Contre toute attente, les Lionnes indomptables vont disputer le dernier round qualificatif aux Jeux Olympiques de Rio 2016. On les avait enterrées un peu trop vite. On les disait battues d’avance, condamnées qu’elles semblaient à une élimination littéralement programmée par les difficiles conditions de la préparation du match retour contre l’équipe du Ghana.
Quand on sait que pendant un bon bout, les filles ont utilisé des moyens de bord pour se loger, se transporter et se désaltérer, on ne peut que saluer leur courage digne de vraies guerrières.
Tenues en échec à l’aller sur leurs installations, les Lionnes sont allées chercher au fond de leurs tripes les ressources physiques et mentales nécessaires pour déjouer tous les pronostics. . En contraignant au nul (2-2) les Black Queens, les reines de la forêt ont arraché de haute lutte leur ticket pour le dernier tour qualificatif. Pour les Ghanéennes, la déconvenue est d’autant plus cruelle quelles semblaient très confiantes après leur prestation à Yaoundé, estimant que la qualification était déjà en poche, d’autant plus que la loi du domicile leur était favorable. C’était oublier que les lionnes ne sont jamais aussi dangereuses que lorsqu’elles sont blessées. Elles l’on prouvé de la plus belle manière, en recollant au score à deux reprises.
Dans ce match-couperet où tout mauvais résultat était synonyme d’élimination, les Lionnes ont prouvé qu’elles restaient indomptables en dépit de tous les obstacles dressés au travers de leur route, qu’elles avaient désormais les capacités physique et mentale pour faire face à l’adversité, indépendamment de l’environnement immédiat.
Selon des nombreuses sources, l’ambiance à Accra était à la limite de l’hostilité. Il fallait d’ailleurs s’y attendre compte tenu de l’enjeu d’une rencontre décisive. La performance des Camerounaises est d’autant plus remarquable que la sélection semblait amoindrie par l’absence de piliers comme Gaëlle Enganamout et Aboudi Onguené, retenues en club. C’est tout le mérite du coach Enow Ngachu d’avoir redéployé le dispositif tactique avec un milieu plus densifié avec l’arrivée de Raissa Feudjio, absente au match aller et le repositionnement de Meffemetou à l’attaque.
La bonne surprise est venue du fait que la relative porosité de la défense est allée de pair avec une attaque plus percutante, avec deux buts marqués sur terrain adverse. C’est d’ailleurs cette générosité offensive qui a permis la qualification grâce au nombre de buts marqués à l’extérieur. Le jeu de parité arraché tant au match aller qu’au retour dénote un équilibre parfait dans les principaux compartiments ainsi qu’une maturité tactique qu’il convient toutefois de parfaire pour éviter de s’effondrer si proche du but.
C’est tout le mérite des Lionnes d’avoir pu surmonter l’adversité pour vaincre l’obstacle ghanéen et se projeter vers l’avant. Elles l’ont fait en comptant sur leurs qualités intrinsèques, faites d’engagement, de détermination et surtout de cette envie irrépressible de tourner en ridicule tous ceux qui se sont donnés pour mission de leur compliquer la tâche, en leur prouvant au passage qu’elles ont désormais une réputation et un leadership à défendre sur l’échiquier du football féminin en Afrique, voire dans le monde.
Avec le recul, on se rend compte en effet que leur présence en 8ème de finale de la Coupe du monde 2015 au Canada n’était pas du tout usurpée. Maintenant qu’elles sont si proches de l’objectif final, il ne faut pas se relâcher en se disant que le plus dur est passé. L’ultime match contre la Côte d’Ivoire s’annonce comme celui de tous les dangers pour des Lionnes qui pourraient être guettées par le piège de la suffisance. Le Ghana étant déjà écarté, il faudra absolument transformer l’essai face aux Ivoiriennes.
Jean-Marie Nzekoue