugé sur le travail.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé