Le journaliste et ancien directeur de campagne de Samuel Eto’o, décrypte les raisons de l’ingérence du ministre des sports dans le dossier André Onana.
Le ministre des sports a récemment saisi le président de l’Inter Milan pour une mise à disposition d’André Onana en vue d’un éventuel retour en sélection. Pourquoi le ministre et pas la Fécafoot ? Qu’est-ce qui explique cela ?
Il y a au moins une maladresse dans la démarche du ministre des Sports. Je ne vois pas pourquoi il écrit à l’Inter. Ce n’est pas ce club qui empêche André Onana de venir jouer en sélection nationale. C’est le joueur lui-même qui a annoncé sa retraite. Donc, s’il y a quelqu’un à convaincre, c’est bien le joueur et non le club qui a mieux à faire que gérer les problèmes du Cameroun. La preuve, le responsable de la communication de l’Inter, sollicité par un journaliste italien a dit qu’il n’était pas au courant de cette lettre.
Sur le principe aussi, ce n’est pas au ministre des Sports de faire revenir André Onana. C’est le rôle de la Fédération. Mais, quand on voit l’amateurisme avec laquelle le dossier André Onana a été traité par la Fécafoot, on peut comprendre que le gouvernement, à travers son Minsep décide de prendre les devants pour ramener le joueur. Les dirigeants de la Fécafoot, par leur incompétence notoire dans ce dossier, sont responsables de ce qui dans un environnement normal aurait été considéré comme une ingérence.
Est-ce que cette démarche ne devrait pas crisper les relations entre le Minsep, le sélectionneur et le président de la Fécafoot ?
Il faut espérer qu’il y ait eu au moins une concertation en coulisse entre l’exécutif de la Fécafoot et le Minsep avant que celui-ci ne prenne l’initiative d’aller chercher André Onana. Sinon, connaissant l’énorme ego des gens de la Fécafoot, il faut s’attendre à une atmosphère complètement délétère au cas où Onana revenait en sélection par le truchement du ministre. Pour l’intérêt du joueur, l’intérêt des Lions et aussi pour éviter que personne ne se sente humilié, il faut de la concertation avant de poser chaque acte.
Il ne faut pas oublier que malgré les apparences, Mouelle Kombi n’a jamais oublié les humiliations que Eto’o lui a infligé depuis qu’il est arrivé à la tête de la Fécafoot. Ses génuflexions feintes, ses petites reptations théatrales devant le ministre ne le trompent pas. Il a rongé son frein pendant longtemps et attend le bon moment pour se venger. Est-ce l’heure avec le cas Onana ? Difficile de le dire. Mais il faut sérieusement le craindre.
Le politique a souvent manœuvré pour le retour de certains retraités comme Milla avant le Mondial 90, et Eto’o pour le Mondial 2014. Pourquoi le cas André Onana gêne-t-il autant les supporters du président de la Fécafoot ?
Pour le cas Milla, il faut dire que le président de la République avait eu la main heureuse. On connaît ce que Milla a fait pour le Cameroun à cette Coupe du Monde. C’est historique. Mais depuis lors, plus rien. Onana est un excellent gardien, il est jeune et il doit jouer pour son pays. Il faut simplement que son retour ne soit pas une épreuve de force. Il serait le perdant. Personne ne peut bien jouer dans un environnement hostile. Le Minsep et la Fécafoot doivent travailler main dans la main pour son retour en équipe nationale.