Rencontré à la clinique Fouda à Yaoundé ce jeudi, l’entraîneur des Lions Indomptables a bien voulu nous accorder quelques minutes. Nous avons échangé sur l’évolution de son état de santé, le rôle des autorités dans sa prise en charge, sa succession à la tête des Lions, la non signature de son contrat et de l’actualité à la Fécafoot.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui?
Relativement bien dans la mesure où, ça fait cinq jours que je suis dans cette clinique pour me reposer. Je bénéficie des structures de la kinésie thérapeute. Comme tout le monde le sait, j’ai été victime d’un léger Avc (Accident vasculaire cérébrale), chez moi, alors que je visionnais un match de football. Je vais de mieux en mieux.
Le ministre a déclaré que loin de l’actualité d’un entraineur, c’est votre état de santé qui l’opprime. Comment se déroule votre prise en charge?
Il (le ministre) est venu me rendre visite à la maison. Je n’étais pas encore interné. Il croyait que j’étais couché, mais c’est moi qui l’ai accueilli. On a discuté un peu. Puis, il est reparti et moi je suis venu ici à l’hôpital faire une échographie cardiaque. Donc, on a trouvé qu’il n’y a rien de grave. Les médecins ont trouvés que mon cœur battait à merveille. Quand on dit qu’on me prend en charge, c’est bien beau. Je me suis débrouillé par mes propres moyens. C’est bien beau de s’occuper de ma santé. Mais si c’est ainsi qu’on s’occupe de la santé de quelqu’un, je crois qu’on aurait pu dire autres choses.
Mais concrètement, qui finance vos soins?
Je sais que je suis ici par le touchement du Mindef (Ministère de la défense). Je suis suivi par un médecin colonel et je crois que c’est éventuellement lui, qui va s’occuper de ma prise en charge durant mon séjour ici. Les résultats sont très probants. Je marche bien. Je ne me couche que pour me reposer.
Aucune contribution du ministère des Sports?
Ils ont payé le billet d’avion du médecin. Moi, j’ai voyagé par l’ambulance militaire. Ils n’ont rien eu à payer. J’ai dû payer moi-même certains médicaments. J’ai les factures.
Et la Fécafoot…
Rien. Aucune personne n’est venue me rendre visite.
Comment avez-vous accueillir la nouvelle de votre remplacement à la tête de la sélection nationale?
Je suis un entraîneur en poste. J’ai été handicapé par une petite maladie, qui pour certains peut être, ne pouvait pas nécessiter mon déplacement. Alors que j’étais apte à partit à Kiev. Je crois qu’on aurait pu confier l’équipe à mon adjoint. On n’était pas obligé d’aller chercher un entraîneur. Sinon que cet entraîneur était programmé depuis longtemps. Je sais de quoi je parle. Quand on était en Afrique du Sud, le Boss de Puma est venu au Cameroun. C’est à partir de cela que cette histoire d’entraîneur a germé. Mais je pense qu’administrativement, c’est mal fait. On aurait dû rendre une décision publique.
Maintenant qu’on évoque votre succession sur le banc des Lions, que va devenir votre adjoint?
Il demeure mon adjoint. Puisque je demeure jusqu’à preuve de contraire, entraîneur des Lions Indomptables. Dire de bouche qu’on m’a trouvé un successeur, n’engage que ceux qui le disent. Ce n’est pas l’entraîneur du Cameroun. J’ai la décision qui fait de moi l’entraîneur national. Je doute que l’autre puisse en avoir une.
Il parait que, peu avant la publication de votre liste, le ministre vous aurait instruit de ne prendre d’engagement sans le consulter. Ce dernier serait fâché de ce que vous lui aurez désobéit…
Il ne me l’a jamais dit. Et pourquoi je ne prendrai pas d’engagement? Je n’avais pas été suspendu à ce que je sache. Je lui avais bien demandé si nous ne devons plus rien faire à l’équipe nationale? Il m’avait dit que je suis l’entraîneur, et je dois continuer à travailler. J’ai rendu la liste publique parce que les 14 jours imposés par le Fifa, arrivaient déjà à terme. Il ne fallait pas qu’on dise que c’était de ma faute.
Pourquoi Jean Paul Akono n’a pas pu signer de contrat chez les Lions?
Cela ne dépend pas de moi. Si ce n’était que moi, je l’aurais signé au lendemain du match contre le Cap-Vert. Avant cette rencontre, j’avais trouvé le moment inopportun. On n’en a jamais discuté. On m’a demandé mes prétentions salariales et financières, je l’ai fait. Et c’est allé à qui de droit. Je tiens à dire qu’au cours d’une dernière réunion, le ministre des Sports avait dit que le contrat que nous allons discuter avec ses services techniques sera calqué sur celui de Lavagne. On ne nous a jamais appelés pour discuter de cette question.
Et comment vous vivez? Percevez-vous une quelconque somme?
Rien du tout. Je vis avec l’argent de ma retraite. Je vis également avec mon salaire de directeur technique adjoint. Parce que la signature d’un contrat mettait fin à mes fonctions de directeur technique adjoint.
Est-ce que vous êtes prêt aujourd’hui à défendre vos droits?
Tout dépendra de ce qu’on aura comme suite de cet évènement. Une chose est certaine, je serai payé.
Pensez-vous qu’il y aurait un complot contre vous?
Avec tout ce que je viens de vous dire, je crois qu’on peut arriver à la déduction qu’il y a un complot contre moi. C’est aux décideurs de dire exactement ce qu’il se passe. Ce sont eux qui ont initié ce cafouillage. Si on faisait un référendum aujourd’hui, je crois que des gens démissionneraient. J’ai réussi à faire un travail que les Camerounais ont apprécié. C’est un travail qu’il fallait consolider.
Vous qui suivez l’actualité, quel regard jetez-vous sur la crise qui secoue actuellement la Fécafoot?
Ce qui se passe à la Fécafoot ne me regarde pas du tout. Mais si on était beaucoup plus intelligent et responsable à la Fécafoot, certaines personnes auraient déjà abandonné. Vous ne pouvez pas avoir tout un peuple contre vous et vous tenter de vous maintenir à cette place. Pour notre football et notre pays, je jetterai l’éponge si j’étais à leur place.
Jean Paul Akono a-t-il un dernier mot?
Je me porte très bien. Je raccompagne tous mes visiteurs au seuil de ma porte. Je reçois beaucoup de monde. Il y en a qui me viennent en aide, me soutiennent et m’apportent leur sympathie, des prières. C’est une marque d’affection indélébile. Je dis merci à tout le monde.
Par Arthur Wandji à Yaoundé