On croyait rentrer dans la décennie 90 avec le Soviétique Valery Nepomniachi, qui avait besoin d’un interprète. L’Espagnol Javier Clemente a déjoué tous les pronostics en s’exprimant en Français. Quelques minutes après avoir foulé le sol camerounais, le nouvel entraîneur des Lions indomptables a eu son premier contact avec la presse nationale et internationale.
La salle était comble. C’est tout le gotha de la presse nationale et internationale qui a répondu à l’invitation de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Des média audiovisuels aux cyber-journalistes, en passant par la presse écrite. L’arrivée de Javier Clemente en Afrique, au Cameroun, a été une cérémonie sobre. Son accueil aussi bien à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen, qu’à l’hôtel où il va passer sa première nuit, était loin d’atteindre le niveau des festivités organisées en juin 2009, pour la réception du Français Paul Marie Le Guen. Sans doute, les responsables du football camerounais ont retenu la leçon et ne veulent plus commettre les mêmes erreurs.
Aux côtés de François Omam Biyik, l’entraîneur adjoint N°1, le technicien basque n’a pas eu la tâche facile face aux journalistes qui l’ont mitraillé de questions ce vendredi 27 août 2010, à Yaoundé. Javier Clemente a préféré jouer la carte de la prudence. Son contrat qu’il paraphe ce samedi 28 août lui confie comme chantier majeur la Coupe d’Afrique des nations 2012 au Gabon et en Guinée Équatoriale. Le technicien basque sera-t-il capable de gagner cette Can ? A cette question d’un confrère, le nouveau coach des Lions indomptables réplique, sans équivoque: «Je ne suis pas Dieu». Belle excuse, dira quelqu’un. Avec donc à tous ceux qui croient qu’il fera des miracles. Selon ses explications, la Can est un challenge qui interpelle aussi bien l’entraîneur que les joueurs et la Fédération, etc. A chacun d’apporter sa pierre pour l’édification d’une équipe nationale forte, disciplinée et conquérante.
L’assistance veut savoir un peu plus sur ses rapports dont on dit tumultueux avec le capitaine de l’équipe nationale du Cameroun. C’est l’occasion ou jamais, pour Javier Clemente, de donner sa version des faits. «Je n’ai jamais eu de problème avec Samuel Eto’o. Un tel incident que vous évoquez ne pouvait pas arriver puisque je n’ai jamais été son entraîneur en club. Eto’o a passé plusieurs années en Espagne, au Réal Madrid, à Majorque, à Barcelone. Pendant ce temps, j’entraînais d’autres clubs, ou l’équipe nationale d’Espagne».
Javier Clemente soigne ensuite son image en déclarant: «Samuel Eto’o est le plus grand joueur du monde». Raison pour laquelle l’attaquant d’Inter Milan va conserver son brassard de capitaine de l’équipe nationale. Nicolas Nkoulou et Enoh Eyong ont été nommés vices capitaines cette semaine. Le coach Espagnol a expliqué que «Samuel Eto’o restera le capitaine à cause de sa personnalité et son expérience. Eto’o qui jouit d’une très grande renommée dans le monde est l’interlocuteur idéal. Il sera écouté par les arbitres».
Autre question évoquée au cours de la Conférence de presse: le climat tendu en sélection. Javier Clemente prend en main une équipe nationale en panne de résultats, sans véritable âme. Un Mondial 2010 raté a accentué les tensions entre plusieurs cadres. Mais, l’entraîneur du Cameroun répond une fois de plus avec assurance : «Je connais la situation. J’ai entendu parler des problèmes qu’il y a eu pendant la Coupe du monde». Les journalistes ont voulu savoir si Javier Clemente est prêt à rappeler les «exclus» de la sélection nationale ? «Je vais parler avec Omam Biyik et Songo’o et discuté avec la Fédération. Je compte également aller rencontrer Kameni à Barcelone, et je me rendrai à Londres pour voir Alexandre Song».
Javier Clemente se montre à son aise au Cameroun, malgré l’agressivité de certains journalistes présents dans la salle. Leurs dérapages verbaux ont plutôt amusé les entraîneurs très détendus. François Omam Biyik a été interpellé sur le cas de certains joueurs, en l’occurrence Jean Armel Kana Biyik. L’international Espoir français ne serait pas prêt à jouer pour le Cameroun. Son oncle qui assume désormais les fonctions d’entraîneur adjoint du Cameroun, affirme qu’il revient au joueur de manifester sa volonté de jouer pour les Lions indomptables. Ce qu’il ne ressent pas encore chez son neveu.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé